Beschreibung:

J.K. HUYSMANS Les sœurs Vatard [1876-1878] Manuscrit complet, 198 p. in-f°, paginées de 1 à 198, montées sur onglets [Les pages 6 à 153 sont d'une autre écriture, mais avec des corrections manuscrites de Huysmans]. Reliure demi-maroquin noir à bandes, encadrant les plats de box brun ornés de deux doubles filets verticaux, l'un poussé or, l'autre à froid, les gardes de papier vergé ocre jaspé noir, dos lisse, titre doré, étui (Georges Cretté . Exceptionnel manuscrit comportant la page de titre et de dédicace à Emile Zola de la main de Huysmans. Il a biffé son ancienne adresse de la rue du Cherche-midi pour mettre celle de la rue de Sèvres, où il aménage pendant l'été 1876, ce qui peut nous laisser penser que ce manuscrit fut commencé vers la fin de l'année 1876 : sa rencontre avec Zola, elle, date de décembre 1876. Pour la célèbre dédicace à Emile Zola Huysmans écrit : " Son fervent et dévoué ami ", puis il rajoute le mot " admirateur " entre " fervent " et " dévoué ". Huysmans vient donc de rencontrer Zola. Il témoigne ici de son admiration pour l'homme public, l'écrivain, le maître mais aussi l'ami intime. Il cherche aussi la protection de l'écrivain et par là celle de son groupe, les naturalistes. Notre manuscrit comporte un autre élément d'une importance capitale ; la précieuse première phrase du livre : "Deux heures du matin sonnèrent." Elle est bien présente, rajoutée dans la marge. Ces deux éléments, soit la dédicace à Zola et la première phrase, ne figurent pas dans le manuscrit destiné à l'imprimeur, provenant des collections Lucien Graux, puis du Colonel Sickles, et vendu en mai 2008. " Les Sœurs Vatard " paraît en février 1879 chez Charpentier. C'est grâce à la pression de Zola et le groupe des écrivains naturalistes sur l'éditeur que la parution des Sœurs Vatard fut possible. Huysmans y travaillait depuis 1876, il dépeint pour cette étude de la vie ouvrière, la vie et les rapports humains de l'atelier brochage familial du 11 rue de Sèvres et divers mastroquets dans lesquels les ouvriers viennent boire et jouer aux cartes. C'est l'œuvre la plus caractéristique du naturalisme de Huysmans et à l'extrême il affirme son goût pour la peinture des médiocres. Il pousse même le naturel jusqu'au scandale : " J'espère que nous allons avoir un beau chahut ", écrit-il à Hannon dans une lettre du 21 septembre 1878 ou encore : " Je sais qu'actuellement dans la masse énorme de livres qui paraissent il faut frapper dur pour se faire entendre ; il faut même une certaine pointe de scandale " précise-t-il à Lemonnier. " Je joue mon va-tout, sur celui-là [Lettre à Lemonnier] et j'aurai un certain frisson dans le dos quand le moment psychologique venu, il sera soumis à l'examen des maîtres " Ceux du réalisme et du naturalisme que sont Flaubert, Goncourt et Zola. Huysmans écrira à T. Hannon : " Vous l'avez dit, je suis un réaliste de l'école de Goncourt, de Zola, de Flaubert " Aux pages 198 et dernières, de notre manuscrit, Huysmans a bien conservé et écrit ce passage qui ne sera pas retenu dans les impressions futures : " Le crépuscule commençait à couler lentement dans l'atelier. Au travers des vitres troubles, un jour pâle et fané s'épandait sur les tables, déferlait dans l'ombre des coins, se mourait en un dernier éclat sur un lit de rognures jaunes. Aux objurgations de la contre-maître qui se désolait de les voir ainsi flâner, les ouvrières réunies en cercle et baguenaudant répondirent qu'elles n'y voyaient plus. Alors on héla un homme qui vint avec son rat de cave et tous les gaz flambèrent, jetant le rire de leurs feux dans cette pénétrante tristesse de la nuit qui venait ". Manuscrit du plus haut intérêt, cette page de dédicace à Zola et ce manuscrit étant vraisemblablement inédits.