Beschreibung:

Portrait de Maurice Utrillo 1919 Crayon noir 42,5 x 25, 5 cm Signé et daté «le 5 Sept 1919» en bas à gauche Doublé; deux déchirures dans le bas dûes à la pression trop forte de la main de l'artiste, la pointe incisive du crayon ayant transpercé le papier fin Provenance: ancienne collection du peintre Abdul Wahab; cédé après son décès en 1962 par sa femme à Fernand de Nobèle Bibliographie: Jean Cocteau «Modigliani, quinze dessins et aquarelles», Paris, 1959, ed. Léda, repr. en fac-similé planche 8 J.LantDemann, «Modigliani, Cataloque raisonné» Barcelone,1970, ed. graficas Condal, n.1032 (partie «dessins et aquarelles destinés à des peintures _ 1914-1920), repr. p.387 Jean Fabris, «Utrillo, sa vie, son oeuvre», ed. Galerie Pétridès, 1992, reproduit (comme daté du 6 septembre 1919) p.97 Cingria rapporte dans ses «Portraits» (édition L'Age d'Homme, 1994) les circonstances dans lesquelles, selon son souvenir, ce portrait fut dessiné: «Un jour, Utrillo entra en trombe. Il s'était sauvé. C'était toujours chez Rosalie (ce petit restaurant où on mangeait du poisson). Rosalie avait acheté une palette et des couleurs. Jamais on n'a pu empêcher Utrillo de peindre. Aussitôt il se mit à l'oeuvre. Il n'y avait que le mur: il peignit le mur.» (...) «J'étais très étonné de ce visage. Il était entré comme une espèce d'heureux dieu jaune à barbe, d'époque alexandrine. Il parlait avec éclat, sans crier, grassement et métalliquement.Modigliani fit son portrait et Utrillo fit celui de Modigliani.C'est Abddul Wahab qui a ces précieuses images.» On imagine le trait trop appuyé (qui transperça le papier) dû aux transports du petit vin de Rosalie, mais il semble que la mémoire de Cingria lui ait fait défaut, car le dessin est daté de 1919 quand cet épisode remonte à 1917. Utrillo, après sept mois d'internement à Aulnay-sous-Bois, débarque chez Modigliani. S'ensuivent trois jours de beuverie ininterrompue pendant lesquels les deux peintres ne dessoûlent pas et s'amusent à peindre un mur chez Rosalie, le restaurant favori de Modigliani rue Campagne Première. Modigliani admirait le peintre Utrillo, qui était son compagnon de cuite favori. En 1919, Utrillo est en internement volontaire à Picpus. Léopold Zborowski paye sa pension mensuelle et lui rend visite, ainsi que Lunia Czechowska et Modigliani. Modigliani, rentré de Nice, retrouve Utrillo pour leurs virées nocturnes lors des permissions de sortie de ce dernier. Utrillo sort le 27 septembre avant d'être réinterné le 10 octobre par Utter. Lunia Czechowska, une jeune polonaise qui vivait chez les Zborowski et gardait la petite fille de Modigliani se rappelle dans ses souvenirs (publiés dans A.Ceroni, «Amedeo Modigliani Peintre», Milan, 1958, ed. del Milione) de leurs libations: «On les entendait arriver tard dans la nuit, tous les deux cuits par le vin, chantonnant et rigolant au coin de la rue. Amedeo restait en bas dans la rue pendant des heures, et ça me faisait mal au coeur de le voir si malheureux