L.A.S., Paris 12 janvier 1833, à Félicité de Lamennais; 3 pages in-8, adresse. Très belle lettre sur son métier de critique, et sur lart et la religion.{CR}Il a eu de ses nouvelles par Lacordaire... «Je continue, moi, en cette ville de bruit et dactivité dévorante mon existence assez vigilante de spectateur, de témoin qui prend des notes, mon métier en un mot de critique et de raisonneur. Cela devient décidément ma vocation courante, celle dont je vis matériellement et qui doit, à la longue, si elle ne la déjà fait, imprimer une tournure inévitable à mon esprit. Jaurais préféré, certes, la vie de lArt, en rattachant lart à une philosophie religieuse de plus en plus inspiratrice, en fesant, autant que possible, de la Poésie un acte de foi, une prière, une aspiration sous une forme plus ou moins ardente. Mais cette vie là à laquelle eussent répondu des facultés profondes de mon être, me devient de jour en jour plus difficile, étant en lutte avec les intérêts journaliers, et rongé de près sur mon dernier rocher par les vagues turbulentes de cette mer où je plonge. Il faut pour une contemplation poétique et religieuse soutenue établir une marge de séparation entre le monde et soi; cest cette largeur de marge que je nai pu de bonne heure laisser en blanc; et aujourdhui le livre est griffonné jusquaux bords, les commentaires étouffent le poème. Jai beau disputer pied à pied: on se retranche un jour, et le lendemain on capitule. [...] lessentiel, nest-ce pas, cest que lesprit demeure vif, si la beauté de la production souffre; cest une manière de sacrifice aussi que de consentir à cette déperdition de quelques dons brillans sous la nécessité des choses rapportées à Dieu»...{CR}Correspondance (éd. J. Bonnerot), t. I, p. 334. Ancienne collection Daniel Sickles (XII, 5053)
L.A.S., Paris 12 janvier 1833, à Félicité de Lamennais; 3 pages in-8, adresse. Très belle lettre sur son métier de critique, et sur lart et la religion.{CR}Il a eu de ses nouvelles par Lacordaire... «Je continue, moi, en cette ville de bruit et dactivité dévorante mon existence assez vigilante de spectateur, de témoin qui prend des notes, mon métier en un mot de critique et de raisonneur. Cela devient décidément ma vocation courante, celle dont je vis matériellement et qui doit, à la longue, si elle ne la déjà fait, imprimer une tournure inévitable à mon esprit. Jaurais préféré, certes, la vie de lArt, en rattachant lart à une philosophie religieuse de plus en plus inspiratrice, en fesant, autant que possible, de la Poésie un acte de foi, une prière, une aspiration sous une forme plus ou moins ardente. Mais cette vie là à laquelle eussent répondu des facultés profondes de mon être, me devient de jour en jour plus difficile, étant en lutte avec les intérêts journaliers, et rongé de près sur mon dernier rocher par les vagues turbulentes de cette mer où je plonge. Il faut pour une contemplation poétique et religieuse soutenue établir une marge de séparation entre le monde et soi; cest cette largeur de marge que je nai pu de bonne heure laisser en blanc; et aujourdhui le livre est griffonné jusquaux bords, les commentaires étouffent le poème. Jai beau disputer pied à pied: on se retranche un jour, et le lendemain on capitule. [...] lessentiel, nest-ce pas, cest que lesprit demeure vif, si la beauté de la production souffre; cest une manière de sacrifice aussi que de consentir à cette déperdition de quelques dons brillans sous la nécessité des choses rapportées à Dieu»...{CR}Correspondance (éd. J. Bonnerot), t. I, p. 334. Ancienne collection Daniel Sickles (XII, 5053)
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