Lancelot Théodore TURPIN de CRISSE (1782-1859) Vue prise à Rome sous l'arc de Janus Huile sur toile, monogrammée " TT " et datée " 1818 " à droite H. 96 cm L. 73,5 cm HVS Petits accidents Provenance : Une propriété dans le Jura, dans la famille depuis le début du XXe siècle. Exposition : Probablement Salon de 1819, Paris (N°1094) Dans un cadre de P. Souty Fils, place du Louvre. L'année 1818 est pour Lancelot Théodore Turpin de Crissé celle de son second voyage à Rome qu'il poursuivit ensuite jusqu'à Naples où il réalisa les célèbres vues qui seront publiées pour la duchesse de Berry (1828). Jouissant de sa fortune et d'une carrière prometteuse dans l'administration des arts, le peintre profita de ce nouveau séjour dans la ville éternelle pour réaliser plusieurs oeuvres ayant pour sujet les ruines romaines. Ainsi par exemple, à la même date que notre oeuvre, il peignit L'Arc de Constantin vu du Colisée (New York, The Pierpont Morgan Library, inv. 2009.400.108) qu'il retoucha en 1838. Mais à la différence de cette vue minérale, la toile présentée ici s'anime et illustre l'Italie contemporaine : procession de moines, paysans guidant leur troupeau et jeunes femme romaines peuplent les ruines antiques. Nous reconnaissons bien au travers de la voute de l'arc de Janus la basilique San-Giorgio-in-Velabro (VIIe siècle) sur laquelle est adossé l'arc des Argentiers (IIIe siècle). Turpin a animé son paysage avec au premier plan un paysan romain qui a dételé ses deux boeufs richement harnachés, ce dernier détail peut être rapproché d'un dessin de l'artiste conservé au musée du Louvre (inv. MI 682). L'artiste joue ici de la lumière, plongeant dans l'obscurité le premier plan de sa composition comme pour mieux révéler l'architecture inondée de soleil de San-Giorgio. L'année suivante, au Salon de 1819, Turpin de Crissé exposa cinq tableaux. L'un d'eux fut remarqué par la critique et fit l'objet d'une longue description : " Jetez les yeux sur la " Vue prise sous l'arc de Janus " ; sous ce portique, privé des rayons du soleil, repose un laboureur fatigué ; des boeufs gris, dont l'espèce appartint à l'Italie, sont couchés, attelés encore au soc qu'ils ont trainé. Une espèce de trophée est attachée au mât de cette charrue, dont le luxe contraste avec la simplicité accoutumée. Deux moines bruns, allant chercher les provisions, passent sous cet arc antique. On aperçoit un temple précédé d'un péristyle soutenu de colonnes et jadis consacré au paganisme ; c'est maintenant l'église Saint-Georges. Une procession de capucins descend gravement les marches du temple. Dans le lointain on aperçoit les ruines du petit arc de Septime Sévère, entouré d'arbres verts. Ce tableau se recommande à l'attention des gens de goût. La suavité du pinceau, la pureté des lignes de l'architecture, la vérité du ton et l'agrément du faire satisferont les plus difficiles. " (in Lettres à David sur le Salon de 1819, Paris, Pillet Ainé, 1819, pp. 164-165). Le registre des entrées au Salon de cette année-là ne mentionne pas les mesures des oeuvres, Turpin de Crissé enregistra ses tableaux sous le numéro " 551 " (Pierrefitte-sur-Seine, Archives Nationales, cote 20150042/107). Bien que contemporain de la toile, notre cadre ne porte pas de numéro d'enregistrement écrit à la main comme nous pouvons souvent le retrouver pour les oeuvres exposées au Salon. Ainsi, bien qu'un faisceau d'indices permettrait de considérer l'oeuvre présentée ici comme celle exposée au Salon de 1819 sous le N°1094, l'absence de preuve formelle nous force à l'indiquer comme une probabilité. Le sujet de notre tableau prend une dimension particulière en regard d'une oeuvre du même sujet peinte par Henri Roland Lancelot Turpin de Crissé (1754-vers 1800), père et maître de l'artiste. Ce tableau que Lancelot Théodore Turpin de Crissé garda toute sa vie fut légué au musée d'Angers où il est toujours conservé (inv. MTC 30). L'artiste en voyage à Rome semble ici se souvenir de son père et offre au spectateur un homma
Lancelot Théodore TURPIN de CRISSE (1782-1859) Vue prise à Rome sous l'arc de Janus Huile sur toile, monogrammée " TT " et datée " 1818 " à droite H. 96 cm L. 73,5 cm HVS Petits accidents Provenance : Une propriété dans le Jura, dans la famille depuis le début du XXe siècle. Exposition : Probablement Salon de 1819, Paris (N°1094) Dans un cadre de P. Souty Fils, place du Louvre. L'année 1818 est pour Lancelot Théodore Turpin de Crissé celle de son second voyage à Rome qu'il poursuivit ensuite jusqu'à Naples où il réalisa les célèbres vues qui seront publiées pour la duchesse de Berry (1828). Jouissant de sa fortune et d'une carrière prometteuse dans l'administration des arts, le peintre profita de ce nouveau séjour dans la ville éternelle pour réaliser plusieurs oeuvres ayant pour sujet les ruines romaines. Ainsi par exemple, à la même date que notre oeuvre, il peignit L'Arc de Constantin vu du Colisée (New York, The Pierpont Morgan Library, inv. 2009.400.108) qu'il retoucha en 1838. Mais à la différence de cette vue minérale, la toile présentée ici s'anime et illustre l'Italie contemporaine : procession de moines, paysans guidant leur troupeau et jeunes femme romaines peuplent les ruines antiques. Nous reconnaissons bien au travers de la voute de l'arc de Janus la basilique San-Giorgio-in-Velabro (VIIe siècle) sur laquelle est adossé l'arc des Argentiers (IIIe siècle). Turpin a animé son paysage avec au premier plan un paysan romain qui a dételé ses deux boeufs richement harnachés, ce dernier détail peut être rapproché d'un dessin de l'artiste conservé au musée du Louvre (inv. MI 682). L'artiste joue ici de la lumière, plongeant dans l'obscurité le premier plan de sa composition comme pour mieux révéler l'architecture inondée de soleil de San-Giorgio. L'année suivante, au Salon de 1819, Turpin de Crissé exposa cinq tableaux. L'un d'eux fut remarqué par la critique et fit l'objet d'une longue description : " Jetez les yeux sur la " Vue prise sous l'arc de Janus " ; sous ce portique, privé des rayons du soleil, repose un laboureur fatigué ; des boeufs gris, dont l'espèce appartint à l'Italie, sont couchés, attelés encore au soc qu'ils ont trainé. Une espèce de trophée est attachée au mât de cette charrue, dont le luxe contraste avec la simplicité accoutumée. Deux moines bruns, allant chercher les provisions, passent sous cet arc antique. On aperçoit un temple précédé d'un péristyle soutenu de colonnes et jadis consacré au paganisme ; c'est maintenant l'église Saint-Georges. Une procession de capucins descend gravement les marches du temple. Dans le lointain on aperçoit les ruines du petit arc de Septime Sévère, entouré d'arbres verts. Ce tableau se recommande à l'attention des gens de goût. La suavité du pinceau, la pureté des lignes de l'architecture, la vérité du ton et l'agrément du faire satisferont les plus difficiles. " (in Lettres à David sur le Salon de 1819, Paris, Pillet Ainé, 1819, pp. 164-165). Le registre des entrées au Salon de cette année-là ne mentionne pas les mesures des oeuvres, Turpin de Crissé enregistra ses tableaux sous le numéro " 551 " (Pierrefitte-sur-Seine, Archives Nationales, cote 20150042/107). Bien que contemporain de la toile, notre cadre ne porte pas de numéro d'enregistrement écrit à la main comme nous pouvons souvent le retrouver pour les oeuvres exposées au Salon. Ainsi, bien qu'un faisceau d'indices permettrait de considérer l'oeuvre présentée ici comme celle exposée au Salon de 1819 sous le N°1094, l'absence de preuve formelle nous force à l'indiquer comme une probabilité. Le sujet de notre tableau prend une dimension particulière en regard d'une oeuvre du même sujet peinte par Henri Roland Lancelot Turpin de Crissé (1754-vers 1800), père et maître de l'artiste. Ce tableau que Lancelot Théodore Turpin de Crissé garda toute sa vie fut légué au musée d'Angers où il est toujours conservé (inv. MTC 30). L'artiste en voyage à Rome semble ici se souvenir de son père et offre au spectateur un homma
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