Beschreibung:

Lettre autographe signée à Joë Bousquet, datée 8 décembre 1924, sur papier à en-tête de Littérature. 2 pages in-4 très denses, enveloppe autographe jointe, sous chemise demi-maroquin noir. TRÈS BELLE LETTRE INÉDITE, D'UN GRAND INTÉRÊT LITTÉRAIRE. Elle se situe au moment même de la publication du Manifeste du Surréalisme, alors que Breton et ses amis s'apprêtent à faire paraître leur revue La Révolution Surréaliste. Paralysé à vie à la suite d'une blessure reçue à la guerre en 1918, Joë Bousquet, de sa chambre de Carcassonne, avait écrit à Breton et Eluard pour leur témoigner toute sa sympathie. La réponse de Breton, remarquable par son ton extrêmement personnel, est un message de poète à poète, en même temps qu'un beau portrait de l'écrivain à cette époque décisive de sa vie. Il s'agit là très probablement de la première lettre de Breton à Bousquet, avec qui il allait correspondre durant plus de vingt ans. Sa lettre l'a profondément ému, ainsi qu'Eluard: en dépit de ce que vous supposez, et fort heureusement, nous sommes très bons amis... Mais comment lui répondre ? La sympathie que vous nous exprimez est d'une qualité si rare que je crains de ne pas savoir y répondre. Ce serait, à repasser, des années et des années, déjà, d'espoir et de découragement dont il vaut mieux que je vous fasse grâce. Et puis, je sais de moins en moins parler, surtout de loin, moi qui me suis fait une certitude de l'infranchissable. Il évoque Péladan et Mallarmé, puis: Connaissez-vous Lautréamont, qui est pour moi tout ce qui s'est fait de bien depuis des siècles et qu'après des années de méditation sur son compte, je trouve hors de toute atteinte encore... Vous faites beaucoup pour moi en m'écrivant sur ce ton que vous seul avez trouvé... Il lui a envoyé le Manifeste du Surréalisme: Est-il encore un livre de moi ou d'un de mes amis qui vous ferait plaisir ? Il lui annonce: La revue que nous allons publier s'appelle La Révolution surréaliste: c'est la seule que Paul Eluard et moi puissions un peu vous recommander... [une lettre de J. Bousquet y sera justement publiée dans le n° 5, du 15 octobre 1925]. Sur l'enveloppe, note autographe de Bousquet: En contemplant son pouvoir d'agir, l'âme se repose elle-même comme dans la source même de la joie