Beschreibung:

LUCA, Gherasim et Théodore BRAUNER Le Vampire passif Paris, Éditions de l’Oubli, 1945 EXEMPLAIRE D’ANDRÉ BRETON ÉDITION ORIGINALE DU PREMIER LIVRE DE GHERASIM LUCA In-8 (224 x 170 mm) TIRAGE : un des 25 premiers exemplaires sur kunstdruk, lettrés de 1 à T, celui-ci lettré B. Seuls ces exemplaires présentent une couverture imprimée sur papier doré ILLUSTRATION : 18 reproductions de photographies surréalistes de Théodore Brauner, frère de Victor Emboîtage et étui PIÈCES JOINTES : 1) Lettre tapuscrite de Ghérasim Luca et Trost à André Breton non datée, avec adresse et signature autographes. 2 pp. in-4 (272 x 215 mm), sur papier orange, enveloppe conservée (pliures médianes ayant entraîné de petites déchirures marginales) 2) Lettre tapuscrite adressée à André Breton non datée [20 juin 1946 ?], avec signatures de Gherasim Luca, Trost, Teodorescou et Paün. 4 pp. in-4 (280 x 210 mm)(pliures médianes ayant entraîné de petites déchirures marginales) Ces deux lettres sont contenues dans une chemise rigide PROVENANCE : exemplaire d’André Breton, dont Gherasim Luca a ajouté les initiales sur le premier feuillet blanc. Vente Breton, Paris, 2003, n°833 Tous deux amis de Victor Brauner Breton et Luca s’étaient rencontrés en 1938, à la galerie Gradiva. Témoignage de leur amitié, cet exemplaire, un des rares à comporter la couverture de papier doré voulue par l’auteur, est enrichi de deux importantes lettres adressées à Breton. La plus longue d’entre elles est co-signée par les membres du groupe surréaliste roumain l’Infra-noir. Il s’agit d’un manifeste, dans lesquels Luca, Trost, Teodorescou et Paün regrettent que le mouvement se soit écarté de ses visées originelles : « permettez-nous, cher ami, de vous faire part ici de la tristesse que nous sentons en voyant le surréalisme se retirant du désir et de la nécessité, et s’approchant de ces aspects du possible qui ne sont que le masque et les pièces de l’obstacle…Une certaine tendance à sa propre conservation l’oblige depuis déjà plusieurs années de s’accorder une figure acceptable parmi les pires limites réalistes de ce monde de terreur…le surréalisme est devenu un agent du progrès idéologique et artistique qui ne peut plus échapper, sans un effort de redressement considérable, à aucune des conséquences de cette mission extérieure et impropre ». Les objets de leurs critiques sont multiples : « l’activité surréaliste est aujourd’hui presque uniquement artistique. La peinture, la poésie (écrite) n’étaient pourtant que les moindres, les plus soumis à caution de tous les moyens promis ou imaginables. Elles sont maintenant les seules pratiques soi-disant surréalistes, et nous ne sommes pas loin de penser qu’elles ont ce privilège, non à cause de leur plus intime rapprochement de l’automatisme et du hasard, mais de leur plus facile accès à ce commerce culturel qu’il leur appartenait de combattre….On n’est pas surpris de voir que le surréalisme perd ses limites, après avoir perdu ses frontières. Nulle surprise si notre activité accidentellement artistique prend si bien place près de l’activité délibérément artistique, sinon purement commerciale, de ces revues qui se permettent de collaborer avec les surréalistes. C’est la confusion artistique ». Elle se double d’une « confusion politique, alors que subsiste la domination des forces matérielles, celles que la société nous oppose en premier lieu…Si le regret peut avoir quelque droit dans notre cœur, c’est le regret de voir abandonnées ces routes magnifiques, qui nous touchent le plus ». Ils achèvent leur lettre en appelant à un congrès international du surréalisme.