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Auction archive: Lot number 128

GENET, LETTRES À IBIS : 21 LETTRES ET CARTES POSTALES DE JEUNESSE + 1ER MANUSCRIT LITTÉRAIRE + 1 P. DE JOURNAL INTIME

Estimate
€6,000 - €8,000
ca. US$6,727 - US$8,970
Price realised:
€11,250
ca. US$12,614
Auction archive: Lot number 128

GENET, LETTRES À IBIS : 21 LETTRES ET CARTES POSTALES DE JEUNESSE + 1ER MANUSCRIT LITTÉRAIRE + 1 P. DE JOURNAL INTIME

Estimate
€6,000 - €8,000
ca. US$6,727 - US$8,970
Price realised:
€11,250
ca. US$12,614
Beschreibung:

Genet, Jean LETTRES À IBIS. CORRESPONDANCE DE JEUNESSE. 1933-1948. 19 lettres et 2 cartes postales. 46 p. de formats divers (in-12 à in-4) ; signées J. Genet, Jean ou Genet. La plupart (14) datent de 1933-1936. Importante correspondance de sa période de formation, avec le manuscrit du premier texte littéraire de Genet. Commencée en 1933 par un jeune homme de 23 ans à peine, fragile et solitaire, cette correspondance à son amie et confidente Andrée Plainemaison (1910-1978), dite Ibis, éclaire de manière capitale une période très mal connue de la vie de Genet. Les thématiques et le style de l'écrivain à venir sont déjà totalement présentes dans ces lettres. L'écriture autobiographique, tout d'abord : "Je n'arrive qu'à m'intéresser à moi", écrit-il. Effectivement, il parle avant tout de lui-même, de son mal de vivre, de sa solitude. "Je ne puis guère -- être heureux, cela n'en parlons pas -- mais tout bonnement agir ? [...] Je suis mûr pour le suicide ou le bilboquet. Mais vous avez raison, vivre doit être beau." (Lettre 2, édition Gallimard, 2010). Ses confidences par rapport à ses "anomalies sentimentales" (Lettre 5) nous montrent un jeune homosexuel très mal dans sa peau : "j'aime Jean. voilà, j'ai dit la chose et je suis bien plus à mon aise. Déchirez ma lettre [...]. Trouvez cela honteux, laid, répugnant : bah ! je suis voué à la répulsion, à la laideur décrétée. [...] Croyez bien en ma souffrance" (Lettre 1). Plus tard, il fera de cette "répulsion" un des thèmes majeurs de son œuvre. Même dans une correspondance amicale, Genet a conscience de faire de la littérature et soigne son style. L'apprenti-écrivain ironise d'ailleurs sur certaines de ses afféteries stylistiques : "jamais ne n'arriverai à écrire simplement. [...] Je pédantise. [...] Et puis, quoi, il faut bien à chacun sa marotte et son vice : certains ont l'opéra [...], certains ont le surréalisme ; j'aurai la grandilophilie" (Lettre 9). Il développe aussi la thématique de son attirance pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, qu'il découvre lors de son passage dans l'armée. Celui qui sera défenseur des Palestiniens fait alors cette terrible révélation à propos des Berbères : "j'en ai tué, Ibis, j'ai commandé le feu et tiré moi-même avec un fusil mitrailleurs dans un groupe de tentes où grouillaient un peuple de vieillard et d'enfants". Ce qu'il dit des Berbères harcelés par les troupes françaises, annonce Quatre heures à Chatila et Un captif amoureux. Une dernière lettre, adressée bien des années après (1984), au fils de son amie Ibis montre le poète toujours aussi solitaire, mais plus philosophe devant sa solitude : "je suis très vieux. Et très seul mais très heureux : d'être seul et vieux ? Peut-être" (Lettre 21). [On joint :] - Article "Lettre à Ibis" à propos de Michel Vieuchange, [1933]. 11 p. in-12, crayon et encre. 2 brouillons du même texte avec variantes ; l'un signé Genet. Première oeuvre littéraire de Genet, en vers et en prose, antérieure de 9 ans au Condamné à mort, souvent considéré comme sa première oeuvre. Texte destiné à être publié dans la revue Jeunes, hebdomadaire pacifiste et anarchiste dirigé par Andrée Plainemaison qui n'eut que 4 numéros en 1933. Formulé comme une lettre à son amie, l'article est consacré aux carnets d'exploration de l'écrivain aventurier Michel Vieuchange, publiés en 1932 sous le titre de Smara, avec une préface de Claudel qui voyait en Vieuchange un poète explorateur comme le fut Rimbaud. Jeunes ayant cessé de paraître, ce beau texte est resté inédit jusqu'à sa récente redécouverte. - Journal intime, fin avril [1933]. 1 p. in-8. Mine de plomb. "Suis en colère avec moi-même. J'écris mon amour pour Jean. Espère une visite ou une lettre. Que tout est pose dans mon geste" (éd. cit., p. 30-31). Références : publié dans J. Genet, Lettres à Ibis. Gallimard, L'Arbalète, 2010. -- J. Plainemaison, "La première oeuvre de Jean Genet. Etude littéraire de la Lettre à Ibis", in Studi francesi, n° 170, mai-août 2013, p. 335-345.

Auction archive: Lot number 128
Auction:
Datum:
25 Jun 2015
Auction house:
Sotheby's
Paris
Beschreibung:

Genet, Jean LETTRES À IBIS. CORRESPONDANCE DE JEUNESSE. 1933-1948. 19 lettres et 2 cartes postales. 46 p. de formats divers (in-12 à in-4) ; signées J. Genet, Jean ou Genet. La plupart (14) datent de 1933-1936. Importante correspondance de sa période de formation, avec le manuscrit du premier texte littéraire de Genet. Commencée en 1933 par un jeune homme de 23 ans à peine, fragile et solitaire, cette correspondance à son amie et confidente Andrée Plainemaison (1910-1978), dite Ibis, éclaire de manière capitale une période très mal connue de la vie de Genet. Les thématiques et le style de l'écrivain à venir sont déjà totalement présentes dans ces lettres. L'écriture autobiographique, tout d'abord : "Je n'arrive qu'à m'intéresser à moi", écrit-il. Effectivement, il parle avant tout de lui-même, de son mal de vivre, de sa solitude. "Je ne puis guère -- être heureux, cela n'en parlons pas -- mais tout bonnement agir ? [...] Je suis mûr pour le suicide ou le bilboquet. Mais vous avez raison, vivre doit être beau." (Lettre 2, édition Gallimard, 2010). Ses confidences par rapport à ses "anomalies sentimentales" (Lettre 5) nous montrent un jeune homosexuel très mal dans sa peau : "j'aime Jean. voilà, j'ai dit la chose et je suis bien plus à mon aise. Déchirez ma lettre [...]. Trouvez cela honteux, laid, répugnant : bah ! je suis voué à la répulsion, à la laideur décrétée. [...] Croyez bien en ma souffrance" (Lettre 1). Plus tard, il fera de cette "répulsion" un des thèmes majeurs de son œuvre. Même dans une correspondance amicale, Genet a conscience de faire de la littérature et soigne son style. L'apprenti-écrivain ironise d'ailleurs sur certaines de ses afféteries stylistiques : "jamais ne n'arriverai à écrire simplement. [...] Je pédantise. [...] Et puis, quoi, il faut bien à chacun sa marotte et son vice : certains ont l'opéra [...], certains ont le surréalisme ; j'aurai la grandilophilie" (Lettre 9). Il développe aussi la thématique de son attirance pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, qu'il découvre lors de son passage dans l'armée. Celui qui sera défenseur des Palestiniens fait alors cette terrible révélation à propos des Berbères : "j'en ai tué, Ibis, j'ai commandé le feu et tiré moi-même avec un fusil mitrailleurs dans un groupe de tentes où grouillaient un peuple de vieillard et d'enfants". Ce qu'il dit des Berbères harcelés par les troupes françaises, annonce Quatre heures à Chatila et Un captif amoureux. Une dernière lettre, adressée bien des années après (1984), au fils de son amie Ibis montre le poète toujours aussi solitaire, mais plus philosophe devant sa solitude : "je suis très vieux. Et très seul mais très heureux : d'être seul et vieux ? Peut-être" (Lettre 21). [On joint :] - Article "Lettre à Ibis" à propos de Michel Vieuchange, [1933]. 11 p. in-12, crayon et encre. 2 brouillons du même texte avec variantes ; l'un signé Genet. Première oeuvre littéraire de Genet, en vers et en prose, antérieure de 9 ans au Condamné à mort, souvent considéré comme sa première oeuvre. Texte destiné à être publié dans la revue Jeunes, hebdomadaire pacifiste et anarchiste dirigé par Andrée Plainemaison qui n'eut que 4 numéros en 1933. Formulé comme une lettre à son amie, l'article est consacré aux carnets d'exploration de l'écrivain aventurier Michel Vieuchange, publiés en 1932 sous le titre de Smara, avec une préface de Claudel qui voyait en Vieuchange un poète explorateur comme le fut Rimbaud. Jeunes ayant cessé de paraître, ce beau texte est resté inédit jusqu'à sa récente redécouverte. - Journal intime, fin avril [1933]. 1 p. in-8. Mine de plomb. "Suis en colère avec moi-même. J'écris mon amour pour Jean. Espère une visite ou une lettre. Que tout est pose dans mon geste" (éd. cit., p. 30-31). Références : publié dans J. Genet, Lettres à Ibis. Gallimard, L'Arbalète, 2010. -- J. Plainemaison, "La première oeuvre de Jean Genet. Etude littéraire de la Lettre à Ibis", in Studi francesi, n° 170, mai-août 2013, p. 335-345.

Auction archive: Lot number 128
Auction:
Datum:
25 Jun 2015
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Sotheby's
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