Beschreibung:

CHARLES MAURIN (1856-1914). 10 L.A.S. dont une avec dessins, Paris et Aurec (Haute-Loire) 1908-1912 et s.d., à Maximilien Luce ; 29 pages formats divers. Très intéressante correspondance, pleine de jugements esthétiques. 16 septembre 1908, récit amer de portraits impayés ; un voyage aux Cévennes ne l'a pas reposé… 4 septembre 1911, sur son séjour en Bretagne : « J'ai beaucoup noté des couleurs de paysages. Je peins d'après nature […]. Je ne tiens compte que de la couleur, si la couleur est à sa place tout y est, la forme et la lumière, le modelé et l'expression, le vent l'atmosphère et la vie du paysage. La couleur comprend tout, puisque notre œil ne voit que de la couleur »… Il développe son propos, en invoquant l'exemple de Monet, Sisley et Renoir, et lui signale une Réfutation de l'impressionnisme par Émile Bernard « qui me fait croire que ce garçon ne connaît rien à la peinture »… 28 octobre 1911, sur un « nouveau tableau de Poussin. L'œil parcourt librement le rythme des lignes de cette composition. Si les Grecs ont peint ils devaient peindre ainsi »… Il critique vivement un article de Bayard sur les Impressionnistes ; on devrait « étudier un artiste comme on étudie une plante, ou une fonction mathématique »… Il l'entretient de la série des Hommes d'hier qui sont « des toniques moraux », et de son travail récent… 4 novembre 1911 : « Avez-vous vu de la peinture futuriste ? qu'est-ce cela ? […] Forain est-il entré en religion ? comme Claudel ? Avez-vous lu du Marinetti le futuriste ? […] J'ai la rage de peindre comme lorsque j'étais jeune – mais la vue, les forces, la chaleur ne sont plus en rapport avec ma passion »… 25 décembre 1911 : « J'ai vu le catalogue Van Dongen – c'est le style poupée, yeux de poupée, bras en anse de panier, corps remplis de son, etc… Quant à la couleur je ne puis en juger, mais elle ferait mentir cet axiome quand la couleur est à sa place tout y est, maintenant je ne suis pas à même de comprendre tout cela, j'involue peut-être »… Aurec 12 février 1912 : vives impressions reçues à la Gare de Lyon : « j'ai été transporté par la beauté de ces forces déchaînées […] et ce bourdonnement monstrueux de la houle humaine […]. Et dire que tout cela ne sera pas noté par un peintre actuel, que toute cette vie intense n'a aucune signification pour les artistes [...] Faites donc ça, c'est tragique ça enfonce les Eschyle et les Shakespeare »… 20 mars 1912, il a vu le catalogue des Futuristes : « Ce sont d'agréables distractions pour le Sphinx du Mans déchiffrant les rébus les plus hermétiques. Kahn dans le Mercure a l'air de se réjouir que les peintres fassent enfin de la peinture littéraire – […] il est bon de lire le traité de peinture de cet omniscient Léonard pour comprendre combien Kahn, cubistes, et futuristes sont éloignés du domaine pictural. […] Il faut les abattre, ces messieurs en leur servant des tableaux donnant libre cours à la ligne, à la valeur, à la couleur, à la composition »… Et il cite Delacroix, Daumier, Rubens… 27 avril 1912, remerciements à Signac pour lui avoir donné les noms de ses couleurs à l'aquarelle ; il lui fallait des moyens rapides en haute altitude. Il déplore sa « mauvaise éducation artistique » : « On ne saurait trop exercer la mémoire des lignes des couleurs etc. […] Vous devez remarquer que l'analyse trop serrée de la nature émousse quelquefois la sensation »… Lui-même a « le feu sacré de la production » depuis qu'il ne voit plus de peinture. Il parle avec enthousiasme de la subtile et savoureuse peinture de Daumier… Ailleurs, il est question des « coins non vus très émotionnant » à Aurec, des torses du musée du moulage du Louvre (dessins), de la décoration d'A. Willette, etc.