Beschreibung:

VIERGE À L'ENFANT Pierre calcaire et reste de polychromie d'origine H.: 110 cm - l.: 56 cm France (Bourbonnais) - Saint Aubin sur Loire Vers 1500 Manque une partie de l'oiseau et la main gauche de l'Enfant, légers accidents Marie occupe une place prééminente dans l'Eglise et son image est présente dès les premiers temps du christianisme. Parmi des types de représentation très divers, la Vierge de tendresse s'impose à partir du XIIIème siècle. La mère aimante, représentée debout, présente l'Enfant dans un geste calme et serein. Elle se substitue à la Vierge reine des représentations en majesté. Silhouette puissante et élégante, la Vierge de Saint - Aubin sur Loire porte Jésus sur le bras gauche conformément à la tradition. L'autre main, comme souvent en Bourbonnais, tient l'oiseau (mutilé) annonciateur de la Passion, qui lui sert d'attribut. Le visage allongé, aux yeux étirés en amande, à la bouche pulpeuse, au nez fort, revêt une expression énigmatique. Le front épilé haut, bombé et dégagé, reflète la mode aristocratique de la fin du XVème siècle. La longue chevelure, rejetée vers l'arrière, retombe sur les épaules en légères ondulations. Le visage est dépourvu de voile et de couronne. Peut-être a t il porté une couronne d'orfèvrerie, aujourd'hui disparue? Ces caractères définissent un courant stylistique propre au Bourbonnais, qui se retrouve dans la disposition des yeux (cf. sainte Madeleine de l'église saint Pierre de Montluçon), le front haut (cf. Vierge d'Olivet), la ligne du corps et le drapé du vêtement, qui conserve d'importantes traces de polychromie, rouges et bleues. Les étoffes épaisses et les plis amples et lourds enveloppent le corps. Le hanchement est peu marqué, la stature solide. Mais on devine l'avancée de la jambe droite, qui imprime à la base du drapé une belle tombée et un balancement des plis qui dégage la bordure du manteau. Ourlée de perles, elle porte une inscription gothique finement ciselée, à la manière d'un phylactère. Motif répété sur le ruban du corsage qui dégage le cou. "La bordure du manteau de la Vierge est faite par l'écriture de la salutation angélique en fort belles lettres majuscules de l'époque" (Docteur Guillaume- Joseph Bailleau 1830-1909 "Histoire de ma collections"). L'enfant au visage rond tourne son regard vers l'extérieur (cf. Vierge bourbonnaise du musée du Louvre) et pose sa main potelée sur l'oiseau. Avec la vierge de l'église de Saint Galmier, c'est l'une des plus ornées des vierges bourbonnaises, nombreuses en terre d'Allier, car le culte marial est une tradition ancienne chez les Bourbons. Jean II a fondé une chapelle dédiée à la Vierge de l'Immaculée Conception dans la collégiale de Moulins. La sculpture bourbonnaise de la Renaissance témoigne d'une intense circulation artistique le long de la Loire "voie royale de l'art français", et particulièrement de l'influence de Michel Colombe dans les dernières décennies du XVème siècle. Bien que l'église de saint Aubin sur Loire se situe à l'est de la province, aux confins avec la Bourgogne, cette dernière ne joue plus le rôle moteur qu'elle connut sous le règne des Grands Ducs. L'effacement de cette influence se fait au profit d'un art plus calme, plus mesuré, plus précieux, qui a produit, outre les vierges de tendresse, les remarquables statues du château de Chantelle, résidence de Pierre II de Bourbon et d'Anne de France. Bibliographie: - A. Cantillé "Marie en auvergne, Bourbonnais et Velay", ed. Borée Eds, 2001 - J.M. Guilloët "La sculpture du Val de Loire au XVème siècle: une école introuvable?", revue 303 75, 2003, pp. 250- 259 - Catalogue d'exposition "France 1500, entre Moyen âge et Renaissance, ed. de la RMN, Paris, 2010, pp. 159 et svt