SIÈGE DE PARIS/BALLON MONTÉ. Jules Joseph Georges Renard, dit Draner (1833-1926), dessinateur et caricaturiste (Charivari, l'Illustration, le Journal pour rire, etc.); spécialiste de la caricature militaire, il illustra plusieurs ouvrages sur le Siège de Paris. L.A.S. à son ami Placide Colsoul, à Verviers (Belgique). Paris, le 10 janvier 1871. 1 p. ½ in-4 d'une dense écriture. Adresse au dos avec timbre, marques postales et mention «par ballon monté». Lettre très émouvante sur les effroyables scènes dont il est témoin chaque jour. «Depuis 4 jours, cher ami, nous sommes bombardés de la façon la plus violente par ces exécrables prussiens qui m'inspirent la haine la plus sauvage. Le tir de leur artillerie s'acharne surtout sur les monuments consacrés à secourir les blessés, les malades et les enfants. Le Val de Grâce, la Pitié, les Enfants malades, etc. sont criblés d'obus et les victimes, hélas, sont nombreuses. Des écoles n'ont même pas été respectées et de pauvres petites filles ont été coupées en deux par les fameux projectiles Krupp. Il en a été de même aux «Enfants malades», où de pauvres innocentes créatures ont été déchiquetées dans leurs lits de souffrance. Je passe les dégâts commis au Panthéon, au Luxembourg, au Muséum [...]. Ce qui rend ce bombardement plus hideux, c'est qu'il a été fait sans le moindre avertissement de la part de l'ennemi, et chacun sait que toute ville menacée d'être bombardée en est avertie 48 heures à l'avance [...]». La vie matérielle dans Paris est épouvantable. «Nous ne mangeons plus que du cheval dont la faible ration n'est accordée qu'une fois tous les 3 jours. Les légumes sont hors de prix et même introuvables. Les pommes de terre valent 25 fr le boisseau, les oignons 60 fr, et ainsi du reste, sauf le pain et la viande qui sont taxés. Le pain n'est pas rationné. En somme, bien que la misère soit excessive, on se plaint peu et la générosité de quelques richards aide beaucoup la bienfaisance organisée par les mairies. L'état sanitaire est mauvais. Les décès atteignent près de 4.700 par semaine. La variole, la typhoïde font de grands ravages [...]. Les monarchies d'Europe verront, je l'espère, comment un peuple qui se met en République, sait combattre quand il prend les armes pour son propre intérêt, et non pour celui d'une dynastie. Avis à l'Espagne, à l'Italie et tutti quanti. Pardonne-moi, cher ami, ces divagations politiques, mais depuis que j'ai sucé le lait républicain des États-Unis, je me passionne aujourd'hui pour la cause de la France qui va toucher à la victoire définitive, victoire dans laquelle je considère bien plus le triomphe des grandes idées républicaines que la reprise de l'Alsace et la Lorraine [...]».
SIÈGE DE PARIS/BALLON MONTÉ. Jules Joseph Georges Renard, dit Draner (1833-1926), dessinateur et caricaturiste (Charivari, l'Illustration, le Journal pour rire, etc.); spécialiste de la caricature militaire, il illustra plusieurs ouvrages sur le Siège de Paris. L.A.S. à son ami Placide Colsoul, à Verviers (Belgique). Paris, le 10 janvier 1871. 1 p. ½ in-4 d'une dense écriture. Adresse au dos avec timbre, marques postales et mention «par ballon monté». Lettre très émouvante sur les effroyables scènes dont il est témoin chaque jour. «Depuis 4 jours, cher ami, nous sommes bombardés de la façon la plus violente par ces exécrables prussiens qui m'inspirent la haine la plus sauvage. Le tir de leur artillerie s'acharne surtout sur les monuments consacrés à secourir les blessés, les malades et les enfants. Le Val de Grâce, la Pitié, les Enfants malades, etc. sont criblés d'obus et les victimes, hélas, sont nombreuses. Des écoles n'ont même pas été respectées et de pauvres petites filles ont été coupées en deux par les fameux projectiles Krupp. Il en a été de même aux «Enfants malades», où de pauvres innocentes créatures ont été déchiquetées dans leurs lits de souffrance. Je passe les dégâts commis au Panthéon, au Luxembourg, au Muséum [...]. Ce qui rend ce bombardement plus hideux, c'est qu'il a été fait sans le moindre avertissement de la part de l'ennemi, et chacun sait que toute ville menacée d'être bombardée en est avertie 48 heures à l'avance [...]». La vie matérielle dans Paris est épouvantable. «Nous ne mangeons plus que du cheval dont la faible ration n'est accordée qu'une fois tous les 3 jours. Les légumes sont hors de prix et même introuvables. Les pommes de terre valent 25 fr le boisseau, les oignons 60 fr, et ainsi du reste, sauf le pain et la viande qui sont taxés. Le pain n'est pas rationné. En somme, bien que la misère soit excessive, on se plaint peu et la générosité de quelques richards aide beaucoup la bienfaisance organisée par les mairies. L'état sanitaire est mauvais. Les décès atteignent près de 4.700 par semaine. La variole, la typhoïde font de grands ravages [...]. Les monarchies d'Europe verront, je l'espère, comment un peuple qui se met en République, sait combattre quand il prend les armes pour son propre intérêt, et non pour celui d'une dynastie. Avis à l'Espagne, à l'Italie et tutti quanti. Pardonne-moi, cher ami, ces divagations politiques, mais depuis que j'ai sucé le lait républicain des États-Unis, je me passionne aujourd'hui pour la cause de la France qui va toucher à la victoire définitive, victoire dans laquelle je considère bien plus le triomphe des grandes idées républicaines que la reprise de l'Alsace et la Lorraine [...]».
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