Beschreibung:

SARTRE (Jean-Paul-. Manuscrit autographe intitulé « Les affections du cœur », Sartre avait écrit puis rayé « Les mots ». 25 ff. dont un blanc, avec transcription dactylographiée, le tout relié en un volume in-folio de demi-maroquin à coins rouge, dos lisse, (Alix). UN DES PLUS RICHES MANUSCRITS PREPARATOIRES CONNUS A CE QUI DEVIENDRAIT LES MOTS, apparemment demeuré inconnu aux éditeurs de la Pléiade. UN CHANTIER AUTOBIOGRAPHIQUE DE PLUS DE DIX ANNEES : Jean-Paul-Sartre commença vers 1952-1953 à prendre des notes, auxquelles il fit ensuite subir une importante réécriture en 1954, puis les retoucha à la marge avant de les abandonner en 1956. Il les reprit et les amenda une dernière fois en 1963. Les Mots parurent alors dans Les Temps modernes en octobre et novembre 1963, puis en librairie en janvier 1964, rencontrant un vif succès et demeurant un des ouvrages les plus lus de Jean-Paul-Sartre. UNE EBAUCHE QUI CONCENTRE PLUSIEURS DES THEMES ESSENTIELS QUI SERAIENT DEVELOPPES DANS LE TEXTE DEFINITIF : l'illusion d'une vocation, d'un destin d'écrivain, le sentiment d'une réalité livresque de l'existence, l'affirmation que la liberté de l'homme en général et de l'intellectuel en particulier se détermine par ses choix conscients. Et l'on voit comment Jean-Paul-Sartre s'applique à lui-même la méthode qu'il avait forgée pour ses essais consacrés à Baudelaire ou Genet, une dialectique non conclusive qui mêle psychanalyse, philosophie et histoire sociologique. « ON NE PEUT JAMAIS PARLER DES AMES A MOINS D'AVOIR LA COMPLAISANCE ENTIERE DU LECTEUR. LES MOTS SONT TROP LOURDS : nommer une tristesse, la décrire, c'est lui donner souvent une pesanteur qu'elle n'a pas , on la condense si fort qu'on fait de ce nuage une pierre. Oui. J'ai perdu bien des après-midi à chercher une transmutation de l'être. Mais tout cela ne me paraissait pas si grave. C'est à peine s'y j'y gagnai quelques énervements. Et c'est l'autre difficulté : les images suggèrent mais elles sont bien incommodes : [Sartre a réécrit le début de cette dernière phrase : « ... énervements. JE ME RENDAIS COMPTE QUE JE NE POUVAIS PAS "CHANGER LA VIE" : MAIS MOI, J'AVAIS CHANGE. JE LE SAVAIS AUSSI. LES MOTS NE SUFFISENT PAS A DECRIRE LES AMES, LES IMAGES NON PLUS, »] on les prend où l'on peut, c'est à dire dans l'espace , elles durent un moment puis se figent , il faut en choisir d'autres, dans l'espace aussi, qui se pressent à leur tour et contredisent les premières... » (f. 1). « ... CAR ENFIN JE NE ME FORÇAIS PAS A SOUFFRIR : J'ECRIVAIS. JE CREAIS. JE CONCEVAIS LA CREATION COMME UN ACTE SOLITAIRE, QUI M'ENGENDRAIT. La nécessité s'était communiquée aux livres : je trouvais beau le mot impossible et attendu. C'est ce que je voulais faire et je voulais qu'en surgissant il provoquât chez moi le sentiment d'attente comblée qu'il provoquait chez les autres. Pour me sentir naître. Cette liaison de la renaissance et de la mort m'a toujours frappé. J'écrivais pour racheter ma naissance dont je n'étais pas satisfait et pour m'en donner une autre dans le cœur des hommes. mais cette nouvelle naissance n'était pas suivie d'une nouvelle vie : elle suivait une mort ou la provoquait. Je me proposais un long travail de gestation qui me permît tout à coup la naissance spirituelle ou gloire ou mort de ma vie charnelle. LA VOCATION AVAIT CECI DE MERVEILLEUX POUR MOI QU'ELLE M'ETAIT LE BESOIN DE VOULOIR ECRIRE. C'ETAIT ECRIT QUE J'ECRIRAIS... » (ff. 6-7). « J'AI COMMIS LA PIRE IMPRUDENCE, J'AI REGARDE EN MOI... »