Beschreibung:

COCTEAU, Jean (1889-1953). Lettre autographe signée à Louis Aragon. À Saint Jean Cap-Ferrat, le 29 octobre 1958. 18 pp. autographes sur 9 feuillets in-8 (209 x 134 mm), signées en pages 8 et 16. Stylo à bille bleu sur papier à en-tête de la villa Santo-Sospir à St Jean Cap-Ferrat. Enveloppe jointe. Provenance : Louis Aragon (1897-1982). Longue lettre autographe de Cocteau à propos de La Semaine sainte d'Aragon, vibrant témoignage de l'admiration éprouvée à la lecture du livre de son ami. Absorbé par la lecture du roman d'Aragon paru quelques jours plus tôt, Cocteau lui livre ses premières impressions, demeurant "stupéfait par [son] savoir et par la manière dont il évite de faire parade". Il regrette que "la sécheresse bourgeoise d'André Breton" les ait séparés pendant dix-sept ans, mais se réjouit de leur amitié rétablie. Vantant le génie d'Aragon, Cocteau le compare tour à tour à Balzac, Hugo, et Picasso : "Rien ne pouvait ajouter à l'affection que je te porte, mais tout de même je m'incline devant une de ces forces qu'on croit mortes avec Balzac ou avec Hugo." La première partie de la lettre s'achève ainsi : "il me faudrait t'expédier une lettre aussi longue (et aussi courte) que ton livre, puisque l'admiration (telle que je l'envisage) supprime le lecteur et le métamorphose en ce qu'il lit. J'étais ton livre et je dois redevenir ma lettre afin de t'embrasser et de t'exprimer (mal) ce que j'eusse préféré te dire de vive voix." Cocteau reprend la plume pour mettre en parallèle les livres de Proust et d'Aragon, avant de conclure : "Ton livre est une formidable solitude, un silence monumental par quoi tu t'échappes de la conspiration du bruit comme jadis le vacarme d'un scandale (?) nous sortait de la conspiration du silence. Je suis fier d'être ton ami." Brouillé avec Aragon jusqu'en 1936, Cocteau tiendra une rubrique dans le quotidien d'Aragon de mars 1937 à août 1938, avant de devenir en 1952 un collaborateur régulier des Lettres Françaises, revue dirigée par Aragon depuis la Libération. Ce dernier lui apportera un soutien décisif lors de l'élection du "Prince des poètes", réaffirmant symboliquement le titre de Cocteau face à la contestation d'André Breton. "Ton livre est admirable et d'un admirable complètement nouveau, car il n'use d'aucun artifice, n'attache par aucune intrigue et se contente d'obliger le lecteur à le vivre [...] Ah ! Louis - quel respect j'ai de toi et qu'il est agréable de respecter avec tendresse." Long autograph letter signed to Louis Aragon regarding his latest novel La Semaine sainte, a touching testimony of his feelings while reading his friend's book.