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Auction archive: Lot number 193

GIONO (Jean) Manuscrit autographe signé

Estimate
€1,500 - €2,000
ca. US$1,671 - US$2,228
Price realised:
€1,909
ca. US$2,127
Auction archive: Lot number 193

GIONO (Jean) Manuscrit autographe signé

Estimate
€1,500 - €2,000
ca. US$1,671 - US$2,228
Price realised:
€1,909
ca. US$2,127
Beschreibung:

GIONO (Jean) Manuscrit autographe signé d’un très beau texte de Giono écrit peu de temps avant l’explosion de la première bombe H américaine au dessus de l’Atoll du Pacifique Eniwetok le 1er novembre 1952. […] Nous allons jeter cette bombe au dessus d’un atoll, les océans vont s’envoler, les montagnes se fondre, les volcans jaillir, l’or s’effondrer en poussière, la lumière construire de longues colonnes d’or pur, nous allons tous retourner au centre de la nébuleuse originelle […] Sans titre, Manosque, 13 octobre 1952 ; 2 pages in-4 d’une écriture très serrée à l’encre noire sur deux feuillets de papier jaune filigrané (Bambou-Nippon).Corrections, ajouts et annotations marginales. Manosque, 13 octobre 52 Nous étions en train de regarder l’automne. Les hommes qui marchent à la tête des chevaux, devant les charrettes de raisin, ont une allure goguenarde et fanfaronne. On rit à la vendange. Ceux qui marchaient en plein été devant les charrettes de blé étaient graves et silencieux. Rien de composé dans ces attitudes. Elles sont naturelles. Cela vient du fond des temps ; c’est l’homme sachant d’instinct les valeurs différentes du blé et du vin. Rien de composé non plus(ou ceci est une autre affaire) dans les textes de Marguerite Taos. C’est l’homme devant les problèmes et le mystère.Prenons la vie la plus patriarcale. Il n’y a pas que le foyer, le verger, le troupeau, le cheval, le couteau et la source ; même en y ajoutant le blé et le raisin qui viennent de nous faire réfléchir. Il suffira d’un soir de peur pour donner à l’huile de la lampe une valeur démesurée. Pour peu que je sente la nécessité de me mettre bien avec quelque dieu j’irai d’instinct à mon blé à mon vin, à mon huile, à mes moutons pour m’en servir d’appât ou de cadeau ; je ne sais rien d’autre qui puisse faire merveille. Nous voila dans les grandes constructions. Il ne faut pas beaucoup de temps pour voir un astre et un esprit dans le même olivier. A partir de la nuit ou je n’ai eu que la lampe à mettre entre l’ombre et moi, l’huile a assaisonné mes pois chiches d’un gout nouveau . Or je suis né après mon père qui était né lui même après le sien, et la peur est née avant tout le monde. Si je me réjouis de mon verger, je ne pense pas qu’en jarres ; ou si je pense en jarres c’est plus (disons autant) pour rassurer mon esprit que mon ventre. Le poète est arrivé, et le charme .Yahvé et Job ne sont pas loin ; et la démence, je veux parler de celle qui accompagne pas à pas toute raison ; disons le symbolisme. « Il dit, et déracine un chêne ».Il ne faut qu’un millième de seconde à un vieillard assis non seulement pour déraciner mais pour animer tous les chênes de l’univers. Un millième de seconde, et les voila alignés, à droite par quatre, ou « chevauchant par bruyères, par montagnes, par vallées, par roches et par malaisés détroits » comme l’armée écossaise de Froissart. C’est commode quand on a à se venger de quelque tyrannie divine et qu’on est tout au plus un pauvre vieux berger solitaire. Tout homme fut il roi, réclame sans cesse que justice lui soit rendue. Et il y a les délices du risque. Que de progrès je fais depuis le moment ou l’olivier ne pouvait me donner que l’huile de ma salade ou de ma lampe, le jour où je l’imagine (je le sais) capable de partir à son aventure personnelle comme vous et moi. Il va me falloir ruser avec lui, pendant qu’il rusera de son coté. Si mes moutons peuvent sublimement se dresser sur leurs pattes de derrière et rugir comme des lions je marcherai désormais devant le troupeau sans ennui et en serrant délicieusement les fesses. Voila à proprement parler la civilisation, et ce qui me distingue de l’inanimé. Je ne suis plus nu et cru. J’ai mes usines d’armes ébouriffantes. Aux constantes affirmations de la nature, je peux enfin répondre par une simple conjonction de coordination et dire ! Oui, mais. C’est un nouveau destin .Ou je partais perdant j’ai désormais des chances. Les murs de ma prison sont historiés, et comme dés qu’on a vu un v

Auction archive: Lot number 193
Auction:
Datum:
26 Apr 2019
Auction house:
LECLERE - Auction Houses
Marseille, 5, rue Vincent-Courdouan 13006 Marseille
Beschreibung:

GIONO (Jean) Manuscrit autographe signé d’un très beau texte de Giono écrit peu de temps avant l’explosion de la première bombe H américaine au dessus de l’Atoll du Pacifique Eniwetok le 1er novembre 1952. […] Nous allons jeter cette bombe au dessus d’un atoll, les océans vont s’envoler, les montagnes se fondre, les volcans jaillir, l’or s’effondrer en poussière, la lumière construire de longues colonnes d’or pur, nous allons tous retourner au centre de la nébuleuse originelle […] Sans titre, Manosque, 13 octobre 1952 ; 2 pages in-4 d’une écriture très serrée à l’encre noire sur deux feuillets de papier jaune filigrané (Bambou-Nippon).Corrections, ajouts et annotations marginales. Manosque, 13 octobre 52 Nous étions en train de regarder l’automne. Les hommes qui marchent à la tête des chevaux, devant les charrettes de raisin, ont une allure goguenarde et fanfaronne. On rit à la vendange. Ceux qui marchaient en plein été devant les charrettes de blé étaient graves et silencieux. Rien de composé dans ces attitudes. Elles sont naturelles. Cela vient du fond des temps ; c’est l’homme sachant d’instinct les valeurs différentes du blé et du vin. Rien de composé non plus(ou ceci est une autre affaire) dans les textes de Marguerite Taos. C’est l’homme devant les problèmes et le mystère.Prenons la vie la plus patriarcale. Il n’y a pas que le foyer, le verger, le troupeau, le cheval, le couteau et la source ; même en y ajoutant le blé et le raisin qui viennent de nous faire réfléchir. Il suffira d’un soir de peur pour donner à l’huile de la lampe une valeur démesurée. Pour peu que je sente la nécessité de me mettre bien avec quelque dieu j’irai d’instinct à mon blé à mon vin, à mon huile, à mes moutons pour m’en servir d’appât ou de cadeau ; je ne sais rien d’autre qui puisse faire merveille. Nous voila dans les grandes constructions. Il ne faut pas beaucoup de temps pour voir un astre et un esprit dans le même olivier. A partir de la nuit ou je n’ai eu que la lampe à mettre entre l’ombre et moi, l’huile a assaisonné mes pois chiches d’un gout nouveau . Or je suis né après mon père qui était né lui même après le sien, et la peur est née avant tout le monde. Si je me réjouis de mon verger, je ne pense pas qu’en jarres ; ou si je pense en jarres c’est plus (disons autant) pour rassurer mon esprit que mon ventre. Le poète est arrivé, et le charme .Yahvé et Job ne sont pas loin ; et la démence, je veux parler de celle qui accompagne pas à pas toute raison ; disons le symbolisme. « Il dit, et déracine un chêne ».Il ne faut qu’un millième de seconde à un vieillard assis non seulement pour déraciner mais pour animer tous les chênes de l’univers. Un millième de seconde, et les voila alignés, à droite par quatre, ou « chevauchant par bruyères, par montagnes, par vallées, par roches et par malaisés détroits » comme l’armée écossaise de Froissart. C’est commode quand on a à se venger de quelque tyrannie divine et qu’on est tout au plus un pauvre vieux berger solitaire. Tout homme fut il roi, réclame sans cesse que justice lui soit rendue. Et il y a les délices du risque. Que de progrès je fais depuis le moment ou l’olivier ne pouvait me donner que l’huile de ma salade ou de ma lampe, le jour où je l’imagine (je le sais) capable de partir à son aventure personnelle comme vous et moi. Il va me falloir ruser avec lui, pendant qu’il rusera de son coté. Si mes moutons peuvent sublimement se dresser sur leurs pattes de derrière et rugir comme des lions je marcherai désormais devant le troupeau sans ennui et en serrant délicieusement les fesses. Voila à proprement parler la civilisation, et ce qui me distingue de l’inanimé. Je ne suis plus nu et cru. J’ai mes usines d’armes ébouriffantes. Aux constantes affirmations de la nature, je peux enfin répondre par une simple conjonction de coordination et dire ! Oui, mais. C’est un nouveau destin .Ou je partais perdant j’ai désormais des chances. Les murs de ma prison sont historiés, et comme dés qu’on a vu un v

Auction archive: Lot number 193
Auction:
Datum:
26 Apr 2019
Auction house:
LECLERE - Auction Houses
Marseille, 5, rue Vincent-Courdouan 13006 Marseille
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