Beschreibung:

PROUST, Marcel (1871-1922). À l'ombre des jeunes filles en fleurs. Paris: NRF, 28 février 1920.
PROUST, Marcel (1871-1922). À l'ombre des jeunes filles en fleurs. Paris: NRF, 28 février 1920. 2 parties en un volume in-4 raisin (326 x 212 mm). Portrait-frontispice d'après Jacques-Émile Blanche. (Quelques feuillets froissés.) En feuilles, non coupé sauf le premier cahier, sous portefeuille cartonné de l'éditeur peint de motifs floraux sur fond noir, liens de soie noire et blanche (portefeuille frotté, charnières fendues et partie supérieure du dos manquante, lacets de soie déchirés et en partie manquants). ÉDITION DE LUXE réservée à 50 souscripteurs et imprimée sur papier bible, celui-ci le n° XX. Chaque exemplaire était enrichi de placards d'épreuves corrigées montées sur deux grands feuillets. Les deux placards sont extraits de la seconde partie d' À l'ombre des jeunes filles en fleurs , "Nom de pays: le pays". Le premier placard (644 x 495 mm), composé d'épreuves corrigées entrecoupées de quelques passages manuscrits, porte en haut à gauche la mention "N° 4" au crayon violet. Cet extrait est notamment axé sur la figure de Mme de Villeparisis, amie d'enfance de la grand-mère du narrateur et grand-tante de Robert de Saint-Loup, dont traitent longuement les paragraphes du début et de la fin de ce placard. Les premières lignes dressent le portrait d'une aristocrate libérale et anticonformiste, "défendant contre [le narrateur et sa grand-mère] la République qu'elle acceptait et à laquelle elle ne reprochait son anticléricalisme que dans cette mesure: 'Je trouverais tout aussi mauvais qu'on m'empêche d'aller à la messe si j'en avais envie que d'y être forcée si je ne le veux pas'". Dans les dernières lignes, Proust prête à la marquise le discours de Sainte-Beuve sur les artistes et les écrivains, selon lequel leur valeur littéraire serait mesurable à leurs qualités d'homme de salon. Madame de Villeparisis n'aime pas l'oeuvre de Chateaubriand, car lorsqu'il rendait visite à son père "il se mettait à poser et était ridicule". À l'occasion de balades dans la voiture de Mme de Villeparisis, Marcel traverse la campagne de Balbec, ses églises couvertes de lierre et ses "belles filles". Les églises dont il a rêvé et qu'il découvre à présent suscitent en lui une longue réflexion sur la part d'imagination que contient le réel. Cette même réflexion se poursuit en prenant pour objet les jolies paysannes dont les bras et les pieds nus réveillent ses fantasmes et lui font découvrir le désir physique. C'est en Albertine Simonet, figure centrale du groupe de jeunes filles que Marcel rencontre à Balbec que ce désir trouvera son objet privilégié. Dans la version définitive, les deux passages consacrés à Mme de Villeparisis sont réunis et le texte est légèrement réagencé, ne subissant cependant que fort peu de modifications. Le second placard (647 x 498 mm), entièrement manuscrit, porte en haut à gauche la mention "Cahier violet n° 33". Il s'ouvre justement sur une description d'Albertine. Ce passage est une longue digression sur la part de rêve et de fantasme qui naît du désir de faire la rencontre d'une personne, cette part de rêve subsistant en partie une fois la rencontre faite. Les superpositions temporelles qui sont caractéristiques de la pensée du narrateur prennent ici toute leur saveur: l'image d'Albertine et de ses amies est à la fois celle, fantasmée, du moment qui précède la rencontre, celle glorieuse du moment de la rencontre, et celle plus concrète et pleine de souvenirs du moment de l'écriture, moment où tout ce petit groupe s'est désagrégé depuis longtemps. Ces deux placards forment une judicieuse paire, abordant tous deux de façon différente le thème de l'entrelacement du réel et de l'imagination.