Beschreibung:

Statue Mumuye - NIGERIA Bois H. 90 cm Provenance Collection Jean-Michel-Huguenin, Paris, collectée par lui en 1967 Exposition La Monnaie de Paris, Fragments du vivant Bibliographie Paudrat J.L. et al., Fragments du vivant, p. 119 Statue longiligne à la tête arrondie et au visage en forme de coeur allongé. Celui-ci est ceint des deux côtés par des rabats verticaux qui représentent les oreilles. Les yeux sont indiqués par des incisions circulaires rehaussées de blanc. Les lignes parallèles tracées horizontalement sur le front et les tempes imitent les dessins en relief de scarifications. LA STATUAIRE MUMUYE Les groupes de cultivateurs sédentaires amalgamés sous la dénomination générique mumuye habitent la région montagneuse au nordest du Nigéria, au sud du fleuve Bénoué. Ils sont à l'origine de sculptures figuratives d'une grande abstraction géométrique. La manière de représenter la figure humaine des sculpteurs mumuye repose sur des conventions formelles qui diffèrent non seulement d'un groupe à l'autre, mais aussi au sein d'un même groupe. Cependant, les sculptures présentent toutes des caractéristiques qui rendent leur ethnie d'origine facilement reconnaissable: le traitement abstrait et tout en longueur du corps humain - l'allure générale étant clairement plus importante que le détail de la finition -, le vide entre les bras et le buste, le visage stylisé émergeant à peine de larges coiffes ou casques, et leur asymétrie générale qui est utilisée par les sculpteurs comme un dispositif expressif (Herreman & Petridis, 2016, p. 31-33). Les ethnologues qui ont étudié la culture mumuye depuis le milieu du 20e siècle (Charles Kingsley Meek, Mette Bovin, Arnold G. Rubin) rapportent les multiples fonctions de ces statues - qui pourtant restent à préciser avec certitude: selon les cas, elles s'inscriraient dans une fonction thérapeutique, divinatoire, ou renforceraient le statut et le prestige de leur détenteur, souvent un ancien. En tant que gardiennes de maison, on les retrouve près des cases des Maîtres de la pluie et leur présence dans l'entourage des forgerons est également attestée. Ces statues ont été introduites sur le marché international de l'art pendant et juste après la guerre civile au sud-est du Nigeria (1967- 1970), connue sous le nom de «guerre du Biafra». Le Français Philippe Guimiot, habitant à l'époque au Cameroun, fut l'un des premiers à en collectionner, suivi par son associé de l'époque Jacques Kerchache. De même, les marchands français Edouard Klejman et Jean-Michel-Huguenin contribuèrent à faire découvrir ce style - aujourd'hui considéré comme majeur au sein des arts africains - au public occidental à travers une exposition en 1968 à la galerie parisienne Majestic. A cette occasion, Liliane et Michel Durand-Dessert acquirent les lots 97, 99 et 100 présentés dans cette vente. Le traitement abstrait et tout en longueur du corps humain de la statuaire mumuye lui a valu d'être rapproché des oeuvres de Constantin Brancusi et d'Alberto Giacometti (Rosalind Krauss dans William Rubin, Primitivism in Twentieth-Century Art: Affinity of the Tribal and the Modern, New York: Museum of Modern Art, 1984, vol. II, p. 531). Une influence directe de cette statuaire sur l'artiste britannique Henry Moore est attestée par ses carnets de croquis et écrits de 1922-1924 (Alan G. Wilkinson dans ibid., p. 597). Références bibliographiques: Frank Herreman & Constantin Petridis, Mumuye: Sculptures du Nigeria. La figure humaine réinventée, Milan, 5 Continents Editions, 2016 Marla C. Berns et al., Central Nigeria Unmasked: Arts of the Benue River Valley, Los Angeles, Fowler Museum at UCLA, 2011