43 L.A.S. ou L.A. (la plupart signées de son monogramme), 1853-1861, à son ami Charles de Flavigny ; environ 150 pages in-8 (un coin déchiré à une lettre, et petit passage découpé dans une autre). Très importante correspondance politique avec son ami et collègue député au Corps législatif. Nous ne pouvons donner ici qu'un bref aperçu de ces longues et remarquables lettres. Bruxelles 6 janvier [1853], sur le Sénatus-Consulte [du 25 décembre 1852, sur la modification de la Constitution] : « Il est évident que ce Sénatus-Consulte, avec le décret insolentissime qui nous ôte jusqu'à la révision de nos procès-verbaux, ont été faits contre nous : et que chaque fois que nous trouverons moyen de faire une petite déchirure au sac dans lequel nous sommes garrottés, on employera ces mêmes moyens pour nous mettre à la raison »... La France ne sait jamais s'arrêter entre l'anarchie et la servilité... S'il donne sa démission du Corps législatif, il le fera par lettre, et il faudra de gros arguments pour lui faire changer d'avis : il n'y voit pas la vingtaine de « lurons déterminés » qu'il voudrait soutenir... 15 janvier. Il n'y a aucune analogie entre la situation actuelle et celle des légitimistes en 1830, alors que le régime « dès son début appelait à se représenter les premières capacités de la France, MM. de Broglie, Guizot, Thiers, Molé », et « offrait à ses adversaires un rôle beaucoup plus brillant et plus facile que celui de ses amis », comme l'a montré Berryer... Les vertus chrétiennes de l'humilité et de la mortification ne sont pas de mise en politique... 24 janvier, évoquant le projet de mariage de Napoléon III, commentant les réactions des partisans et des adversaires de l'Empire ; il juge que « notre maître » fut encore une fois inspiré par « son intelligence profonde des mauvais instincts et du mauvais goût de la France. En se posant en parvenu il flatte et nourrit les passions qui l'ont porté au faîte et qui l'y maintiendront longtemps »... 8 février. Montalembert regrette « la triste faute » qu'il a commise en entrant au Corps législatif : « Vous savez que je ne redoute pas la lutte, et que je me résigne facilement à être dans une minorité imperceptible. À la Chambre des Pairs, avant et après que vous y fussiez entré, j'ai fait la guerre pendant dix ans, d'abord tout seul, puis sans autres auxiliaires que le moquer Beugnot et le naïf Barthélemy. Mais on avait le public ; et on pouvait se prendre au sérieux »... Il est scandalisé par l'attitude de l'Église : « Nous nous étions bonnement figuré que le clergé tenait au droit et à la liberté ; c'était une erreur graossière »... 12 février. Après avoir traversé les perplexités peut-être les plus douloureuses de sa vie, il a pris sa décision, quant au Corps législatif : « Je reste, avec une répugnance, avec un dégoût, que je vous laisse à deviner et à partager », mais il reste « pour l'avenir, pour une occasion éventuelle »... Besançon 16 août, réflexions de l'élu dans sa circonscription du Doubs. Pas plus que dans les autres départements qu'il a parcourus, il n'a rencontré « une seule personne qui fît même semblant d'aimer ou d'estimer le régime actuel »... Il ne trouve de partisans du gouvernement que parmi dans le clergé, dont l'attitude compromettante prépare une réaction formidable contre la religion... La Roche en Brenil 11 octobre : « J'ai toujours cru instinctivement à la guerre, parce qu'elle me paraît tout à fait dans les intérêts bien entendus de la quatrième dynastie. Il fallait seulement ne pas la provoquer, n'en pas avoir la responsabilité devant le commerce, l'industrie, les gens tranquilles. On a manoeuvré dans ce sens, et on a parfaitement réussi, grâce à l'outrecuidance inqualifiable de l'empereur Nicolas, et à l'incorrigible aveuglement de l'Autriche et de la Prusse »... 4 novembre, remarques amères sur l'« abaissement continu du clergé », et sur ces Français « à plat ventre devant la cour de Compiègne »... Bruxelles 4 janvier [1854]. Voici la guerre arrivée
43 L.A.S. ou L.A. (la plupart signées de son monogramme), 1853-1861, à son ami Charles de Flavigny ; environ 150 pages in-8 (un coin déchiré à une lettre, et petit passage découpé dans une autre). Très importante correspondance politique avec son ami et collègue député au Corps législatif. Nous ne pouvons donner ici qu'un bref aperçu de ces longues et remarquables lettres. Bruxelles 6 janvier [1853], sur le Sénatus-Consulte [du 25 décembre 1852, sur la modification de la Constitution] : « Il est évident que ce Sénatus-Consulte, avec le décret insolentissime qui nous ôte jusqu'à la révision de nos procès-verbaux, ont été faits contre nous : et que chaque fois que nous trouverons moyen de faire une petite déchirure au sac dans lequel nous sommes garrottés, on employera ces mêmes moyens pour nous mettre à la raison »... La France ne sait jamais s'arrêter entre l'anarchie et la servilité... S'il donne sa démission du Corps législatif, il le fera par lettre, et il faudra de gros arguments pour lui faire changer d'avis : il n'y voit pas la vingtaine de « lurons déterminés » qu'il voudrait soutenir... 15 janvier. Il n'y a aucune analogie entre la situation actuelle et celle des légitimistes en 1830, alors que le régime « dès son début appelait à se représenter les premières capacités de la France, MM. de Broglie, Guizot, Thiers, Molé », et « offrait à ses adversaires un rôle beaucoup plus brillant et plus facile que celui de ses amis », comme l'a montré Berryer... Les vertus chrétiennes de l'humilité et de la mortification ne sont pas de mise en politique... 24 janvier, évoquant le projet de mariage de Napoléon III, commentant les réactions des partisans et des adversaires de l'Empire ; il juge que « notre maître » fut encore une fois inspiré par « son intelligence profonde des mauvais instincts et du mauvais goût de la France. En se posant en parvenu il flatte et nourrit les passions qui l'ont porté au faîte et qui l'y maintiendront longtemps »... 8 février. Montalembert regrette « la triste faute » qu'il a commise en entrant au Corps législatif : « Vous savez que je ne redoute pas la lutte, et que je me résigne facilement à être dans une minorité imperceptible. À la Chambre des Pairs, avant et après que vous y fussiez entré, j'ai fait la guerre pendant dix ans, d'abord tout seul, puis sans autres auxiliaires que le moquer Beugnot et le naïf Barthélemy. Mais on avait le public ; et on pouvait se prendre au sérieux »... Il est scandalisé par l'attitude de l'Église : « Nous nous étions bonnement figuré que le clergé tenait au droit et à la liberté ; c'était une erreur graossière »... 12 février. Après avoir traversé les perplexités peut-être les plus douloureuses de sa vie, il a pris sa décision, quant au Corps législatif : « Je reste, avec une répugnance, avec un dégoût, que je vous laisse à deviner et à partager », mais il reste « pour l'avenir, pour une occasion éventuelle »... Besançon 16 août, réflexions de l'élu dans sa circonscription du Doubs. Pas plus que dans les autres départements qu'il a parcourus, il n'a rencontré « une seule personne qui fît même semblant d'aimer ou d'estimer le régime actuel »... Il ne trouve de partisans du gouvernement que parmi dans le clergé, dont l'attitude compromettante prépare une réaction formidable contre la religion... La Roche en Brenil 11 octobre : « J'ai toujours cru instinctivement à la guerre, parce qu'elle me paraît tout à fait dans les intérêts bien entendus de la quatrième dynastie. Il fallait seulement ne pas la provoquer, n'en pas avoir la responsabilité devant le commerce, l'industrie, les gens tranquilles. On a manoeuvré dans ce sens, et on a parfaitement réussi, grâce à l'outrecuidance inqualifiable de l'empereur Nicolas, et à l'incorrigible aveuglement de l'Autriche et de la Prusse »... 4 novembre, remarques amères sur l'« abaissement continu du clergé », et sur ces Français « à plat ventre devant la cour de Compiègne »... Bruxelles 4 janvier [1854]. Voici la guerre arrivée
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