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Auction archive: Lot number 165

Camille SAINT-SAËNS

Estimate
€1,200 - €1,500
ca. US$1,721 - US$2,152
Price realised:
€2,800
ca. US$4,017
Auction archive: Lot number 165

Camille SAINT-SAËNS

Estimate
€1,200 - €1,500
ca. US$1,721 - US$2,152
Price realised:
€2,800
ca. US$4,017
Beschreibung:

Manuscrit autographe, et 2 L.A.S. à Henri Heugel, Londres 5-13 juin 1898 ; 6 pages in-fol. et 6 pages in-8 (une à en-tête The Grosvenor Hotel). Amusante satire du wagnérisme, parue anonymement sous le titre Une lettre curieuse dans Le Ménestrel du 12 juin 1898. L'article prétend donner des fragments d'une lettre d'un « jeune compositeur », qui confie ses projets et évoque « l'avenir de la jeune école ». Téméraire, il critique le « Maître » d'être « resté à moitié chemin » de son ambition : « L'importance donnée à la voix diminuant d'oeuvre en oeuvre, il devait arriver à la supprimer tout à fait ; c'est ce qu'il a essayé dans le 3me acte de Parsifal. Là où reste non plus le chant, mais encore la parole, il est nécessaire qu'elle soit entendue, et le développement symphonique, qui doit être le drame lui-même, est entravé. Il faut donc nécessairement, après la suppression du chant, en venir à celle de la parole, que remplacera la mimique ; une mimique étudiée, perfectionnée, rythmée ; la démarche des chevaliers du Graal, le rôle de Kundry nous montrent déjà la route. Dès lors, nous pouvons débrider l'orchestre, lâcher ce Pégase en pleine liberté »... Il faudra ne plus jouer que pour des « initiés », des « élus capables de voir, d'entendre et de comprendre » ; l'orchestre prendra la place des « inutiles »... Quant aux personnages du drame lyrique de l'avenir, la femme « réfléchira sur ses multiples facettes tous les aspects de la femme, depuis Ève jusqu'à nos jours. Pour la comprendre, il sera nécessaire d'avoir étudié à fond l'histoire de tous les peuples, toutes les philosophies et toutes les mythologies »... Le héros sera chaste, mais tenté, d'où le drame : « Succombera-t-il comme Tannhäuser, résistera-t-il comme Parsifal ? Grave question que je crois avoir résolue d'une façon assez ingénieuse. Après une résistance surhumaine, le héros cèdera aux charmes de la femme ; et furieux d'avoir perdu sa virginité sacrée, - car elle sera sacrée, - il maudira l'amour avec d'épouvantables serments. Cette malédiction lui donnera le pouvoir de conquérir une épée enchantée. Avec cette épée il tuera un dragon ; le dragon avant d'expirer lui révélera des syllabes magiques, empruntées à une ancienne langue oubliée, grâce auxquelles il recouvrera sa virginité perdue »... Revenant à la musique, le « jeune compositeur » prévoit d'élargir l'orchestre moderne aux instruments oubliés, aux « géants paléontologiques » : « les cornetti, les serpents aux formes monstrueuses, les ophycléides fraterniseront avec les instruments de cuivre les plus modernes [...] la percussion s'enrichira des reliques de l'antiquité, des envois de la Chine, du Japon, de l'Inde, de la Perse, de Java, de Sumatra ; une armée d'instruments à cordes, des clavecins, des pianos complèteront ces richesses, sur lesquelles l'orgue jettera le voile d'or de ses mystérieuses sonorités »... De même, la phrase musicale sera révolutionnée : aux idées et sentiments des héros « correspondront de courts dessins de deux ou trois notes, d'une nature étrange et d'un puissant caractère ; et l'enchevêtrement, à l'infini, de ces dessins, avec le concours de toutes les tonalités convergeant en un seul point, comme des rayons lumineux concentrés par une lentille, formera seul la trame de mon oeuvre. Pour comprendre de telles choses, une éducation particulière, - peut-être même un régime spécial (cette question est à étudier) - seront nécessaires »... Enfin, poussant jusqu'au bout sa vision totalitaire de l'opéra futur, le « jeune compositeur » préconise des examens éliminatoires pour les candidats au spectacle... 5 juin : Saint-Saëns envoie à Heugel « cette petite facétie », qu'il peut publier « à la condition expresse de ne pas mettre mon nom ; je tiens à l'anonymat. On ne devinera que trop facilement »... 13 juin : « Cela m'a amusé follement de voir dans Le Ménestrel ma prose cocasse. [...] Oh ! moi aussi j'en ai assez des symboles triomphants, de l'amour dans la mort et des gens qui ont des ailes s

Auction archive: Lot number 165
Auction:
Datum:
26 May 2011
Auction house:
La Maison de Vente Ader
3, rue Favart
75002 Paris
France
contact@ader-paris.fr
+33 (0)1 53407710
+33 (0)1 53407720
Beschreibung:

Manuscrit autographe, et 2 L.A.S. à Henri Heugel, Londres 5-13 juin 1898 ; 6 pages in-fol. et 6 pages in-8 (une à en-tête The Grosvenor Hotel). Amusante satire du wagnérisme, parue anonymement sous le titre Une lettre curieuse dans Le Ménestrel du 12 juin 1898. L'article prétend donner des fragments d'une lettre d'un « jeune compositeur », qui confie ses projets et évoque « l'avenir de la jeune école ». Téméraire, il critique le « Maître » d'être « resté à moitié chemin » de son ambition : « L'importance donnée à la voix diminuant d'oeuvre en oeuvre, il devait arriver à la supprimer tout à fait ; c'est ce qu'il a essayé dans le 3me acte de Parsifal. Là où reste non plus le chant, mais encore la parole, il est nécessaire qu'elle soit entendue, et le développement symphonique, qui doit être le drame lui-même, est entravé. Il faut donc nécessairement, après la suppression du chant, en venir à celle de la parole, que remplacera la mimique ; une mimique étudiée, perfectionnée, rythmée ; la démarche des chevaliers du Graal, le rôle de Kundry nous montrent déjà la route. Dès lors, nous pouvons débrider l'orchestre, lâcher ce Pégase en pleine liberté »... Il faudra ne plus jouer que pour des « initiés », des « élus capables de voir, d'entendre et de comprendre » ; l'orchestre prendra la place des « inutiles »... Quant aux personnages du drame lyrique de l'avenir, la femme « réfléchira sur ses multiples facettes tous les aspects de la femme, depuis Ève jusqu'à nos jours. Pour la comprendre, il sera nécessaire d'avoir étudié à fond l'histoire de tous les peuples, toutes les philosophies et toutes les mythologies »... Le héros sera chaste, mais tenté, d'où le drame : « Succombera-t-il comme Tannhäuser, résistera-t-il comme Parsifal ? Grave question que je crois avoir résolue d'une façon assez ingénieuse. Après une résistance surhumaine, le héros cèdera aux charmes de la femme ; et furieux d'avoir perdu sa virginité sacrée, - car elle sera sacrée, - il maudira l'amour avec d'épouvantables serments. Cette malédiction lui donnera le pouvoir de conquérir une épée enchantée. Avec cette épée il tuera un dragon ; le dragon avant d'expirer lui révélera des syllabes magiques, empruntées à une ancienne langue oubliée, grâce auxquelles il recouvrera sa virginité perdue »... Revenant à la musique, le « jeune compositeur » prévoit d'élargir l'orchestre moderne aux instruments oubliés, aux « géants paléontologiques » : « les cornetti, les serpents aux formes monstrueuses, les ophycléides fraterniseront avec les instruments de cuivre les plus modernes [...] la percussion s'enrichira des reliques de l'antiquité, des envois de la Chine, du Japon, de l'Inde, de la Perse, de Java, de Sumatra ; une armée d'instruments à cordes, des clavecins, des pianos complèteront ces richesses, sur lesquelles l'orgue jettera le voile d'or de ses mystérieuses sonorités »... De même, la phrase musicale sera révolutionnée : aux idées et sentiments des héros « correspondront de courts dessins de deux ou trois notes, d'une nature étrange et d'un puissant caractère ; et l'enchevêtrement, à l'infini, de ces dessins, avec le concours de toutes les tonalités convergeant en un seul point, comme des rayons lumineux concentrés par une lentille, formera seul la trame de mon oeuvre. Pour comprendre de telles choses, une éducation particulière, - peut-être même un régime spécial (cette question est à étudier) - seront nécessaires »... Enfin, poussant jusqu'au bout sa vision totalitaire de l'opéra futur, le « jeune compositeur » préconise des examens éliminatoires pour les candidats au spectacle... 5 juin : Saint-Saëns envoie à Heugel « cette petite facétie », qu'il peut publier « à la condition expresse de ne pas mettre mon nom ; je tiens à l'anonymat. On ne devinera que trop facilement »... 13 juin : « Cela m'a amusé follement de voir dans Le Ménestrel ma prose cocasse. [...] Oh ! moi aussi j'en ai assez des symboles triomphants, de l'amour dans la mort et des gens qui ont des ailes s

Auction archive: Lot number 165
Auction:
Datum:
26 May 2011
Auction house:
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