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Auction archive: Lot number 160

MÉRIMÉE (Prosper)....

Estimate
€100 - €150
ca. US$98 - US$148
Price realised:
€208
ca. US$205
Auction archive: Lot number 160

MÉRIMÉE (Prosper)....

Estimate
€100 - €150
ca. US$98 - US$148
Price realised:
€208
ca. US$205
Beschreibung:

MÉRIMÉE (Prosper). Lettre autographe [probablement à Sophie de Beaulaincourt]. Cannes, 11 novembre 1866. 4 pp. in-8. « ... Nous n'avons guères de fleurs en cette saison que des roses presque aussi belles que celles que vous faites, mais qui ne supportent pas le transport. J'ai ici trop chaud & tout le monde se plaint du soleil. Un médecin anglais qui aime les poulets a voulu leur donner à manger des grains qu'il prenait dans un coffre. Il a été mangé lui-même par une vipère qui y était entrée, on ignore avec quelles intentions, dont il est encore très malade. C'est pour vous dire que le temps est très beau, car les vipères ne se promènent plus dès que vient le froid. Il y a ici grande abondance d'Anglais et d'Anglaises ayant des parasols doublés de soie bleue & qui se croient en plein été. Un Écossais m'a dit qu'il avait laissé sa maison sous la neige pour venir ici. JE VOIS QU'IL Y A COMPIEGNE, ET JE PENSE QUE VOUS EN FAITES L'ORNEMENT [des fêtes étaient données au palais de Compiègne quand la Cour y séjournait]. Si vous voulez que je vous envoie des anémones quand viendra la saison, vous ne ferez pas mal de m'écrire ce qui sera fait de beau, principalement le 15 pour la fête de S.M. Mon journal me dit que la première série des invités se compose des gros ambassadeurs, ce qui doit être bien divertissant, ces messieurs étant d'ordinaire très gais. J'AI VOYAGE L'AUTRE JOUR AVEC TOUTES SORTES DE TURCS DONT TROIS FEMMES PARLANT BIEN ANGLAIS, AVEC DES YEUX NOIRS, TEINT IDEM, comme rempli de zinc, conversant en turc avec les messieurs qui avaient des bonnets rouges. Je suppose que ce sont les dames de l'ex-ambassadeur. on pourrait les choisir plus mal. Je suis entré, ou rentré, dans ma vie de Cannes avec un immense plaisir. J'ai dans ce pays-ci le sentiment que je suis at home, que je n'éprouve guères à Paris. Je suis venu avec des idées de travail et une quantité de bouquins que je n'ai pas encore déballés. LA SEULE MANIERE DE VIVRE, C'EST D'ETRE AU SOLEIL SANS RIEN FAIRE. Je me plais à croire qu'après ma mort je serai changé en lézard. AVEZ-VOUS L'ALLOCUTION DU PAPE [Pie IX] ? Cela casse les bras. Assurément on n'avait jamais [osé] dire aux gens du 16e siècle ce qu'on risque avec nous. Mais comment cela finira-t-il ? Quelle espèce de raisonnements peut-on employer avec UN HOMME DE TRES BONNE FOI QUI NE TIENT AUCUN COMPTE DE CE QUI S'EST PASSE EN EUROPE DEPUIS QUELQUES SIECLES ? Vous pensez bien que nous ne savons rien de rien à Cannes, aussi vous m'obligeriez beaucoup en me disant quelque chose de la politique actuelle. Est-il vrai que M. ROUHER trouve que M. WALEWSKI est insuffisant dans son fauteuil et qu'il voudrait lui en trouver en autre ? [Il s'agit du ministre d'État Eugène Rouher, et du député au Corps législatif Florian Alexandre Joseph Colonna, comte Walewski, fils naturel de Napoléon Ier.] Il est temps de s'en apercevoir, sans doute, mais le maréchal Vaillant [Jean-Baptiste-Philibert Vaillant, ministre de la Maison de l'empereur et ministre des Beaux-Arts] est-il disposé à quitter la place ? Dites-moi encore, Madame, très exactement, comment se porte M. de BISMARK. on le disait menacé d'une phlébite lorsque j'allais quitter Paris. Après avoir eu toutes les peines du monde à persuader à son roi [de Prusse] qu'il était l'élu de la Providence pour opérer l'unification de l'Allemagne, il a réussi si complètement, qu'il serait nécessaire à présent qu'il mît des sourdines à son piano, le roi étant en appétit de conquête. Adieu, Madame, bien que je me considère ici comme dans une antichambre du Paradis, je ne puis m'empêcher de regretter "Le Caire" [salon de madame de Beaulaincourt, ainsi dénommé en raison de ses meubles et objets décoratifs offerts par le pacha d'Égypte], et les bonnes soirées qu'on y passe, avec des cigarres à vingt sous, en contemplation de deux petits pieds en souliers gris à talons... » FILLE DU MARECHAL DE CASTELLANE ET UNE DES FIGURES SAILLANTES DU SECOND EMPIRE, SOPHIE DE CASTELLANE (1818-1904) épousa

Auction archive: Lot number 160
Auction:
Datum:
25 Oct 2022
Auction house:
Osenat Maison de vente aux enchères
9-11 rue Royale
77300 Fontainebleau
France
contact@osenat.com
+33 (0)1 64222762
Beschreibung:

MÉRIMÉE (Prosper). Lettre autographe [probablement à Sophie de Beaulaincourt]. Cannes, 11 novembre 1866. 4 pp. in-8. « ... Nous n'avons guères de fleurs en cette saison que des roses presque aussi belles que celles que vous faites, mais qui ne supportent pas le transport. J'ai ici trop chaud & tout le monde se plaint du soleil. Un médecin anglais qui aime les poulets a voulu leur donner à manger des grains qu'il prenait dans un coffre. Il a été mangé lui-même par une vipère qui y était entrée, on ignore avec quelles intentions, dont il est encore très malade. C'est pour vous dire que le temps est très beau, car les vipères ne se promènent plus dès que vient le froid. Il y a ici grande abondance d'Anglais et d'Anglaises ayant des parasols doublés de soie bleue & qui se croient en plein été. Un Écossais m'a dit qu'il avait laissé sa maison sous la neige pour venir ici. JE VOIS QU'IL Y A COMPIEGNE, ET JE PENSE QUE VOUS EN FAITES L'ORNEMENT [des fêtes étaient données au palais de Compiègne quand la Cour y séjournait]. Si vous voulez que je vous envoie des anémones quand viendra la saison, vous ne ferez pas mal de m'écrire ce qui sera fait de beau, principalement le 15 pour la fête de S.M. Mon journal me dit que la première série des invités se compose des gros ambassadeurs, ce qui doit être bien divertissant, ces messieurs étant d'ordinaire très gais. J'AI VOYAGE L'AUTRE JOUR AVEC TOUTES SORTES DE TURCS DONT TROIS FEMMES PARLANT BIEN ANGLAIS, AVEC DES YEUX NOIRS, TEINT IDEM, comme rempli de zinc, conversant en turc avec les messieurs qui avaient des bonnets rouges. Je suppose que ce sont les dames de l'ex-ambassadeur. on pourrait les choisir plus mal. Je suis entré, ou rentré, dans ma vie de Cannes avec un immense plaisir. J'ai dans ce pays-ci le sentiment que je suis at home, que je n'éprouve guères à Paris. Je suis venu avec des idées de travail et une quantité de bouquins que je n'ai pas encore déballés. LA SEULE MANIERE DE VIVRE, C'EST D'ETRE AU SOLEIL SANS RIEN FAIRE. Je me plais à croire qu'après ma mort je serai changé en lézard. AVEZ-VOUS L'ALLOCUTION DU PAPE [Pie IX] ? Cela casse les bras. Assurément on n'avait jamais [osé] dire aux gens du 16e siècle ce qu'on risque avec nous. Mais comment cela finira-t-il ? Quelle espèce de raisonnements peut-on employer avec UN HOMME DE TRES BONNE FOI QUI NE TIENT AUCUN COMPTE DE CE QUI S'EST PASSE EN EUROPE DEPUIS QUELQUES SIECLES ? Vous pensez bien que nous ne savons rien de rien à Cannes, aussi vous m'obligeriez beaucoup en me disant quelque chose de la politique actuelle. Est-il vrai que M. ROUHER trouve que M. WALEWSKI est insuffisant dans son fauteuil et qu'il voudrait lui en trouver en autre ? [Il s'agit du ministre d'État Eugène Rouher, et du député au Corps législatif Florian Alexandre Joseph Colonna, comte Walewski, fils naturel de Napoléon Ier.] Il est temps de s'en apercevoir, sans doute, mais le maréchal Vaillant [Jean-Baptiste-Philibert Vaillant, ministre de la Maison de l'empereur et ministre des Beaux-Arts] est-il disposé à quitter la place ? Dites-moi encore, Madame, très exactement, comment se porte M. de BISMARK. on le disait menacé d'une phlébite lorsque j'allais quitter Paris. Après avoir eu toutes les peines du monde à persuader à son roi [de Prusse] qu'il était l'élu de la Providence pour opérer l'unification de l'Allemagne, il a réussi si complètement, qu'il serait nécessaire à présent qu'il mît des sourdines à son piano, le roi étant en appétit de conquête. Adieu, Madame, bien que je me considère ici comme dans une antichambre du Paradis, je ne puis m'empêcher de regretter "Le Caire" [salon de madame de Beaulaincourt, ainsi dénommé en raison de ses meubles et objets décoratifs offerts par le pacha d'Égypte], et les bonnes soirées qu'on y passe, avec des cigarres à vingt sous, en contemplation de deux petits pieds en souliers gris à talons... » FILLE DU MARECHAL DE CASTELLANE ET UNE DES FIGURES SAILLANTES DU SECOND EMPIRE, SOPHIE DE CASTELLANE (1818-1904) épousa

Auction archive: Lot number 160
Auction:
Datum:
25 Oct 2022
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9-11 rue Royale
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France
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