Beschreibung:

Un unicum : le portrait tissé du comte d’Artois par La Selve Buste de profil droit, soie tissée, camaïeu gris, en trompe-l’oeil d’un camée. Signature tissée du dessinateur DAUTENCOURT DEL. sous la découpe du buste. Au bas du sujet, titre tissé en lettres capitales sur cinq lignes : MONSIEUR. COMTE D’ARTOIS/FRABRIQUÉ SUR UN METIER D’ETOFFE/UNIE. PAR JN. JH. HI. DE LA-SELVE FILS/DE LYON.DECORÉ DU LYS/BREVETÉ DU ROI. Monté d’origine dans son cadre en bois et stuc doré à vue ovale ; sur la gorge, lyres et palmettes alternées et une fleur de lys dans les quatre écoinçons. Dimensions du cadre : 44 x 37 cm, dimensions à vue : 30 x 24 cm. Cet encadrement semble n’avoir jamais été ouvert ; au revers, l’étiquette d’un encadreur à Troyes. Il s’agirait de la seule oeuvre certaine de Jean-Joseph-Henri de La Selve (1800 ?-1869), fils de Pierre-Henri-de La Selve (1772-1844), fondateur de la première école de tissage des soies à Lyon, issu d’une dynastie de soyeux lyonnais originaires du Vivarais. D’après une étude récente écrite par un de ses descendants1, Jean-Joseph-Henri se spécialise tout jeune dans les portraits tissés. En 1816, il aurait réalisé le portrait du roi Louis XVIII qu’il offrit à la Chambre de Commerce de Lyon, pièce aujourd’hui perdue. Un peu plus tard, il tisse le portrait du frère du roi, le Comte d’Artois, avant 1824 par conséquent, date où ce dernier devient Charles X. L’auteur de cette étude précise : » portrait resté dans la famille, religieusement transmis de fils aîné en fils aîné, dont nous avons une assez bonne photographie « . Cette photographie reproduite dans cette étude, dans le même encadrement, correspond exactement à la pièce que nous présentons aujourd’hui. Celle-ci, retrouvée par hasard, serait donc à ce jour un unicum, bien qu’il soit vraisemblable que la mise en carte d’un tel prodige technique ait pu donner lieu à l’époque au tissage d’un petit nombre d’exemplaires dont nous n’avons aucune trace. Manifestement, La Selve se met ici dans les pas du créateur de ces portraits tissés de souverains, le célèbre Philippe de Lassalle. Ce dernier avait déjà tissé en 1773 le portrait de ce même Comte d’Artois (1757-1836)2. La comparaison de ces deux effigies, dans le même sens, est intéressante : chez Philippe de Lassalle, le comte d’Artois, alors âgé de 16 ans, est coiffé d’une perruque bouclée nouée d’un catogan, l’épaule couverte du grand cordon d’un ordre royal ; chez Jean-Joseph-Henri de La Selve, le comte d’Artois, à la soixantaine, porte les cheveux courts alors à la mode, vêtu d’un uniforme avec épaulette à franges. Bien sûr le choix du sujet et les mentions dont l’auteur a fait suivre son nom au bas de ce portrait, ont une connotation politique évidente. La décoration du lys, créée en 1814, fut très largement distribuée à tous les sympathisants et il n’a pas été retrouvé à quoi correspond la mention Breveté du Roi. Cette pièce, qui était inconnue et donc inédite dans la bibliographie textile, complète la belle série des portraits de personnalités politiques, tissés à Lyon au début du XIXe siècle par les plus grandes maisons, Pernon, Dutilleu & Théouleyre, Gantillon, Maiziat, Mathevon & Bouvard Certaines fois, ces portraits furent l’objet de présent à l’occasion du passage à Lyon de ces personnalités, d’autres fois ils furent tissés afin d’être distingués aux Expositions des Produits de l’Industrie pour leurs prouesses techniques. 1.S. La Selve, Pierre-Henry-La Selve, 1772-1844. Première école de tissage des soies à Lyon, Marseille 2004 (?), p.16. 2.Musée des Tissus de Lyon. Portrait tissé, inv.MT 2857 ; mise en carte, inv. MT 25081. Remerciements : Florence Charpigny, ingénieur CNRS – Pascale Steimetz-Le Cacheux, Musée des Tissus de Lyon. 44 x 37,5 cm