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Auction archive: Lot number 496

PROUST, Marcel. Lettre autographe signée à un critique. Sans date [datable entre 1919 et 1922

Estimate
€20,000 - €30,000
ca. US$23,702 - US$35,553
Price realised:
€40,000
ca. US$47,404
Auction archive: Lot number 496

PROUST, Marcel. Lettre autographe signée à un critique. Sans date [datable entre 1919 et 1922

Estimate
€20,000 - €30,000
ca. US$23,702 - US$35,553
Price realised:
€40,000
ca. US$47,404
Beschreibung:

PROUST, Marcel. Lettre autographe signée à un critique. Sans date [datable entre 1919 et 1922] Longue lettre d'un Proust profondément blessé une critique négative . Il est connu depuis fort longtemps que Proust, sous divers pseudonymes, écrivit des critiques élogieuses sur ses propres ouvrages. Il semble être moins tolérant quand ces critiques émanent d'autres que lui et qui appuie, comme souvent et à tort, sur la mondanité de Proust. Il le remercie d’abord, " comme il se doit ", mais non sans ironie, son correspondant, pour un article publié dans Le Gaulois : " Je suis fier de vous avoir inspiré cette page superbe et d’une ingéniosité qui se continue sans défaillance pas qu’à la dernière ligne où elle est consommée . Vous êtes bien indulgent pour mes qualités, bien aimable de me trouver des défauts, et c’est sans en prendre aucun ‘ombrage’ mais au contraire avec un vif plaisir que j’ai lu ce que vous dites de mon livre ". Ensuite, le ton change et Proust, profondément blessé par certaines remarques de son correspondant, rappelle son état de santé : " Mais puisqu’enfin je suis ‘ombrageux’ c’est d’une autre façon que je le montrerai. Vous avez l’air de croire ‘mondain’ quelqu’un qui reste des mois sans se lever une seule minute, même dans sa chambre, puis un beau jour se lève à une heure indue et expie cela par des semaines de souffrance et de réclusion. Néanmoins, quand par hasard (cela m’est arrivé trois fois depuis trois ans), il m’est arrivé de sortir un jour que je pouvais me lever, (…) j’ai fait aussitôt téléphoner à quelques personnes indulgentes qui comprendraient l’instantané involontaire de ma décision (…) Si vous vouliez me faire un grand plaisir, vous m’affranchirez du scrupule de ‘révérence’ qui m’a empêché d’agir aussi familièrement avec vous, et si de tels jours renaissent dans ma pauvre vie où chaque jour la parole s’embrouille davantage et les jambes flageolent, de me dire le sésame, le téléphone du club ou du domicile où je puis vous aviser. Que ma vie actuelle vous soit inconnue, je le comprends, bien que Jacques de Lacretelle qui ne m’a jamais trouvé que couché ait dû pourtant vous la dire, mais ma vie ne fut pas toujours telle. Du vivant de mes parents, je me levais encore, je recevais quelquefois. Est-ce à cette époque de ma vie que je dois faire remonter les ‘listes’ imaginaires que vous me supposez et que je n’ai bien entendu jamais eues ! Je crois en tout cas qu’alors, à défaut d’inexistantes "listes", la mémoire du cœur suffisant quand j’avais des amis, à ne pas oublier de vous convier. Encore un ‘ombrage’, entre tant de gratitude et d’admiration" . Proust évoque ensuite un de ses articles paru dans La Revue de Paris , qu’il avait fait parvenir au destinataire de la lettre : " Le remerciement ne se fit pas attendre. Quarante-huit heures (peut-être quelques jours) après je recevais une ‘coupure’ de L’Information signée Hermant. Cette coupure signalait la suffisance qu’il y avait de ma part à dire ‘Mon ami le marquis un tel’, si ce n’avait été sur le désir gentiment exprimé par le dit marquis. Exprimé par lettre, car ma santé ne m’a pas permis de retourner chez lui ni de le recevoir chez moi, depuis (…) un an. La même coupure (elle n’était pas longue pourtant) m’accusait de ‘loucher du côté des Guermantes ». Cher ami, hélas ou heureusement, c’est bien le contraire. ‘Vous qui me connaissez’, vous savez que j’en ai connu beaucoup, et tout jeune. Vraiment, je n’aurais pas à ‘loucher’ de ce côté-là, et me contenterait poliment de ne pas répondre à leurs œillades, mais même ce ‘poliment m’est interdit par ma santé ’. (…) Vous vous demandez comment j’ai alors la force de vous écrire tant d’insanité. C’est que j’ai pris beaucoup de caféine pour pouvoir le faire. Et c’est un remontant dont je ne peux user beaucoup, de sorte que je ne vis pas que tout le temps seulement couché, mais inerte, la tête contre le mur dans une nuit polaire, puisqu’elle dure aussi bien le temps du jour. J’ai honte de parler autant de

Auction archive: Lot number 496
Auction:
Datum:
28 Nov 2017
Auction house:
Christie's
Paris
Beschreibung:

PROUST, Marcel. Lettre autographe signée à un critique. Sans date [datable entre 1919 et 1922] Longue lettre d'un Proust profondément blessé une critique négative . Il est connu depuis fort longtemps que Proust, sous divers pseudonymes, écrivit des critiques élogieuses sur ses propres ouvrages. Il semble être moins tolérant quand ces critiques émanent d'autres que lui et qui appuie, comme souvent et à tort, sur la mondanité de Proust. Il le remercie d’abord, " comme il se doit ", mais non sans ironie, son correspondant, pour un article publié dans Le Gaulois : " Je suis fier de vous avoir inspiré cette page superbe et d’une ingéniosité qui se continue sans défaillance pas qu’à la dernière ligne où elle est consommée . Vous êtes bien indulgent pour mes qualités, bien aimable de me trouver des défauts, et c’est sans en prendre aucun ‘ombrage’ mais au contraire avec un vif plaisir que j’ai lu ce que vous dites de mon livre ". Ensuite, le ton change et Proust, profondément blessé par certaines remarques de son correspondant, rappelle son état de santé : " Mais puisqu’enfin je suis ‘ombrageux’ c’est d’une autre façon que je le montrerai. Vous avez l’air de croire ‘mondain’ quelqu’un qui reste des mois sans se lever une seule minute, même dans sa chambre, puis un beau jour se lève à une heure indue et expie cela par des semaines de souffrance et de réclusion. Néanmoins, quand par hasard (cela m’est arrivé trois fois depuis trois ans), il m’est arrivé de sortir un jour que je pouvais me lever, (…) j’ai fait aussitôt téléphoner à quelques personnes indulgentes qui comprendraient l’instantané involontaire de ma décision (…) Si vous vouliez me faire un grand plaisir, vous m’affranchirez du scrupule de ‘révérence’ qui m’a empêché d’agir aussi familièrement avec vous, et si de tels jours renaissent dans ma pauvre vie où chaque jour la parole s’embrouille davantage et les jambes flageolent, de me dire le sésame, le téléphone du club ou du domicile où je puis vous aviser. Que ma vie actuelle vous soit inconnue, je le comprends, bien que Jacques de Lacretelle qui ne m’a jamais trouvé que couché ait dû pourtant vous la dire, mais ma vie ne fut pas toujours telle. Du vivant de mes parents, je me levais encore, je recevais quelquefois. Est-ce à cette époque de ma vie que je dois faire remonter les ‘listes’ imaginaires que vous me supposez et que je n’ai bien entendu jamais eues ! Je crois en tout cas qu’alors, à défaut d’inexistantes "listes", la mémoire du cœur suffisant quand j’avais des amis, à ne pas oublier de vous convier. Encore un ‘ombrage’, entre tant de gratitude et d’admiration" . Proust évoque ensuite un de ses articles paru dans La Revue de Paris , qu’il avait fait parvenir au destinataire de la lettre : " Le remerciement ne se fit pas attendre. Quarante-huit heures (peut-être quelques jours) après je recevais une ‘coupure’ de L’Information signée Hermant. Cette coupure signalait la suffisance qu’il y avait de ma part à dire ‘Mon ami le marquis un tel’, si ce n’avait été sur le désir gentiment exprimé par le dit marquis. Exprimé par lettre, car ma santé ne m’a pas permis de retourner chez lui ni de le recevoir chez moi, depuis (…) un an. La même coupure (elle n’était pas longue pourtant) m’accusait de ‘loucher du côté des Guermantes ». Cher ami, hélas ou heureusement, c’est bien le contraire. ‘Vous qui me connaissez’, vous savez que j’en ai connu beaucoup, et tout jeune. Vraiment, je n’aurais pas à ‘loucher’ de ce côté-là, et me contenterait poliment de ne pas répondre à leurs œillades, mais même ce ‘poliment m’est interdit par ma santé ’. (…) Vous vous demandez comment j’ai alors la force de vous écrire tant d’insanité. C’est que j’ai pris beaucoup de caféine pour pouvoir le faire. Et c’est un remontant dont je ne peux user beaucoup, de sorte que je ne vis pas que tout le temps seulement couché, mais inerte, la tête contre le mur dans une nuit polaire, puisqu’elle dure aussi bien le temps du jour. J’ai honte de parler autant de

Auction archive: Lot number 496
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Datum:
28 Nov 2017
Auction house:
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