Beschreibung:

Pierre Reverdy 8 l.a.s., vers 1920-1927 22 p. au total, de formats divers (3 cartes-lettres, 1 carte postale, 1 petit mot), à G. Bounoure (une à Mme Bounoure). Réactions reconnaissantes aux critiques de Bounoure, rencontres notamment avec Max Jacob activité littéraire et longs développements sur la vanité de l'art ("mince divertissement") et sur le sentiment religieux. - S.d., vers 1920-1924 : "je tiens ce que j'ai fait pour rien", mais remercie G. Bounoure : "il est agréable d'avoir écrit quand il vous revient une sympathie qui s'exprime comme la vôtre…" / - S.d., vers 1920-1924, 8 p. Longue et belle lettre sur l'Art et sur le sentiment religieux : "Je souhaite à ceux pour qui l'Art restera toujours le but final d'obtenir de façon aussi désintéressée de flatteurs suffrages, mais pour moi l'Art a repris dans ma vie sa place légitime, c'est-à-dire secondaire", il n'a été qu'un "échelon flexible pour m'élever vers la religion", un "passage dans les ordres d'une religion inférieure et sans dieu". "L'art, en définitive, n'est qu'un sujet de plus à ajouter à ceux, trop nombreux déjà, susceptibles d'engendrer le malheur…" / - 23.10.1923. La lettre de Bounoure mérite une plus longue réponse, "mais nous luttons ici contre la maladie. Il y a huit jours ma femme se mourait et il y en a trois à peine qui aient laissé quelque place à l'espoir dans leur 24 heures". Lui enverra son roman qui doit paraître. / - 8.12.1923, à Mme Bounoure. A propos d'un "petit roman" à paraître en revue qu'il aimerait faire parvenir à G.B. / - 19.5.1925. Sur Max Jacob auquel Reverdy et Bounoure ont rendu visite à Saint-Benoît-sur-Loire (Max Jacob y vit de 1921 à 1928) : "Je comprends un peu que Max soufre d'être seul et privé du contact que quelque esprit où fondre le sien plus qu'il ne peut le faire avec les habitants de Saint-Benoît. Mais à lui il en faudrait peut-être trop. Un ou deux amis ne lui suffiraient sans doute pas, et le lasseraient vite. Pour moi, le bonheur ne m'apparaît plus que tel l'oraison dans un lieu écarté, la vie d'oraison, la présence de Dieu, la nature que j'aime par-dessus tout, le ciel, les arbres, l'eau, et un ami vrai…". / - S.d., vers 1925-1926, 4 p. "L'art n'est qu'un mince divertissement en soi, et la vanité de l'homme y trouve une atmosphère effroyablement propice à son épanouissement. Je le respecte au fond de moi encore un peu… mais je me tais maintenant, ne publiant plus que ce qui est déjà écrit. Je me tais mais je remercie Dieu de m'avoir créé poète, de m'avoir permis de sentir les choses et l'esprit avec émotion,…". / - Fév.-mars 1926, 2 p. Intense et longue lettre sur Max Jacob ("J'ai appris dernièrement qu'il est allé à Madrid [M. Jacob y a fait une conférence le 4 fév.], ces temps-ci, cueillir autant de lauriers que le jubilé lui en a valu en Italie, ce qui n'est pas peu dire"), la voie religieuse qu'il a choisie ("ne croyez-vous pas que tout soit si facile et si simple dans la voie où vous m'avez vu engagé ?") et le sort de l'homme : "Vous pouvez dresser vos bras d'hommes, même fort, même musclés et lever votre face vers le soleil et, la poitrine gonflée d'orgueil, crier votre volonté de dominer le mal et de le vaincre, ce qui vous attend finalement, c'est le tombeau…". / - 18.5.1927, carte postale reproduisant le tombeau du Christ de l'Abbaye de Solesmes (où il s'est retiré en 1926). La lettre que lui a envoyée Bounoure "est en même temps une critique comme on aimerait en lire sur soi venant de quelqu'un qu'une indulgente et douce amitié n'inclinerait pas à trop de faveur. Vous avez un esprit incisif, clair, pénétrant, ferme."