NATURE MORTE (LA TABLE D'ENTOMOLOGISTE), 1960 Huile sur toile 80 x 100 cm - 31.5 x 39.4 in. Lorsque je représente des animaux toujours enfermés ou «déplacés», ce n'est pas directement la condition humaine que je peins. L'homme n'est pas dans la cage sous la forme du singe mais le singe a été mis dans la cage par l'homme. C'est l'ambiguïté de cette relation qui m'occupe et l'étrangeté des lieux où s'opère cette séquestration silencieuse et impunie. Il me semble que c'est un peu le sort que la pensée fait subir à la pensée dans notre civilisation. Nous sommes dans la situation critique où l'art, n'étant plus pensé que comme esthétique, a perdu sa relation essentielle avec la vérité. Ayant «conquis son autonomie» il a cessé d'être un langage qui parle car il n'est ouvert sur rien, il n'exprime pas une relation, son autonomie au contraire l'enferme sur lui-même. En ce sens, l'art a bien dans le monde d'aujourd'hui, comme le dit Lévi-Strauss, le statut d'un parc national. A l'abri des voitures, de grands animaux, innocents et féroces, s'ébattent librement dans les réserves grandioses de la culture. Ils ont des gestes étranges et beaux parfois comme le barrissement dans la nuit. Mais la vraie vie évidemment est ailleurs. Comment le monde à force d'avancer est-il devenu un tel désert ? L'art est-il définitivement «une chose du passé» ? Se peut-il qu'il ne puisse absolument rien en face des conflits ou, pire encore, de l'absence de conflits qui nous concerne tous et dont dépend l'avenir ? Devant une telle désolation et pour que l'art soit autre chose qu'une simple défroque culturelle, il ne s'agit pas davantage pour moi «d'étudier la nature» que de «me concentrer sur ma boîte de couleurs»; lorsque je peins je cherche seulement à dire quelque chose, en ne songeant à la manière de peindre que pour rendre plus précise, plus claire, plus insistante, la parole. Gilles Aillaud (Alternative Attuali 2, L'Aquila, 1965)
NATURE MORTE (LA TABLE D'ENTOMOLOGISTE), 1960 Huile sur toile 80 x 100 cm - 31.5 x 39.4 in. Lorsque je représente des animaux toujours enfermés ou «déplacés», ce n'est pas directement la condition humaine que je peins. L'homme n'est pas dans la cage sous la forme du singe mais le singe a été mis dans la cage par l'homme. C'est l'ambiguïté de cette relation qui m'occupe et l'étrangeté des lieux où s'opère cette séquestration silencieuse et impunie. Il me semble que c'est un peu le sort que la pensée fait subir à la pensée dans notre civilisation. Nous sommes dans la situation critique où l'art, n'étant plus pensé que comme esthétique, a perdu sa relation essentielle avec la vérité. Ayant «conquis son autonomie» il a cessé d'être un langage qui parle car il n'est ouvert sur rien, il n'exprime pas une relation, son autonomie au contraire l'enferme sur lui-même. En ce sens, l'art a bien dans le monde d'aujourd'hui, comme le dit Lévi-Strauss, le statut d'un parc national. A l'abri des voitures, de grands animaux, innocents et féroces, s'ébattent librement dans les réserves grandioses de la culture. Ils ont des gestes étranges et beaux parfois comme le barrissement dans la nuit. Mais la vraie vie évidemment est ailleurs. Comment le monde à force d'avancer est-il devenu un tel désert ? L'art est-il définitivement «une chose du passé» ? Se peut-il qu'il ne puisse absolument rien en face des conflits ou, pire encore, de l'absence de conflits qui nous concerne tous et dont dépend l'avenir ? Devant une telle désolation et pour que l'art soit autre chose qu'une simple défroque culturelle, il ne s'agit pas davantage pour moi «d'étudier la nature» que de «me concentrer sur ma boîte de couleurs»; lorsque je peins je cherche seulement à dire quelque chose, en ne songeant à la manière de peindre que pour rendre plus précise, plus claire, plus insistante, la parole. Gilles Aillaud (Alternative Attuali 2, L'Aquila, 1965)
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