Beschreibung:

Plaque en lave émaillée à décor d'un médaillon à bordures de perles représentant une nature morte de fruits; dans un entourage de rinceaux, de feuillages, fleurs, palmettes sur fond blanc. Vers 1835-1840. 41 cm x 41 cm Grand propriétaire auvergnat, le comte de Chabrol de Volvic (1773-1843), préfet de la Seine, nommé par Napoléon Ier et maintenu en poste par Louis XVIII, décide de promouvoir l'utilisation de la lave pétrifiée (dont il possède des carrières) pour la construction des nouveaux trottoirs parisiens. Ce matériau, particulièrement solide, paraît susceptible de nombreuses applications, aussi le préfet encourage-t-il plusieurs chimistes à rechercher un procédé qui permettrait de peindre sur des plaques de lave. Peut être aidé par un fabricant de faïence de la rue de la Roquette nommé Dutrieux, Ferdinand Mortelèque (1774-1844) parvient à un résultat en 1827: «six semaines lui suffirent pour composer son émail, modifier ses fondants et exécuter une tête de vieillard». Cette même année, il reçoit la médaille d'argent à l'Exposition des produits de l'industrie. L'invention repose sur le principe d'une double cuisson. Une première préparation de fond est d'abord appliquée sur la plaque puis passée au four, après quoi les couleurs du décor sont peintes, et la plaque recuite. Le résultat dépasse les espérances. L'éclat des couleurs est préservé et le produit semble inaltérable. Le secrétaire de l'Académie des beaux-arts Quatremère de Qunicy, à qui Chabrol a proposé cette nouvelle technique pour en favoriser les utilisations artistiques, y est favorable: «l'Académie patronnera un procédé qui met la chimie au service de l'art, brille de couleurs vives, mais lisses et intégrées dans la pierre, et qui a sur la fresque l'avantage de la durée indéfinie» Convaincu par le comte de Chabrol, le prestigieux architecte Jacques-Ignace Hittorff (1792-1867) s'intéresse activement aux laves émaillées. Grand promoteur de l'architecture polychrome, il voit là un moyen unique d'orner les bâtiments de décors colorés à l'extérieur et se flatte «d'ajouter une nouvelle branche à l'art de la peinture et d'enrichir la France d'une nouvelle industrie». Mortelèque cède l'exploitation du procédé à son gendre, Hachette, en 1831. Celui-ci est épaulé par Hittorff à partir de 1833, lorsque celui-ci s'associe à la nouvelle société Hachette et Cie. Sur des dessins de l'architecte, plateaux de tables et de guéridons sont notamment réalisés. Pour attirer l'attention sur cette technique nouvelle, Hittorff décide d'envoyer des dessus de tables à des personnages influents ou à des monarques européens qui puissent convaincre de l'excellence de ce nouveau produit et provoquer des commandes prestigieuses. Les archives nous apprennent ainsi qu'en 1833 une table des «Quatre Saisons» est envoyée à Berlin, au directeur de l'Institut royal des arts et manufactures, tandis qu'une autre est destinée au roi des Belges, Léopold Ier, en 1836. Objets de très grand luxe, coûteux à produire, donnés ou vendus à perte, ces dessus de table ne subsistent qu'en très petit nombre, l'application de la technique étant rapidement restreinte à des devants d'autel (pour l'église Notre-Dame-de-Lorette à Paris notamment), des décors religieux (pour l'église Saint-Vincent-de-Paul à Paris) ou des objets très usuels tels que les plaques des noms de rues. Un guéridon à plateau de lave émaillée a été vendu par Sotheby's 5 juillet 2001, lot 99. Un autre plateau réalisé par la société Hachette et Cie faisait partie de la vente à Paris, étude Joron Derem, 16 octobre 2011, lot 175.