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Auction archive: Lot number 84

Baudelaire, Charles

Estimate
€30,000 - €40,000
ca. US$39,566 - US$52,755
Price realised:
€79,500
ca. US$104,850
Auction archive: Lot number 84

Baudelaire, Charles

Estimate
€30,000 - €40,000
ca. US$39,566 - US$52,755
Price realised:
€79,500
ca. US$104,850
Beschreibung:

Baudelaire, Charles LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À MME [PAUL MEURICE]. VENDREDI 3 FÉVRIER 1865. 9 PAGES IN-8 (209 X 135 MM) SUR 2 DOUBLES FF. ET 1 F. SIMPLE, VÉLIN MINCE AU TIMBRE SEC DE BATH. lettre admirable d’exaspération, d’incompréhension et de solitude. " (...) il y a dans ce détestable climat, je ne sais quelle atmosphère qui non seulement abêtit l’esprit, mais aussi endurcit le coeur, et nous pousse à oublier tous nos devoirs.” Mme Eléonore-Palmyre Meurice (1819-1874), dont le mari écrivain tourne dans l’orbite hugolienne, est une des grandes figures féminines de la fin de la vie de Baudelaire, une tendre amie avec qui le poète se sentait en veine de confidences : “(...) j’étais si honteux de vous avoir écrit de grosses folies, presque sans plus de gêne qu’à un camarade, (...) vous avez décidément les plus belles qualités du Monde.” “(...) De la grâce, du sérieux, une vie intérieure, le sens de l’indépendance et de la dignité” écrivait A. Kies en présentant son extraordinaire découverte et méditant son portrait de jeune mariée par Ingres (Maison V. Hugo). Fille du peintre Granger, elle est une pianiste accomplie dont l’interprétation wagnérienne atténuera la convalescence du poète hémiplégique. Leurs lettres nous les révèlent intimement, la solitude de l’une quoique entourée d’artistes dont Bracquemond, Fantin et Manet qu’elle défend ardemment, et la souffrance du poète qui a pris, après la France, la Belgique en détestation. Mme Meurice n’en pensait pas moins : “Quel fil vous tient donc par l’aile attaché à cette stupide cage belge ? (...) Plantez là les Belges, tous filous pour lesquels j’ai un tel mépris et tant de haine qu’aucune considération fût-elle consciencieusement honnête, ne me ferait rester 24 heures chez eux.” (référ. infrap. 262 et 264). C’est à cette lettre que le poète répond ici avec retard, en expliquant pourquoi il y reste. “(...) cette Belgique si haïssable m’a déjà rendu un grand service. Elle m’a appris à me passer de tout (...) J’ai toujours aimé le plaisir, (...) A Paris, il y a les soupers d’amis, les musées, la musique et les filles. Ici, il n’y a rien. De gourmandise, il ne peut pas en être question. Vous savez qu’il n’y a pas de cuisine belge, et que ces gens là ne savent pas faire cuire les oeufs ni griller la viande. Le vin ne se boit [biffé] laisse boire que comme chose rare, précieuse, merveilleuse et occasionnelle. Je crois, Dieu me damne ! que ces animaux là le boivent par vanité, pour avoir l’air de s’y connaître. Quant au vin frais, à bon marché, qu’on boit à plein verre, quand on a soif, - chose inconnue.- De galanterie, il y en a encore moins. La vue d’un femme belge me donne une vague envie de m’évanouir. Le Dieu Eros, lui-même, s’il voulait glacer immédiatement tous ses feux, n’aurait qu’à contempler le visage d’une Belge. /Ajoutez que la grossièreté des femmes, égale à celle des hommes, détruirait leur charme, si les malheureuses pouvaient en avoir un quelconque. (...) j’ai demandé mon chemin à deux jeunes filles, qui m’ont répondu : Gott for damn ! (ou domn ! [)] - (j’écris mal cela ; jamais un Belge n’a pu même me dire comment on devait orthographier le juron national ; mais cela équivaut à Sacré nom de Dieu !) (...) volontiers j’inviterais tous les voluptueux à venir [biffé] habiter la Belgique. Rapidement ils seraient guéris, et en peu de mois, le dégoût leur referait une virginité. (...) La vue de tous ces quadrumanes athées a fortement confirmé mes idées de religion. Je n’ai même pas de bien [biffé] bonnes choses à dire des catholiques. Les libéraux sont des athées, les catholiques sont des superstitieux, tout aussi grossiers, et les deux partis sont dominés par une égale hypocrisie.” Suivent des anecdotes dont celle de Baudelaire à la messe de Noël et sa visite à la collection Jules Van Praet “un ministre qui possède une coûteuse collection de tableaux” avec Arthur Stevens, et de rapporter une réflexion typiquement belge : “(...) " Il me semble, du reste, que, depuis quelque

Auction archive: Lot number 84
Auction:
Datum:
19 Jun 2013
Auction house:
Sotheby's
Paris
Beschreibung:

Baudelaire, Charles LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À MME [PAUL MEURICE]. VENDREDI 3 FÉVRIER 1865. 9 PAGES IN-8 (209 X 135 MM) SUR 2 DOUBLES FF. ET 1 F. SIMPLE, VÉLIN MINCE AU TIMBRE SEC DE BATH. lettre admirable d’exaspération, d’incompréhension et de solitude. " (...) il y a dans ce détestable climat, je ne sais quelle atmosphère qui non seulement abêtit l’esprit, mais aussi endurcit le coeur, et nous pousse à oublier tous nos devoirs.” Mme Eléonore-Palmyre Meurice (1819-1874), dont le mari écrivain tourne dans l’orbite hugolienne, est une des grandes figures féminines de la fin de la vie de Baudelaire, une tendre amie avec qui le poète se sentait en veine de confidences : “(...) j’étais si honteux de vous avoir écrit de grosses folies, presque sans plus de gêne qu’à un camarade, (...) vous avez décidément les plus belles qualités du Monde.” “(...) De la grâce, du sérieux, une vie intérieure, le sens de l’indépendance et de la dignité” écrivait A. Kies en présentant son extraordinaire découverte et méditant son portrait de jeune mariée par Ingres (Maison V. Hugo). Fille du peintre Granger, elle est une pianiste accomplie dont l’interprétation wagnérienne atténuera la convalescence du poète hémiplégique. Leurs lettres nous les révèlent intimement, la solitude de l’une quoique entourée d’artistes dont Bracquemond, Fantin et Manet qu’elle défend ardemment, et la souffrance du poète qui a pris, après la France, la Belgique en détestation. Mme Meurice n’en pensait pas moins : “Quel fil vous tient donc par l’aile attaché à cette stupide cage belge ? (...) Plantez là les Belges, tous filous pour lesquels j’ai un tel mépris et tant de haine qu’aucune considération fût-elle consciencieusement honnête, ne me ferait rester 24 heures chez eux.” (référ. infrap. 262 et 264). C’est à cette lettre que le poète répond ici avec retard, en expliquant pourquoi il y reste. “(...) cette Belgique si haïssable m’a déjà rendu un grand service. Elle m’a appris à me passer de tout (...) J’ai toujours aimé le plaisir, (...) A Paris, il y a les soupers d’amis, les musées, la musique et les filles. Ici, il n’y a rien. De gourmandise, il ne peut pas en être question. Vous savez qu’il n’y a pas de cuisine belge, et que ces gens là ne savent pas faire cuire les oeufs ni griller la viande. Le vin ne se boit [biffé] laisse boire que comme chose rare, précieuse, merveilleuse et occasionnelle. Je crois, Dieu me damne ! que ces animaux là le boivent par vanité, pour avoir l’air de s’y connaître. Quant au vin frais, à bon marché, qu’on boit à plein verre, quand on a soif, - chose inconnue.- De galanterie, il y en a encore moins. La vue d’un femme belge me donne une vague envie de m’évanouir. Le Dieu Eros, lui-même, s’il voulait glacer immédiatement tous ses feux, n’aurait qu’à contempler le visage d’une Belge. /Ajoutez que la grossièreté des femmes, égale à celle des hommes, détruirait leur charme, si les malheureuses pouvaient en avoir un quelconque. (...) j’ai demandé mon chemin à deux jeunes filles, qui m’ont répondu : Gott for damn ! (ou domn ! [)] - (j’écris mal cela ; jamais un Belge n’a pu même me dire comment on devait orthographier le juron national ; mais cela équivaut à Sacré nom de Dieu !) (...) volontiers j’inviterais tous les voluptueux à venir [biffé] habiter la Belgique. Rapidement ils seraient guéris, et en peu de mois, le dégoût leur referait une virginité. (...) La vue de tous ces quadrumanes athées a fortement confirmé mes idées de religion. Je n’ai même pas de bien [biffé] bonnes choses à dire des catholiques. Les libéraux sont des athées, les catholiques sont des superstitieux, tout aussi grossiers, et les deux partis sont dominés par une égale hypocrisie.” Suivent des anecdotes dont celle de Baudelaire à la messe de Noël et sa visite à la collection Jules Van Praet “un ministre qui possède une coûteuse collection de tableaux” avec Arthur Stevens, et de rapporter une réflexion typiquement belge : “(...) " Il me semble, du reste, que, depuis quelque

Auction archive: Lot number 84
Auction:
Datum:
19 Jun 2013
Auction house:
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