Beschreibung:

Figure d'ancêtre an dugo, Soninke, Mali Époque: 1250-1300 (Laboratoire GNS Science, Nouvelle Zélande, 22 octobre 2015, NZA 60075) Bois à patine brune H. 71 cm An dugo Soninke ancestor figure, Mali H. 28 in Provenance: - Collecté par Philippe Guimiot, Mali, 1978 - Collection Baudouin de Grunne, Bruxelles - Collection privée, New York Publication: - Philippe Guimiot, Regards sur une collection, Bruxelles, 1995, n° 2 - Bernard de Grunne, Terres Cuites de l'Ouest Africain, Louvain-La-Neuve, 1980, fig. 25 Un Sceptre Soninke La caractéristique formelle la plus remarquable de cette sculpture est le contraste extrême entre le naturalisme de la tête et l'abstraction sévère du corps aux bras levés. Ce remarquable sceptre monoxyle Soninke dont le modelé du visage est très similaire aux visages de la statuaire ancienne en terre cuite de Djenné-Jeno attribué aussi à des populations Soninké et dont l'efflorescence est datée entre le XIe et le XVIIIe siècle. J'ai identifié et décrit pour la première fois en 1991 un groupe de dix statues monoxyles appartenant à ce style Soninké et l'ai attribué à des populations de souche Soninké arrivées dans la falaise et le plateau de Bandiagara 300 ans avant les Dogon, en même temps que les populations Tellem(1). En 2001, j'ai exposé neuf statues Soninke dans mon exposition «Mains de Maîtres»(2). Le corpus de l'art Soninke s'est élargi depuis lors. Une recherche plus approfondie m'a permis d'élargir encore ce corpus pour arriver à un total de 41 statues. Parmi celles-ci, nous comptons vingt-cinq statues debout, six statues agenouillées, six figures aux bras levés qui rappellent le style Tellem, trois cavaliers et une maternité assise. Un critère stylistique pertinent de la statuaire Soninke est la présence sur la grande majorité de ces statues (31 sur 41) d'une barbe très typique en forme de plateau droit similaire au sceptre de l'ancienne collection familiale présenté ici. De même, on peut observer un petit bonnet pointu au sommet du crâne des statues Soninke qui n'est pas sans rappeler des bonnets Tellem datés du XVe-XVIe siècle trouvés lors des fouilles de l'université d'Utrecht dans la cave F de la falaise de Bandiagara.(3) Cette sculpture est un emblème de pouvoir spirituel et politique apparentant à un personnage important- prêtre, chef religieux au statut quasi divin - doit être rapproché d'une seconde provenant de l'ancienne collection Wunderman et maintenant au musée Dapper qui a été datée entre A.D. 860-1040 (fig. 1), une œuvre exceptionnelle par ses qualités plastiques et qui est la plus ancienne sculpture en bois d'Afrique subsaharienne en dehors de l'Egypte.(4) Ces sceptres étaient sans doute portés par ces hauts dignitaires Soninke comme l'attestent d'autre statues Soninke ou l'on remarque un sceptre sans figuration humaine accroché à l'épaule du dignitaire (fig. 2). Finalement, il faut se poser la question de savoir qui représente cette statuaire Soninke. Nous sommes sans doute en face de portraits de personnages importants, chefs de guerre, héros de migrations ou figures religieuses qui auraient commandité leur portrait. Des travaux récents chez les Dogon ont confirmé les résultats de nos recherches sur l'iconographie des statues en terre cuite du delta intérieur du Niger(5). Les statues Dogon comme certaines statues en terre cuite Djenné-jeno sont commandées par des personnes pour être exécutées de leur vivant, et à leur image(6). Ce sont donc des portraits de personnages vivants(7). Selon l'anthropologue Jacky Boujou, chez les Dogon, les statues deviennent ensuite des portraits d'ancêtres une fois que le commanditaire de l'œuvre est décédé de la même manière qu'un défunt devient un ancêtre après qu'aient été effectués les rites appropriés. Les Soninke furent les premiers groupes Pré-Mande à créer un état sahélien connus par les voyageurs arabes comme l'empire du Ghana et situé au Wagadou. De nombreuses grandes familles Mande font remonter leurs origines à cet empire du Wagadou, berceau d