Beschreibung:

Lot DetailsAuthenticity guaranteedAuthenticity guaranteedXXe siècle (lots 51 à 142)
Magritte, RenéLettre autographe illustrée, signée à Suzi Gablik 2 dessins originaux.Bruxelles 28 janvier 1963.
2 pages in-8 (215 x 356 mm). Stylo bleu sur un feuillet à son en-tête : René Magritte 97, rue des Mimosas, Bruxelles 3. Signé "R.M.".
Importante lettre illustrée.
Magritte représente deux tableaux importants, La Leçon de musique et Les Bijoux indiscrets.
Femme artiste et critique d’art américaine influente, Suzi Gablik (née en 1934) fut très proche de Magritte, auquel elle consacra une monographie en 1970. Ayant vécu huit mois chez les Magritte, à Bruxelles, en 1959-1960, elle avait une connaissance très fine de l'œuvre du maître belge.
Dans la lettre, Magritte esquisse un portrait du galeriste new yorkais, Alexander Iolas (1907-1987) qui est en train de réunir des photographies pour l'étude qu'écrit son amie : "Avec l’expérience que j’ai d’Iolas, je sais qu’il faut de la patience : il demeure sans donner signe de vie, il ne répond jamais aux lettres, et puis tout d’un coup il arrange les choses qu’il faut arranger." Il se montre impatient de lire son livre "en chair et en os", qui hélas paraîtra après la mort de l'artiste.
De l'importance du sujet. Le peintre discute ensuite l’importante question artistique qu’il résume son tableau "Zola Mallarmé" : tous les sujets se valent-ils ? ou alors les plus rares sont-ils plus aptes à engendrer la beauté ? Rappelons que Flaubert avait déjà tranché en affirmant qu’"Yvetot vaut Constantinople". C’est également la position de Magritte, qui affirme sans ambages : "Zola ne dit qu'une platitude, en ce sens qu'il est évident que toutes choses se valent. Il a donc 'raison'." Mais c’est pour ajouter aussitôt : "Mais tort de dire une platitude".Il évoque aussi un tableau représentant "soulier avec la jambe de pantalon", dont Jean Seeger a trouvé le titre, "L'Étalon" (ce sera finalement Le puits de vérité).
Deux beaux dessins (83 x 48 cm et 52 x 65 mm) illustrent la lettre : pour montrer son travail en cours, le peintre dessine deux de ses tableaux :- L'un représente une clochette surmontée d'une oreille flottant dans le ciel : le tableau, ici intitulé La Sonnette d’Achille, sera finalement titré La Leçon de musique.- Le second, très magrittien, montre un visage en relief sur le dos d'une main ; ici titré La Divine Comédie, il prendra le titre définitif d’une autre œuvre littéraire, suivant la suggestion de Scutenaire : Les Bijoux indiscrets.Magritte demande à la critique : "Que pensez-vous de ces titres, que proposeriez-vous ? Quel était ce jeu de mots comme titre pour "L'Étalon" ?"
La lettre est mentionnée dans le catalogue raisonné de l'œuvre de Magritte :- "on 28 January 1963 he sent Gablik another sketch of the image (virtually that of the painting), saying that it was to be his next work. The title, he told her, was to be La divine Comédie' / "The divine comedy' /, but in the event, and at Scutenaire's suggestion, he took the title from Diderot rather than Dante."- "The image was first done in January 1963 and titled ‘La sonnette d’Achille’, according to Magritte’s description and drawing, fig a., of a ‘nouveau tableau’ in a letter to Suzi Gablik of 28 January 1963".
Retranscription de la lettre :"Le 28 janvier 1963Ma chère Suzi,Je peux répondre à votre lettre en vous donnant peu de nouvelles au sujet d’Iolas : j’ai reçu, il y a quelques jours, un coup de téléphone d’Iolas : il avait reçu communication d’une lettre que je lui avais adressée à New York. Il me téléphonait de Paris pour me dire qu’il s’occupait de réunir les photocopies pour votre livre, qu’il renterait bientôt à New York et qu’il me donnerait des nouvelles au sujet de diverses entreprises dont il s'occupe : l'édition de votre livre, projet d'exposition de moi à Paris, etc. Avec l’expérience que j’ai d’Iolas, je sais qu’il faut de la patience : il demeure sans donner signe de vie, il ne répond jamais aux lettres, et puis tout d’un coup il arrange les choses qu’il faut arranger. Donc, prenez encore patience, rien ne presse d’ailleurs, à part notre impatience relative de voir le livre "en chair et en os".Le titre pour le tableau d’un soulier avec la jambe de pantalon a été trouvé par Seeger : "L'Étalon".Dans le duel Zola Mallarmé, c'est Zola qui a raison: toutes choses se valent (et malgré que les unes peuvent être moins rares que d’autres). Zola ne dit qu'une platitude, en ce sens qu'il est évident que toutes choses se valent. Il a donc "raison". Mais tort de dire une platitude.Ce que Mallarmé devait répondre, c'est que l'on puisse préférer certaines choses à d'autres. (Les préférer parce qu’elles sont plus rares est une raison digne d’un homme d’affaires.)Mon nouveau tableau s'appelle : "La Sonnette d'Achille" et un prochain s’appellera "La Divine Comédie".Que pensez-vous de ces titres, que proposeriez-vous ? Quel était ce jeu de mots comme titre pour "L'Étalon" ?Bien amicalement à vous,RM"Condition reportFor further information on the condition of this lot please contact Benoit.Puttemans@sothebys.com LiteratureD. Sylvester, S. Whitfield & M. Raeburn, René Magritte Catalogue Raisonné, Gouaches, Temperas, Watercolours and Papiers collés, 1918-1967, Londres, 1994, vol. IV, p. 375-376 (voir fig. a pour la reproduction du dessin) et p. 283-284.Additional Notices & DisclaimersPlease note: Condition 12 of the Conditions of Business for Buyers (Online Only) is not applicable to this lot. (Veuillez noter que l'Article 12 des Conditions Générales de Vente applicables aux Vendeurs (Ventes Effectuées Exclusivement en Ligne) n'est pas applicable pour ce lot.)