Beschreibung:

LAMARTINE (A. de). Harmonies poétiques et religieuses. Paris, Charles Gosselin 1830, 2 vol. in-8°, demi-veau vert, dos à nerfs ornés, tranches marbrées (reliure de l'époque). Édition originale du recueil peut-être le plus travaillé de Lamartine (Guyard). Les Harmonies poétiques et religieuses - recueil de Psaumes modernes selon leur auteur - marquent le retour de Lamartine à la haute poésie . Rédigés pour la plupart en Italie entre 1826 et 1827, ces hymnes traduisent l'enthousiasme lyrique du poète pour la Création divine ; un enthousiasme parfois obscurci par l'angoisse cependant, puisque Lamartine composa certaines de ces Harmonies en 1829, alors qu'il souffrait d'avoir perdu sa mère. Certains poèmes du recueil inspirèrent à Liszt un cycle de pièces pour piano portant le même titre d'Harmonies poétiques et religieuses. Exemplaire offert par Lamartine à Musset, avec un E.A. de l'auteur à ce dernier, inscrit sur le faux-titre du tome 2 : Hommage de l'auteur à l'auteur de la Confession Lamartine 12 juin. Or La Confession d'un enfant du siècle a paru en 1836, soit six ans après que Lamartine eut publié ses Harmonies. Si ce dernier a envoyé cet exemplaire au jeune Musset, c'est certainement parce que Musset venait de publier, le 1er mars 1836, son poème intitulé Lettre à M. de Lamartine, que son dédicataire avouera plus tard avoir lu non seulement avec ravissement, mais avec tendresse . Certes, les deux romantiques se connaissaient auparavant : ils s'étaient vus au Cénacle, le cercle de Nodier à l'Arsenal, et peut-être chez Victor Hugo mais ils n'étaient pas familiers. Musset, qui avait lu le recueil de Lamartine dès 1830, aurait même dit, par bravade : Ces Harmonies... Tout cela ne vaut pas Faublas. Pourtant l'année 1836 marque un tournant dans leur relation. Souffrant de sa rupture avec Mme Jaubert, Musset relut Lamartine et éprouva - écrit son frère - les vertus calmantes de cette poésie , pour laquelle il ne cacha plus son admiration. C'est alors qu'il composa la Lettre au poète, avec quelque hésitation, craignant que la prétention d'intéresser Lamartine à ses souffrances ne parût ambitieuse (Paul de Musset). Lorsqu'elle fut publiée, le dédicataire de la Lettre invita Musset chez lui et les deux poètes se virent fréquemment pendant quelques mois. Lamartine promit de composer une réponse à ce poème, mais celle-ci ne parut que quatorze ans plus tard, en 1850, et déplut à Musset. Ce n'est en fait qu'après la mort de ce dernier, en 1857, que Lamartine revint, dans un entretien de son Cours familier de littérature, sur cette relation à la fois manquée et cruciale pour les deux poètes. Repensant à ce disciple qui parfois dépassait de bien loin le maître , Lamartine exprimait ses regrets : Ah! que je me reproche cruellement aujourd'hui de n'avoir pas connu le coeur d'où coulaient de pareils vers, moi vivant ! je ne les lis qu'aujourd'hui, et le coeur d'où ils ont coulé ne bat plus ! Il est trop tard pour l'aimer. Mais il n'est pas trop tard pour s'extasier de regret et d'admiration devant ces chefs-d'oeuvre. Il semble que les deux hommes ne se soient jamais particulièrement appréciés alors qu'ils s'admiraient mutuellement en tant que poètes. Et pourtant Musset, dans sa Lettre de 1836, avait écrit à Lamartine : De t'égaler jamais je n'ai pas l'espérance ; / Ce que tu tiens du ciel, nul ne me l'a promis, / Mais de ton sort au mien plus grande est la distance, / Meilleur en sera Dieu qui peut nous rendre amis. Exemplaire bien conservé. Les exemplaires avec envoi autographe adressé à Musset, sont rares. Provenance : Alfred de Musset (1810-1857). [M.-F. Guyard] Lamartine, OEuvres poétiques complètes (Pléiade), p. 1841 ; Lamartine, Cours familier de littérature, Entretien XIX (1857), § XII-XVI ; [M. Allem] Musset, Poésies complètes (Pléiade), pp. 328-334 et 753-754 ; P. de Musset, Biographie d'Alfred de Musset, Lemerre, 1877 ; L. Séché, Lamartine de 1816 à 1830, p. 257 ; Carteret, II, p. 22 ; Clouzot, p. 177.