Beschreibung:

Flaubert, Gustave LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À ERNEST FEYDEAU. [CROISSET] NUIT DE LUNDI [28 OCTOBRE 1872]. 2 p. sur un f. double in-8 (130 x 204 mm) sur papier de deuil. Mention du destinataire au crayon. Petits manques de papiers sur la bordure noire, 4 restaurations à l’adhésif à chaque feuillet. Magnifique lettre à propos de l'enterrement de Théophile Gautier son cher Theo. Il livre son désespoir et son dégoût du monde dans lequel il vit. "Non, mon cher & pauvre vieux, je ne suis pas malade. Si je n’ai pas été à l’enterrement de notre Theo, c’est par la faute de Catulle [Mendès, gendre de Gautier] qui, au lieu de m’envoyer son télégramme par télégraphe, l’a mis dans une lettre, que j’ai reçue 36 h. après l’enterrement […] Ah ! sacré nom de dieu celui-là je ne le plains pas ; au contraire, je l’envie profondément. Que ne suis-je à pourrir à sa place ! Pr l’agrément qu’on a en ce bas monde (bas est le mot exact), autant en foutre son camp le plus vite possible. Le 4 7bre a inauguré un état des choses qui ne nous regarde plus. Nous sommes de trop. On nous hait & on nous méprise voilà le vrai. Donc, bonsoir ! Mais avant de crever -- ou plutôt en attendant ma crevaison je désire vuider [sic] le fiel dont je suis plein. -- donc, je prépare mon vomissement. Il sera copieux & amer, je t’en réponds ! Pauvre, pauvre cher Theo ! c’est de cela qu’il est mort (du dégoût de l’infection moderne) ! C’était un gd lettré -- & un grand poète -- oui, monsieur, & plus fort que le jeune Alfred de Musset ! n’eut il écrit que Le Trou de serpent [poème écrit en 1834]. Mais c’était un auteur parfaitement inconnu. Pierre Corneille l’est bien ! Depuis jeudi je ne pense qu’à lui -- & je me sens à la fois écrasé et enragé. Adieu, bon courage. Je t’embrasse tendrement." Flaubert rencontre Théophile Gautier la veille de son départ pour l’Egypte en compagnie de Maxime Du Camp le 28 octobre 1849. Dès lors, ils seront toujours très proches. Ensemble ils assistent aux dîners Magny avec Ernest Feydeau, fréquentent le salon de la princesse Mathilde. Flaubert est le témoin de Judith Gautier lors de son mariage avec Catulle Mendès le 17 avril 1866. Théophile Gautier meurt à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872, il a 61 ans. Références : G. Flaubert, Correspondance, IV, p. 596.