Beschreibung:

MANUSCRIT - LIVRE DE COMPTE ET RÉCIT DE VOYAGE. [1785-1790]. In-8, basane fauve, dos lisse orné, tranches rouges, fermoir doré (Reliure de l'époque). Très intéressant manuscrit retraçant le Grand Tour d'un gentilhomme dijonnais érudit et solitaire - prototype du premier romantisme et émule de son compatriote Charles de Brosses -, resté anonyme. Il traverse l'Angleterre, la Belgique, la Hollande, l'Allemagne en 1785, puis l'Italie entre 1789 et 1790, se montrant tout spécialement intéressé par les arts et la culture. Manuscrit passionnant d'un point de vue sociologique sur la vie quotidienne et intellectuelle au XVIIIe siècle. Le premier voyage débute le 17 avril 1785 au départ de Dijon, et s'achève le 5 août 1785. C'est principalement à travers le livre de compte du personnage (49 ff.) que l'on apprend une multitude de curiosités sur son périple. Le détail très minutieux des comptes se rapporte au moindre sou dépensé, que ce soit pour du pâté, du pain d'épices, pour ses repas - accompagné de vin -, les tavernes, les pourboires, et même pour les «filles». Par ailleurs, le voyageur révèle le nom de chaque auberge dans laquelle il séjourne. On apprend encore que notre voyageur fait des haltes pour visiter les églises, les bibliothèques, les cabinets de tableaux, «les appartements du palais de l'électeur de Mayence» et les nombreuses expositions - où il achète même le catalogue -, mais également ses visites chez le perruquier, passage obligé et très fréquent pour un homme de qualité. Il achète également beaucoup de livres, guides touristiques, almanachs, romans et comédies, ainsi que des cartes de villes dans lesquelles il se trouve, en plus de gravures. Au fur et à mesure de la lecture de ce manuscrit, on se familiarise avec les habitudes gourmandes de notre voyageur, il prend du lait le matin et aime particulièrement le sirop d'orgeat et les fruits confits. Parmi les dépenses les plus curieuses notons le «décrotteur de bottes» (4 sols), «l'échelle en abordant le paquebot» (12 s.), ou encore la mention «pour décharger [ses] effets» ou «pour [se] faire peser aux balances». Quatre feuillets sont consacrés à son carnet d'adresses, avec le nom de la personne qui le recommande, parmi eux on trouve plusieurs capitaines, colonels, ducs ou comtes ; ainsi que ses «connaissances & ouvriers» parmi lesquels un «shoes-maker» à Londres et à Oxford, ou encore le nom des changeurs qui «achettent des Louis». Un feuillet porte l'indication des commissions reçues dont il doit s'acquitter, parmi lesquelles «une épée en acier sans poignée», «du bon thé», ou un «remède contre la rage». Le second voyage, en Italie, se déroule du 9 octobre 1789 au 10 juillet 1790, toujours au départ de Dijon. Le récit du voyage, qui occupe 19 ff. puis 24 ff. (pour Naples), est suivi du compte de «dépense de route» (41 ff.). Lors de ce séjour italien, il traverse les villes de Turin, Milan, Gênes, Florence, Rome, Naples, etc., et visitera de nombreuses bibliothèques, palais, églises et cabinets. Il dîne avec plusieurs notables, notamment le célèbre cardinal de Bernis. Lors de sa visite à la bibliothèque du Vatican, il relève les «charmantes miniatures» et évoque un «Livre d'heures contre Luther envoyé au Pape en 1521 avec sa lettre». Manuscrit réglé, rédigé à l'encre brune, certains passages plus lisibles que d'autres. Quelques feuillets sont restés vierges. Reliure frottée avec manque au mors supérieur.