Beschreibung:

Monet, Claude LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À SA FEMME ALICE. [LONDRES], MARDI SOIR 10H [MARS 1900]. 3 p. petit in-8 (166 x 103 mm). Signée "Ton vieux Claude". En proie au doute, Monet critique violemment son travail. Il est à Londres, en pleine création de sa série des 19 toiles du Parlement de Londres (voir lot 137) et s'en veut de s'"acharner ainsi à faire des recherches au-dessus de [s]es forces". "Ma bonne chérie, combien je me suis senti coupable et malheureux hier soir en voyant le mal que je te faisais. Tu m’as pardonné j’espère en pensant toi-même à la peine que je devais avoir pour être en tel état. Le temps est resté le même mais hélas c’est moi et mes nerfs qui changent à chaque interruption de travail. Ce matin je n’y étais plus du tout mes affaires dispersées en désordre et la vue de mes toiles qui m’ont parus atroces, l’éclairage étrange. Bref, je ne pourrais arriver à rien de bon, c’est un encroutement entêté de couleurs et voilà tout mais ce n’est pas de la peinture. Je vais continuer encore cette semaine pour ne pas avoir de remords, mais j’ai grand peur que ce soit sans succès. Quelle fatalité me prend, de m’acharner ainsi à faire des recherches au-dessus de mes forces. Je n’ai à m’en prendre qu’à moi seul, à mon impatience, d’abord, et à ma faiblesse, si je fais jamais de bonnes choses. À présent ce ne serait que par hazard. Il y a chez moi une peine terrible et la moindre chose me perd. Enfin je fais ce que je peux, mais je sens que tout cela m’énerve, et me rend mauvais et méchant, moi qui t’aime tant".