Beschreibung:

RARE PARTITION ET RECUEIL ORIGINAL DE "LA FÊTE DU CHÂTEAU, INTERMÈDE EN II ACTES ET EN PROSE MÊLÉ D'ARIETTES, REPRÉSENTÉ AU THÉÂTRE DE MILLEMONT LE 19 NOVEMBRE 1781". Dans une importante reliure en maroquin rouge doré aux fers, aux armes d'alliance Rigoley d'Ogny et d'Alencé, dos portant l'inscription "Fête du Château", les plats intérieurs en moire de soie bleu-ciel, une aquarelle originale figurant le Temple de l'Amitié animée de personnages et monogrammée RD, la partition et les textes manuscrits à la plume d'oie et calligraphiés en rehauts de brun-rouge. Epoque Louis XVI. Reliure: H. 36,5 cm - L. 27 cm Aquarelle: H. 36 cm - L. 25,5 cm Le précieux document, que nous avons le plaisir de présenter, offre un triple intérêt, historique, social et musical sur le rôle du théâtre en France dans le dernier tiers du XVIIIème siècle. L'inauguration de l'opéra de Versailles en 1770 avait suscité l'émotion dans les milieux cultivés de l'époque et la construction du théâtre de Trianon en 1780 à la demande de la Reine Marie-Antoinette, sous une forme cette fois plus modeste, fit des émules dans les provinces françaises dont les châteaux se parèrent de petits théâtres privés et dont il ne subsiste que 30 exemplaires parmi lesquels Brissac, Groussay et Millemont qui n'échappa pas à la règle. Le rôle social du théâtre devient important à l'époque, pour afficher d'abord l'intérêt pour les arts de son propriétaire, fédérer autour de lui une société cultivée et intégrer enfin sa domesticité. Ainsi en témoigne la distribution des rôles de "la Fête du Château" où garde-chasse et paysans ont leur bonne place, certes parmi les figurants. Enfin, il n'est pas inutile de souligner la vraie richesse de la partition musicale en elle-même. Rédigée pour 5 instruments (2 violons, un alto, une basse-continue et une flûte à bec), elle reprend le mode d'écriture musicale de l'époque, en y mêlant les voix (soprano, contralto, ténor, basse) et un choeur final (d'ailleurs souvent repris en choeur par l'assistance). Le décor est habituel, en deux actes, avec un hameau et un jardin (quand il y avait 3 actes, on y ajoutait "une chambre rustique" en premier tableau, le second étant "un hameau en forêt" à 6 châssis, le dernier toujours un "jardin"). L'écriture musicale que nous avons eu le privilège de jouer s'apparente à celle de Glück, avec deux fois quatre mouvements et un choeur final. Cet émouvant témoignage prend toute sa valeur par son aspect très moderne en référence au nouveau mode d'expression musicale introduit par Glück dans les années 1770 et les idées de réforme de l'Opéra soutenues à Paris notamment par Diderot, Rousseau, Grimm ou Voltaire. Ainsi, dans notre partition, se développe l'idée d'une plus grande fluidité entre l'air et le récitatif pour accentuer l'intensité dramatique dans le temps jusqu'au dénouement dans le choeur final, assurément repris par l'assemblée. Enfin, fidèle aux préceptes du temps, "la Fête du château" s'achève par un hommage à la nature, cette nature chère à Rousseau, qui enfante les beaux sentiments et se conclut en choeur par les paroles: "Estil un plus cher assemblage, ces enfants de la nature, c'est l'image de l'Amour, ce sont les Présents de la nature".