Beschreibung:

Les Poésies de Méléagre. Paris, [Librairie de l'Art Indépendant], 1893. Petit in-8 carré (131 x 103 mm) de (4) ff., IX pp., 140 pp., (1) f.: maroquin fauve, dos lisse orné en long de filets et d'une grecque dorés, le même décor en encadrement sur les plats, coupes filetées or, bordures intérieures décorées, doublures et gardes de soie émeraude, couvertures conservées, tranches dorées sur témoins (E. & A. Maylander) Édition originale tirée à 525 exemplaires, dédiée à José Maria de Heredia. Un des 5 exemplaires de tête sur papier de Chine (nº 5). La traduction de Méléagre révèle l'érudition de Pierre Louÿs et son goût pour la poésie hellénistique. L'édition originale était déjà donnée comme étant “très rare” au catalogue de la vente Pierre Louÿs en 1926. Envoi autographe signé au crayon bleu au recto du feuillet de justification: A Edmond Bailly très cordialement Pierre Louÿs Le dédicataire n'est autre que l'éditeur du volume. Poète, musicien et ancien communard proche de l'anarchisme, Edmond Bailly (1850-1916) fut un éditeur d'avant-garde: Régnier, Claudel, Gide et Louÿs publièrent leurs premières Oeuvres à sa Librairie de l'Art Indépendant, haut lieu du symbolisme. Sa marque typographique dessinée par Félicien Rops représente une sphinge ailée à queue de poisson. D'où sa devise altière: Non hic piscis omnium - “ce n'est pas le poisson de tous.” Exemplaire unique par son “truffage”: une superbe lettre de Marcel Proust adressée à Pierre Louÿs à propos du livre et un poème autographe. La lettre autographe signée de Marcel Proust (3 pp. in-4, enveloppe jointe) a été adressée en octobre 1893: Cher Monsieur, Ma sympathie pour vous, ardente et intimidée, s'est exaltée vous imaginez de quels plaisirs reconnaissants quand j'ai trouvé le Méléagre. Aviez-vous voulu lui faire la charité d'un semblant de rendu, qui en étant si ingénieux reste si gentil ? J'ai beaucoup aimé la vie de Méléagre le début si subtil et de tant de grâce, les charmantes choses douces et tolérantes du milieu, la fin si belle. Je ne sais pas le grec et à peine le français deux conditions pour mal juger des mérites spéciaux de cette traduction en tant que traduction, mais je suis sûr des autres, et serai d'ailleurs garant de ceux-là! Pardon de vous avoir si peu décemment écrit, mais je suis couché, ai voulu vous remercier avant de m'endormir - et ma plume n'est pas appuyée. Déjeunez-vous aussi lundi chez notre ami commun (si raffiné au contraire) Robert de Montesquiou. [...] Si les deux écrivains ne furent pas intimes, ils se fréquentaient, notamment par l'intermédiaire de Robert de Montesquiou chez qui ils dînaient régulièrement. Dès 1891, Louÿs avait songé à solliciter la collaboration du futur auteur de la Recherche pour La Conque. Ils étaient également tous deux membres de l'Académie canaque, joyeuse société qui groupait autour des soeurs Heredia des personnalités comme Paul Valéry Léon Blum ou Ferdinand Hérold. Cette amitié trouva enfin un écho dans Jean Santeuil, le romancier faisant dire à son personnage Rustinlor: “J'aime mieux qu'Esther deux pages sur Esther de Paul de Saint-Victor et que Phèdre un conte de Pierre Louÿs appelé Ariane, où il y a toute la Grèce et qui est autrement écrit!” (Kolb, Correspondance de Marcel Proust I, nº 107: l'éditeur n'a recensé que quatre lettres de Proust à Louÿs.) Le volume contient en outre un sonnet autographe de Pierre Louÿs intitulé Eucharistos (titre en caractères grecs, 1 p. in-8, crayon noir): cette pièce de circonstance a été écrite pour le poète Stuart Merrill à l'occasion de Noël 1894. Provenance: Charles Hayoit, avec ex-libris (cat. IV, 2001, nº 828)