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Auction archive: Lot number 10

Jules BARBEY D’AUREVILLY (1808-1889)

Estimate
€5,000 - €6,000
ca. US$6,679 - US$8,015
Price realised:
€20,000
ca. US$26,718
Auction archive: Lot number 10

Jules BARBEY D’AUREVILLY (1808-1889)

Estimate
€5,000 - €6,000
ca. US$6,679 - US$8,015
Price realised:
€20,000
ca. US$26,718
Beschreibung:

Manuscrit autographe, signé «J. B. d’A», Introduction [à Goethe et Diderot, 1880]; 5 pages et demie in-fol. montées sur onglets (qqs répar.), reliure souple maroquin rouge, titre doré sur le plat sup., étui (Alix). Beau manuscrit de la Préface pour Goethe et Diderot.{CR}C’est en 1880 que Barbey fit publier chez Lemerre les articles, parus dans Le Constitutionnel de 1873 à 1877, qu’il avait consacrés à Goethe et à Diderot. Barbey explique tout d’abord la nécessité qu’il y avait à faire cette réunion; Goethe et Diderot étant «des esprits de nature identique», il établit une filiation directe entre eux avant de présenter plus particulièrement la personnalité de Goethe «qui remplit jusqu’aux bords le XIXe siècle & bouche tous les horizons de la pensée moderne de son insupportable ubiquité. Insupportable ! Si elle l’est en effet, cette ubiquité n’est plus divine»... Barbey se défend de tout ressentiment français et rappelle le rôle joué par la France dans le développement de la philosophie et de la littérature allemandes tout au long du XIXe siècle: «Oui, la France, la séductible France qui s’éprend de toute chose & de toute personne étrangère, a européanisé la gloire de Goethe. Sans elle, il serait encore dans le fossé de l’Allemagne». Il rappelle l’intérêt manifesté par Napoléon lui-même, cet esprit «suraigu et à la netteté transcendante», et se demande si Voltaire, «le seul homme du XVIIIe siècle chez qui l’imbécile philosophie n’avait pas enniaisé l’esprit resté français, Voltaire qui méprisait Diderot», n’aurait pas également respecté Goethe. Après le succès de Werther, Goethe a «patiné pendant quatre vingts ans sur cette glace fragile de l’admiration des hommes, qui, pour lui, ne s’est jamais rompue et sans accident et sans arrêt, il a glissé et est entré d’un seul trait continu, dans sa tranquille immortalité ! [...] Goethe ne connut ni les revers ni les dangers. Assurément, il travailla trop pour qu’on puisse l’appeler le Lazzarone de la célébrité, mais l’opinion dont il fut imperturbablement l’enfant gâté, mit ses rayons sur lui [...] et ne lui retira jamais. Au lieu d’écrire Faust, ce travail de Pénélope de toute sa vie, il aurait ciré des bottes que l’opinion charmée aurait proclamé qu’il les cirait avec génie et se serait même mirée avec amour dans son cirage»... Selon Barbey, ce phénomène ne s’explique ni par la décadence littéraire de la France, ni par le besoin de nouveauté enfantine, et pourtant philosophes et écrivains ont suivi les traces de Hegel et du Romantisme et se sont fait allemands. Goethe est devenu le Shakespeare du monde moderne, «de personne il a passé système, d’idée concrète, il a passé idée générale. On l’a invoqué comme la Philosophie même de l’Art ! Il a eu la majesté de cette abstraction. [...] Goethe est [...] le chef d’une école métaphysico-littéraire. Tout ce qui a de bonnes raisons pour vouloir que l’art soit sans âme est goethiste de fondation. Théophile Gautier l’a été. Baudelaire aussi. Sainte-Beuve vieillissant le devint, car jeune, il écrivait Joseph Delorme et il était vivant (malsain, sentant le carabin et l’hôpital, mais vivant !). Présentement sont goëthistes [...] M. Leconte de Lisle et M. Flaubert et tous ces petits soldats en plomb de la littérature qui se sont appelés eux-mêmes orgueilleusement "les impassibles"»... Barbey s’enflamme alors contre l’exégèse autour de cette oeuvre qui «donne la sensation d’être pères à tous les chapons littéraires qui couvent des oeufs qu’ils n’ont pas pondus» et contre cet engouement immobilisé. Il rappelle comment Sainte-Beuve «haletant, frémissant, ses belles oreilles rouges, violettes de colère» porta autrefois plainte contre lui, «pour avoir manqué dans l’auguste personne de Goëthe à la littérature française, au Gouvernement français !»... Barbey s’attend encore à provoquer des cris, malgré la volonté républicaine de dégermanisation...{CR}Ce manuscrit, à l’encre rouge et noire, et rehaussé par endroits d’encres bleue, jaune, verte, présente de

Auction archive: Lot number 10
Auction:
Datum:
21 Feb 2013
Auction house:
La Maison de Vente Ader
3, rue Favart
75002 Paris
France
contact@ader-paris.fr
+33 (0)1 53407710
+33 (0)1 53407720
Beschreibung:

Manuscrit autographe, signé «J. B. d’A», Introduction [à Goethe et Diderot, 1880]; 5 pages et demie in-fol. montées sur onglets (qqs répar.), reliure souple maroquin rouge, titre doré sur le plat sup., étui (Alix). Beau manuscrit de la Préface pour Goethe et Diderot.{CR}C’est en 1880 que Barbey fit publier chez Lemerre les articles, parus dans Le Constitutionnel de 1873 à 1877, qu’il avait consacrés à Goethe et à Diderot. Barbey explique tout d’abord la nécessité qu’il y avait à faire cette réunion; Goethe et Diderot étant «des esprits de nature identique», il établit une filiation directe entre eux avant de présenter plus particulièrement la personnalité de Goethe «qui remplit jusqu’aux bords le XIXe siècle & bouche tous les horizons de la pensée moderne de son insupportable ubiquité. Insupportable ! Si elle l’est en effet, cette ubiquité n’est plus divine»... Barbey se défend de tout ressentiment français et rappelle le rôle joué par la France dans le développement de la philosophie et de la littérature allemandes tout au long du XIXe siècle: «Oui, la France, la séductible France qui s’éprend de toute chose & de toute personne étrangère, a européanisé la gloire de Goethe. Sans elle, il serait encore dans le fossé de l’Allemagne». Il rappelle l’intérêt manifesté par Napoléon lui-même, cet esprit «suraigu et à la netteté transcendante», et se demande si Voltaire, «le seul homme du XVIIIe siècle chez qui l’imbécile philosophie n’avait pas enniaisé l’esprit resté français, Voltaire qui méprisait Diderot», n’aurait pas également respecté Goethe. Après le succès de Werther, Goethe a «patiné pendant quatre vingts ans sur cette glace fragile de l’admiration des hommes, qui, pour lui, ne s’est jamais rompue et sans accident et sans arrêt, il a glissé et est entré d’un seul trait continu, dans sa tranquille immortalité ! [...] Goethe ne connut ni les revers ni les dangers. Assurément, il travailla trop pour qu’on puisse l’appeler le Lazzarone de la célébrité, mais l’opinion dont il fut imperturbablement l’enfant gâté, mit ses rayons sur lui [...] et ne lui retira jamais. Au lieu d’écrire Faust, ce travail de Pénélope de toute sa vie, il aurait ciré des bottes que l’opinion charmée aurait proclamé qu’il les cirait avec génie et se serait même mirée avec amour dans son cirage»... Selon Barbey, ce phénomène ne s’explique ni par la décadence littéraire de la France, ni par le besoin de nouveauté enfantine, et pourtant philosophes et écrivains ont suivi les traces de Hegel et du Romantisme et se sont fait allemands. Goethe est devenu le Shakespeare du monde moderne, «de personne il a passé système, d’idée concrète, il a passé idée générale. On l’a invoqué comme la Philosophie même de l’Art ! Il a eu la majesté de cette abstraction. [...] Goethe est [...] le chef d’une école métaphysico-littéraire. Tout ce qui a de bonnes raisons pour vouloir que l’art soit sans âme est goethiste de fondation. Théophile Gautier l’a été. Baudelaire aussi. Sainte-Beuve vieillissant le devint, car jeune, il écrivait Joseph Delorme et il était vivant (malsain, sentant le carabin et l’hôpital, mais vivant !). Présentement sont goëthistes [...] M. Leconte de Lisle et M. Flaubert et tous ces petits soldats en plomb de la littérature qui se sont appelés eux-mêmes orgueilleusement "les impassibles"»... Barbey s’enflamme alors contre l’exégèse autour de cette oeuvre qui «donne la sensation d’être pères à tous les chapons littéraires qui couvent des oeufs qu’ils n’ont pas pondus» et contre cet engouement immobilisé. Il rappelle comment Sainte-Beuve «haletant, frémissant, ses belles oreilles rouges, violettes de colère» porta autrefois plainte contre lui, «pour avoir manqué dans l’auguste personne de Goëthe à la littérature française, au Gouvernement français !»... Barbey s’attend encore à provoquer des cris, malgré la volonté républicaine de dégermanisation...{CR}Ce manuscrit, à l’encre rouge et noire, et rehaussé par endroits d’encres bleue, jaune, verte, présente de

Auction archive: Lot number 10
Auction:
Datum:
21 Feb 2013
Auction house:
La Maison de Vente Ader
3, rue Favart
75002 Paris
France
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+33 (0)1 53407710
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