Beschreibung:

ARMOIRE DITE « D’UZÈS » de forme rectangulaire en bois relaqué vert et rouge, mouluré dans des réserves d’un décor en « Arte Povera » de scènes de chasse et de personnages dans des médaillons. Elle présente dans des écoinçons un décor doré de papillons et de bouquets de fleurs. Elle ouvre à deux vantaux et repose sur des petits pieds. Travail du Sud de la France, XVIIIe siècle (Restaurations) H : 212 cm, L : 178, 5 cm, P : 58 cm Dès la fin du XVIIe Siècle, les importations d'œuvres chinoises et japonaises influencent le goût européen tant sur le plan technique que sur le plan décoratif. Mais les occidentaux ne se contentent bientôt plus de collectionner des objets précieux orientaux, ils veulent imiter leurs techniques et leurs motifs décoratifs. L'exotisme est à la mode et l'on voit fleurir de nombreux salons et cabinets ½ chinois ou japonais » aux murs couverts de panneaux de laque et agrémentés d'objets et mobilier dans le goût chinois. Les techniques de la porcelaine ou du laque restent longtemps secrètes incitant les artisans européens à rivaliser d'inventions. C'est ainsi que se développe l'Arte Povera en Italie ou le vernis Martin en France qui tentent d'imiter le laque. La laque européenne est l'une des techniques inventées pour concurrencer à un moindre coût les productions d'Extrême Orient. Les civilisations chinoises et japonaises fascinent, mais les motifs décoratifs inspirés de cet art sont plus fantaisistes, comme l'illustre l’armoire que nous présentons. En Italie, et plus particulièrement à Venise, les chinoiseries et la laque prennent une place importante dans les arts, au point même de devenir un style de vie. Les premiers procédés d'imitation des laques apparaissent, mais les œuvres, qui en résultent, se détachent de leurs modèles originaux de par leurs couleurs plus vives et leurs décors plus typiquement occidentaux. L' « Arte Povera » appartient à ce genre dit « à figures » où les décors se sont adaptés au style du pays d'adoption. Cette technique très décorative consiste « à appliquer avec de la colle forte sur la surface du bois, des sujets découpés dans des estampes ou imprimés expressément et coloriés ensuite à la main. Les sujets étaient alors encadrés avec des décorations tracées à la main ou bien découpées, elles aussi, dans des séries de pourtours chalcographiés, puis couverts de nombreuses couches de sandaraque (vernis dense résultant de la fonte de la gomme laque dans de l'alcool) jusqu'à ce que la décoration semble peinte au départ sur le meuble ». Les décors proviennent d'œuvres de peintres italiens, parfois spécialement crées pour les meubles en « Arte povera », constituées de scènes arcadiennes, de chasse comme sur cette armoire, ou d'architectures, mais conservant aussi parfois des chinoiseries. Cette technique se diffuse dans toute l'Italie et assure un grand nombre de commandes à Venise notamment, mais aussi dans le midi de la France. La terminologie : armoire « d’Uzès »demeure sans réelle justification, même si l’on considère que la petite ville d’Uzès élevée au XIVe siècle et située à égale distance d’Avignon et de Nîmes devient au XVIe siècle le premier Duché de France. Racine dira de cet endroit « nous avons des nuits plus belles que vos jours ». On raconte, sans preuve à l’appui que la duchesse d’Uzès avait fait décorer les plafonds de son château par des peintres italiens quoi introduisent la mode du meuble peint polychrome… Cependant la cathédrale Saint Théodorit possède un orgue à double buffet orné d »un riche décor peint… Cf. « Laques vénitiennes du XVIIIe siècle » par Saul Lévy, Paris, Société française du Livre, 1968. ½ Mobilier Provençal » Edith Mannoni, Paris 1995, Massin Ed. p. 39-49.