Beschreibung:

Encre sur papier (480 x 400 mm). Encadré sous verre. Autoportrait effectué le 28 août 1943, le lendemain de son passage à tabac par les fascistes de la Légion des volontaires français (LVF), sur les Champs-Élysées pour avoir refusé de soulever son chapeau en l’honneur de ces légionnaires, aussi appelés "Gardes françaises" défilant sous l’uniforme allemand dans une manifestation antibolchévique. Envoi autographe à Paul Morihien : "À Paul, Souvenir du Compère Doriot, Jean, 28 Août 1943". Paul Moriehen, l’amant de Jean Marais entre 1940 et 1941 et le secrétaire de Jean Cocteau de 1941 à 1950, vivait avec le couple dans l’appartement du Palais-Royal. Sous l’impulsion de Cocteau, il se fera éditeur et galeriste, toujours au Palais-Royal, et publiera les premiers livres de Genet, à commencer par Notre-Dame-des-Fleurs à la fin de l’année 1943. La légende de ce portrait poignant -- c’est le cas de le dire -- ne manque pas d’humour : le jeu de mot entre "le compère Loriot", expression désignant un orgelet, et Jacques Doriot, chef du Parti Populaire Français, dont étaient proches idéologiquement les agresseurs, ne diminue cependant pas l’horreur de l’agression. Homosexuel, philosémite, drogué, défenseur de Genet, Cocteau était la cible idéale des fascistes qui l’avaient reconnu dans le public. Cocteau a raconté l’événement à plusieurs reprises, dans le Journal de l’Occupation et dans Le Passé défini (voir aussi Cl. Arnaud, Jean Cocteau Gallimard, p. 614). Cette agression relativise son salut à Arno Breker du 23 mai 1942, qu'on lui a reproché : perpétuelle victime des fascistes, Cocteau cherchait des protections comme il le pouvait. Provenance : Paul Morihien. -- Bernard Minoret (ex-libris, inscription de sa main). -- Offert à Claude Arnaud. Exposition : rétrospective Cocteau au Centre Pompidou (2003) puis à Montréal (2004), cat. n° 223, repr. p. 269 (étiquette au dos).