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Auction archive: Lot number 150

Proust, Marcel

Estimate
€15,000 - €20,000
ca. US$19,009 - US$25,345
Price realised:
€32,500
ca. US$41,186
Auction archive: Lot number 150

Proust, Marcel

Estimate
€15,000 - €20,000
ca. US$19,009 - US$25,345
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€32,500
ca. US$41,186
Beschreibung:

Proust, Marcel LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À ROSNY AÎNÉ, S.D. [SEPTEMBRE 1919], 8 PAGES IN-12, SOUS CHEMISE DEMI-MAROQUIN MODERNE. IMPORTANTE LETTRE INÉDITE AU SUJET DU PRIX GONCOURT. L'écrivain Rosny aîné (1856-1940) s'affirma toujours comme un ardent partisan de Proust, qu'il avait connu à Cabourg en 1910. Comme le rapporte Painter, il disait à ses confrères : "Proust, c'est du nouveau". Il avait même été le seul à voter au Goncourt de 1913 pour Du côté de chez Swann, ce que Proust ne pouvait oublier. Surtout, c'est lui qui avait encouragé, et de manière décisive, l'écrivain à présenter À l'ombre des jeunes filles en fleurs au prix Goncourt 1919. Cette lettre - qui répond précisément à une lettre où Rosny aîné incitait Proust à se présenter (voir Painter, II, 368) - montre bien tout le désir que celui-ci avait d'obtenir le prix, en même temps que ses hésitations. Je ne puis vous dire à quelles profondeurs votre lettre me touche, commence Proust. Rosny vient en effet de lui écrire pour le féliciter de Pastiches et Mélanges (Gallimard, 1919) et lui dire tout son plaisir : Quand vous me dites que vous avez ri aux larmes du pastiche de Goncourt, je suis heureux autant que mon terrible état de santé me permet de l'être. Malade, il n'a justement pu faire paraître en même temps que les Jeunes Filles, les volumes suivants qui sont tous terminés. On se serait mieux rendu compte - poursuit-il - d'une construction rigoureuse, et que tant de lecteurs s'imaginent que je me suis contenté de me laisser aller au fil de mes souvenirs ! Rosny lui ayant promis sa voix au Goncourt, Proust en est extrêmement touché et s'en explique : J'ai beaucoup tenu au Prix Goncourt [en 1913], et cette année, pour bien des raisons, j'y tiens de nouveau. Mais il veut justement le sonder, et il le fait en répondant directement à l'objection qu'on lui fait souvent, son âge : Je crois savoir que vos confrères sont très bien disposés pour mon livre. S'ils avaient un scrupule quant à mon âge, vous pourriez leur dire que je n'avais pas 42 ans quand Swann a paru et déjà les épreuves du "Côté de Guermantes" étaient corrigées. Ce n'est pas ma faute si la guerre survenant alors, je suis resté cinq ans sans imprimeurs… Il résume : tout en ayant 47 ans, je suis un auteur de 42 ans. Mes pastiches avaient paru dès 1906 ou 7, dans le Figaro. Mes mélanges, plus tôt, au Mercure. Puis il s'excuse de répondre si tard : j'ai changé trois fois de "meublé" (la seule chose qu'on puisse trouver actuellement à Paris). Après avoir signé, Proust rajoute un long post-scriptum de trois pages, tout entier sur cette question du prix Goncourt qui l'obsède visiblement. Rosny croit-il qu'il doit faire parler à tel ou tel ? ou bien qu'il a tort de rechercher ce prix, qu'il me pose trop en "élève" à un âge où beaucoup sont plutôt membres des académies qu'ils n'en obtiennent des prix ? Mais qu'il ne se fatigue pas à lui écrire, lui-même est d'ailleurs très fatigué : il m'a fallu six tasses de café pour vous écrire ces huit pages. Il revient une dernière fois sur le prix : …les nouvelles que j'aie eues sont très favorables (sauf le cas où vous jugeriez fâcheux pour moi que j'eusse le prix). Importante lettre, qui montre les hésitations de Proust à concourir pour le prix Goncourt, évaluant ses chances auprès de Rosny aîné. Entièrement INÉDITE elle ne figure pas dans l'édition Kolb de la Correspondance de Proust.

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Proust, Marcel LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À ROSNY AÎNÉ, S.D. [SEPTEMBRE 1919], 8 PAGES IN-12, SOUS CHEMISE DEMI-MAROQUIN MODERNE. IMPORTANTE LETTRE INÉDITE AU SUJET DU PRIX GONCOURT. L'écrivain Rosny aîné (1856-1940) s'affirma toujours comme un ardent partisan de Proust, qu'il avait connu à Cabourg en 1910. Comme le rapporte Painter, il disait à ses confrères : "Proust, c'est du nouveau". Il avait même été le seul à voter au Goncourt de 1913 pour Du côté de chez Swann, ce que Proust ne pouvait oublier. Surtout, c'est lui qui avait encouragé, et de manière décisive, l'écrivain à présenter À l'ombre des jeunes filles en fleurs au prix Goncourt 1919. Cette lettre - qui répond précisément à une lettre où Rosny aîné incitait Proust à se présenter (voir Painter, II, 368) - montre bien tout le désir que celui-ci avait d'obtenir le prix, en même temps que ses hésitations. Je ne puis vous dire à quelles profondeurs votre lettre me touche, commence Proust. Rosny vient en effet de lui écrire pour le féliciter de Pastiches et Mélanges (Gallimard, 1919) et lui dire tout son plaisir : Quand vous me dites que vous avez ri aux larmes du pastiche de Goncourt, je suis heureux autant que mon terrible état de santé me permet de l'être. Malade, il n'a justement pu faire paraître en même temps que les Jeunes Filles, les volumes suivants qui sont tous terminés. On se serait mieux rendu compte - poursuit-il - d'une construction rigoureuse, et que tant de lecteurs s'imaginent que je me suis contenté de me laisser aller au fil de mes souvenirs ! Rosny lui ayant promis sa voix au Goncourt, Proust en est extrêmement touché et s'en explique : J'ai beaucoup tenu au Prix Goncourt [en 1913], et cette année, pour bien des raisons, j'y tiens de nouveau. Mais il veut justement le sonder, et il le fait en répondant directement à l'objection qu'on lui fait souvent, son âge : Je crois savoir que vos confrères sont très bien disposés pour mon livre. S'ils avaient un scrupule quant à mon âge, vous pourriez leur dire que je n'avais pas 42 ans quand Swann a paru et déjà les épreuves du "Côté de Guermantes" étaient corrigées. Ce n'est pas ma faute si la guerre survenant alors, je suis resté cinq ans sans imprimeurs… Il résume : tout en ayant 47 ans, je suis un auteur de 42 ans. Mes pastiches avaient paru dès 1906 ou 7, dans le Figaro. Mes mélanges, plus tôt, au Mercure. Puis il s'excuse de répondre si tard : j'ai changé trois fois de "meublé" (la seule chose qu'on puisse trouver actuellement à Paris). Après avoir signé, Proust rajoute un long post-scriptum de trois pages, tout entier sur cette question du prix Goncourt qui l'obsède visiblement. Rosny croit-il qu'il doit faire parler à tel ou tel ? ou bien qu'il a tort de rechercher ce prix, qu'il me pose trop en "élève" à un âge où beaucoup sont plutôt membres des académies qu'ils n'en obtiennent des prix ? Mais qu'il ne se fatigue pas à lui écrire, lui-même est d'ailleurs très fatigué : il m'a fallu six tasses de café pour vous écrire ces huit pages. Il revient une dernière fois sur le prix : …les nouvelles que j'aie eues sont très favorables (sauf le cas où vous jugeriez fâcheux pour moi que j'eusse le prix). Importante lettre, qui montre les hésitations de Proust à concourir pour le prix Goncourt, évaluant ses chances auprès de Rosny aîné. Entièrement INÉDITE elle ne figure pas dans l'édition Kolb de la Correspondance de Proust.

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