Beschreibung:

Max JACOB [" Les Canamas I. Les Gants blancs (roman nyctalope) " : ébauches et fragments du manuscrit original autographe. - Pièces autographes diverses] [Vers 1925-1926] 150 p. environ, in-12, in-8 et in-4. PRECIEUX ENSEMBLE DE MANUSCRITS DE MAX JACOB constitué de notes préparatoires, d'ébauches et de fragments plus aboutis d'un roman resté inachevé et inédit. Une page soigneusement composée par l'auteur en donne le titre : "?Les Canamas I. Les Gants blancs (roman nyctalope)?". C'est à la fois un roman dynastique et de formation?: "?Comme celle des Buddenbrooks, des Forsyte ou des Thibaut, la dynastie des Canamas, à commencer par le grand-père qui ressemblait à Metzinger, le père, le professeur Irénée Canamas, et ses trois fils, Jean "?le coquet?", Gabriel "?le stupide?" et Albert dit "?Bébé?", le mathématicien, tend à être représentative d'une certaine bourgeoisie moderne ; de sorte que le roman, comme tel, ne s'annonce pas sans rapport avec le Tableau de la bourgeoisie, dans lequel Jacob reconnaissait volontiers la plus ambitieuse de ses œuvres, et qui a peut-être définitivement supplanté l'ouvrage romanesque dont il aurait en quelque sorte absorbé la matière?" (Jean de Palacio. "?Un roman inédit de Max Jacob : "Les Gants blancs"?", dans Revue des lettres modernes, n° 474-478 (Max Jacob… 2, Romanesques), 1976, p. 81). Pour préparer son roman, Max Jacob accumule des notes dont le principal objet est l'étude du caractère de ses personnages et surtout du premier d'entre eux, Albert Canamas, qui était certainement appelé à être le héros de cette œuvre romanesque, un héros semble-t-il autobiographique. Or, voir en Albert ou en son possible double, le docteur Sphinx, un autoportrait de Max Jacob donne à certains passages une dimension introspective qui mériterait d'être étudiée point par point afin d'approfondir la connaissance que nous avons de l'intimité psychologique du poète : Confession du docteur. Ma lâcheté est sans égal. J'arrive à épouser les opinions au point d'être plus convaincu de celles des autres que de la mienne, si j'en ai une. Ma paresse est une paresse d'esprit, c'est la pire ! De là mes distractions, les gaffes que je commets par paresse de m'étendre, d'aller chercher les détails, de développer mes pensées. C'est un péché de toutes les secondes et comme je veux briller quand même les brutalités dues à l'absence de surveillance. Lâcheté et paresse sont synonymes, je me laisse vaincre autant par le démon que par les hommes : je me suis laissé arracher de l'argent par une de mes ignobles relations, acceptées par paresse et j'ai eu la force de sourire à la table de famille de celui qui me fascinait. Je n'ai ressenti ma faiblesse qu'en pleurant sur le trottoir de l'avenue d'Iéna. Je ne suis gourmand que par paresse de refuser la nourriture pour ne pas déplaire en refusant ; alors le démon se jette sur moi et me fait plus goinfre que de plus goinfres que moi. […] Je n'ai jamais assassiné parce que je suis faible physiquement mais j'ai comme le désir de l'assassinat. J'ai fait assassiner des gens qui me gênaient, des gens avec qui j'avais des contrats qui étaient un obstacle [à mon] esprit d'indépendance. Est-ce que mon esprit d'indépendance n'est pas une paresse ? On trouve aussi dans cet ensemble de manuscrits quelques pièces en vers : Je flotte aux lunes de la mer, et vous présidez à ses havres Pensiez-vous saigner mon cadavre ? et de savoureux passages dialogués : Mme Romance: Ma cuisinière a eu la grippe. C'est très gênant : il faut s'occuper de tout soi-même : quelle horreur ! Mme Lagaffe: Moi j'adore m'occuper du ménage. C'est n'amusant ! (Étonnement général. Véritable scandale mais voilé par les plus aimables sourires Mme Divorcée?: Quelle engeance que ces domestiques, c'est une plaie ! On n'en peut plus trouver ! Quand on reçoit un peu… vraiment ! C'est à se demander ce qu'on va devenir. L'auteur invisible dans la coulisse?: Tu mens, ma vieille ! Il y a vingt ans, tu n'avais pas les moyens d'avoir une cuisi