Beschreibung:

École française, vers 1801 Étude pour une colonne commémorative des guerres de la Révolution. Graphite et lavis brun sur papier. H. 29 x L. 19 cm. Oeuvres en rapport Notre dessin est à rapprocher du Projet d'obélisque, conservé au Musée Carnavalet (inv. D.3025) qui présente la même technique, les mêmes dimensions et les mêmes caractéristiques visuelles (petits personnages en pied de page ; lavis éclairci pour simuler un chemin, en bas au centre ; police d’écriture sur le monument, etc.). Historique Ces deux projets sont certainement destinés au concours, organisé par Lucien BONAPARTE, pour l’érection de colonnes départementales, tel que le requérait le décret du 29 ventôse An VII (20 mars 1800) : « La plus grande place du chef-lieu recevra une colonne portant le nom des militaires morts sur le champ de bataille (...), [et] il sera érigé une grande colonne nationale sur la place de la Concorde ». L’article 9 fixait que « les formes et les dimensions de ces colonnes seront arrêtées par un jury d’artistes », qui sera composé de Jacques-Louis David Jacques-Guillaume Legrand et Pierre Fontaine. Pressé de fêter la victoire de Marengo (14 juin 1800), qui couvrit son frère d’honneur en mettant fin à la Campagne d’Italie, Lucien Bonaparte fit solliciter des architectes de toutes les provinces de France, de même que des ingénieurs des Travaux Publics et des Ponts et Chaussées. 300 projets furent reçus et exposés dans le salon de l’Institut, au Louvre, courant Vendémiaire An IX (août-septembre 1800). Mais, passée l’excitation de la nouveauté, on n’érigea qu’un modèle, en toile et en bois, de la « colonne nationale », destinée à la place de la Concorde, laquelle fut la cible de nombreuses critiques, pour être finalement démolie le 27 vendémiaire An X (19 octobre 1801). La colonne départementale de Paris, prévue pour la place Vendôme, subit de nombreuses altérations de programme iconographique au gré de l’ascension de Napoléon, avant de devenir la colonne d’Austerlitz ou colonne Vendôme que nous connaissons tous. Nos deux projets montrent une grande variété de décors et de typologies, preuve de la créativité de leur auteur, hélas anonyme. D’un côté, un obélisque au décor dans le goût des hiéroglyphes, reposant sur une section carrée ornée d’une allégorie de la Victoire, sculptée en bas-relief, et l’inscription « Aux héros françois », reposant elle-même sur une base carrée où sont gravés, sur trois colonnes, les noms des « Chasseurs. Dragons. Hussards », reposant, enfin, sur une fontaine à quatre bouches. De l’autre, une colonne dorique ; surmontée d’une sculpture en ronde-bosse d’une Minerve ou d’un Mars, armé et casqué ; cannelé au deux-tiers supérieurs, orné, dans le tiers inférieur, d’une Renommée, ailée, tenant un aulos, juchée sur un globe, reposant sur une base carrée où sont gravés, sur cinq colonnes couronnées de lauriers, les noms des défunts, avec, en pied, l’inscription « A la victoire ». Cette construction repose elle-même sur une large base carrée, décorée sur ses faces, d’un grand bas-relief figurant une bataille, encadrée de cippes carrés, chacun surmonté d’athéniennes fumantes. Là où le projet de Carnavalet évoque, par son répertoire, la campagne d’Égypte (de funeste mémoire : échec militaire final et abandon de ses troupes par Napoléon), et semble plutôt insister sur l’aspect funéraire du monument, avec sa dédicace « aux héros françois », et des motifs d’amphores cinéraires ; le nôtre reflète davantage l’envie qu’auront les Bonaparte, Napoléon comme Lucien, d’insister sur la commémoration victorieuse de Marengo, piédestal des ambitions du futur empereur. Fiche réalisée par M. Pierre-Antoine Martenet, expert. (+33 6 08 17 28 49)