Beschreibung:

Deux cavaliers de l'orage. Sans lieu [Manosque], 24 nov. 38 [-septembre 1939 ?]. Manuscrit autographe in-4 (272 x 218 mm) de 210 ff. numérotés 1-178 et 32 bis, montés sur onglets: demi-peau de serpent veinée de bleu (P. Barbance). Précieux manuscrit autographe de travail: jusqu'alors inconnu, il offre la version initiale de ce grand roman de Jean Giono dont la genèse fut longue et chaotique, ponctuée d'abandons. Dès mai 1937, Giono eut l'idée du récit d'une révolution paysanne intitulé Cavaliers de l'orage. Ce récit devait finalement se concentrer autour de "deux frères qui s'aiment et qui se tuent", selon Giono luimême qui en entreprit la rédaction le 24 novembre 1938. Trois mois plus tard, il se lamente dans son Journal (9 mars 1939): "Il faut que je refasse complètement les 115 premières pages de Deux Cavaliers. Il ne doit rester que le drame nu". Giono est tiraillé, note Robert Ricatte, entre le baroquisme - qu'il dit shakespearien - de son inspiration et un désir de nudité qui lui vient du modèle grec" (Giono, Oeuvres romanesques complètes IV, Bibliothèque de la Pléiade, p. 849). Si l'été 1939 fut consacré au roman, l'arrestation du romancier en septembre et l'éclatement de la guerre y mirent une fin provisoire. Le manuscrit totalisait alors 180 pages, selon une lettre adressée par Élise Giono à Jean Paulhan le 6 novembre 1939, ce qui porte à croire qu'il s'agit du présent ensemble. Sollicité par Alphonse de Chateaubriant, directeur de l'hebdomadaire pétainiste La Gerbe, Giono se remit au travail: son récit parut en feuilleton entre décembre 1942 et mars 1943. En dépit de cette la publication, insatisfait, Giono retravailla son roman durant les dernières années de la guerre. Son arrestation, l'interdiction de publication par le CNÉ, puis la parution du cycle du Hussard et des Chroniques le tinrent éloigné du roman. Il ne le reprit qu'en 1964 et la première édition en volume vit le jour en 1965 chez Gallimard, mettant un terme à 25 ans de tergiversations, inhabituelles chez Giono. "Plusieurs ouvrages de Giono sont restés à l'état de projets ou de fragments [...]: comment expliquer, au contraire, tant de retours obstinés à un récit dont on aurait pu croire, à la fin, que l'affabulation et, partiellement, l'écriture appartenaient au passé ? Il faut bien croire qu'il recélait une vérité enracinée dans le moi profond de Giono" (Ibid., p. 861). Le manuscrit comporte de nombreux passages raturés et variantes inédites. Les pages bis offrent toutes des variantes. A partir du feuillet 155, le manuscrit diffère entièrement des versions publiées. Il représente l'unique manuscrit qui nous soit parvenu de cette oeuvre charnière précédant le Hussard sur le toit. Les éditeurs de la Pléiade disposaient seulement d'un manuscrit du dernier chapitre, dans son état définitif, et d'une copie dactylographiée de 1950.