Beschreibung:

Claudel, Paul TÊTE D’OR. MANUSCRIT AUTOGRAPHE. [1889]. 82 pages in-4 (280 x 210 ou 270 x 210 mm) et 2 p. in-8 oblong (150 x 105 mm). Salissures et mouillures sur une vingtaine de feuillets, avec minimes déchirures sur trois d’entre eux, trace d’un papier collé sur une page. Exceptionnel manuscrit de la première pièce de théâtre de Claudel, écrite à l'âge de 21 ans. Manuscrit de travail, parfois de premier jet, avec ratures et corrections, offrant des états différents plus ou moins achevés. Quoique présentant quelques lacunes (il manque l’équivalent d’une vingtaine de pages), il suit la trame et la composition finale en trois parties adoptée par Claudel pour ce drame détonant, épique autant que symbolique, s’ouvrant sur le monologue du jeune Cébès avant sa rencontre avec Simon Agnel et s’achevant sur la mort de la Reine. "Me voici, Imbécile, ignorant, Homme nouveau devant les choses inconnues, Et je tourne la face vers l'Année et l'arche pluvieuse [4 mots biffés : vers le théâtre de l’air] ; j'ai plein mon cœur d'ennui ! Je ne sais rien et je ne peux rien. Que dire ? que faire ? À quoi emploierai-je ces mains qui pendent, ces pieds qui m'emmènent comme les songes ?" Si les noms des personnages sont indiqués dans les didascalies, ils ne précèdent que très rarement les répliques, et les dialogues se suivent de façon continue, le plus souvent indiqués par un simple retour à la ligne ou un tiret, plus rarement par les initiales du personnage. M. Lioure, qui a pu examiner ce manuscrit, décrit précisément l’état de ces feuillets, indiquant les correspondances des passages par rapport à l’édition de la Pléiade. À vingt ans, étudiant en droit et en sciences politiques, le jeune Claudel qui fréquente les Mardis de Stéphane Mallarmé et de futurs confrères en littérature comme Romain Rolland ou André Suarès, commence la rédaction de Tête d’Or, livre tempête, qui rompt avec toutes les règles théâtrales de son temps, "extraordinaire et déroutant" comme l’écrit Maurice Maeterlinck au jeune dramaturge le 21 décembre 1890, un drame "heurté, violent, incohérent et génial" selon Octave Mirbeau qui le découvre en 1892 (Cahiers Paul Claudel I, p. 137-138 et p. 147-148). Cette première version parut sans nom d’auteur, tirée à cent exemplaires, à la Libraire de l’Art indépendant en 1890. Claudel, qui débute sa carrière aux Affaires étrangères, met à profit ses premiers séjours à l’étranger pour remanier son œuvre, dont une seconde version est publiée en 1901 au Mercure de France dans le recueil L’Arbre, qui la réunit à quatre autres textes dramatiques. Bien que ce second état, qui gagne en clarté et en tension dramaturgique, soit à nouveau édité en 1911, conjointement avec la première version, Tête d’Or ne sera jamais joué du vivant de son auteur et ne sera créé qu’en 1959 par la compagnie Jean-Louis Barrault. [On joint :] Transcription dactylographiée de ce manuscrit, respectant orthographes et variantes, avec une lettre d’envoi et une note manuscrite sur un feuillet à en-tête de la librairie Adrienne Monnier. Provenance : Paul Petit (1893-1944), écrivain et diplomate, ami de Claudel et son premier bibliographe, arrêté en 1942 pour faits de résistance et assassiné à Cologne en août 1944. Trois ans plus tard, Claudel préfaça son ouvrage posthume Résistance spirituelle. Références : M. Lioure, Tête d'or de Paul Claudel : Introduction, inédits, variantes et notes, Paris, Les Belles Lettres, 1984.