Beschreibung:

Livres et Manuscrits des XIX & XXe siècles (lot 99 à 171) [PROUST, MARCEL] ─ PAUL CÉSAR HELLEU Proust sur son lit de mort.[1922.] UN POIGNANT PORTRAIT DE L'ÉCRIVAIN MORT, PAR SON AMI HELLEU. Pointe-sèche sur papier vélin, second état (335 x 543 mm, feuille 481 x 647 mm), sur vélin de Rive BFK filigrané. Signé "Helleu" en bas à droite dans l'image.Sous verre, encadrement de bois doré.Bord des marges jaunis sous l'encadrement. Helleu portraitiste de Proust. Seul artiste à avoir connu personnellement l’écrivain, Paul-César Helleu (1859-1927) se serait rendu à son chevet le lendemain du décès, soit le dimanche 19 novembre, vers deux heures de l’après-midi. Le peintre impressionniste avait rencontré Proust en 1895 par l’intermédiaire de Robert de Montesquiou qui l’avait lancé dans le monde. Devenus amis, ils se fréquentèrent notamment durant leurs séjours à Cabourg en 1907 et 1912. Le peintre, l’un des principaux modèles d’Elstir, écrira à Proust, en septembre 1920 : "J’aurais toujours aimé faire une gravure de votre tête, elle aurait peut-être été bien, mais vous ne venez plus me voir ?" (Corr., XIX, p. 498). Ce portrait, Helleu n’aura pas l’occasion de le réaliser du vivant de son ami : il sera réalisé chez Proust, post-mortem. "Quand je serai mort, qu’on appelle Helleu pour qu’il fasse mon portrait", aurait dit Proust à Céleste. Appelé à réaliser le portrait, Helleu aurait déclaré : "Vous ne savez pas où je vais cet après-midi ? […] Je vais dessiner la tête de Proust […] Ce n’est pas drôle, quelle horrible besogne !" L’artiste grave le plus vite possible, en une seule séance de deux heures : il se sent oppressé dans la chambre mortuaire, bouleversé par la tête exsangue de son ami qui, dans les draps blancs, lui évoque celle de Jean-Baptiste décapité, gêné par la lumière électrique qui se reflète sur la plaque de cuivre. Aussi, l’artiste fut-il mécontent de son ouvrage, effectué dans ces circonstances difficiles et peu inspirantes. Sa fille se souvient que, à son retour, Helleu essaya de rayer le cuivre sous la semelle de ses chaussures pour l’effacer, puis qu’il en tira tout de même des épreuves. Il n’en aurait imprimé que deux pour Robert Proust, mais, plus tard, après la mort de l’artiste en 1927, ses héritiers firent des retirages d’après le cuivre retrouvé. Ces souvenirs de Céleste sont cependant contredits par l’observation. Deux états différents du même portrait. Benoît Puttemans, dans une étude récente à paraître, a observé une différence qui n'avait pas encore été étudiée : Helleu a réalisé deux portraits, et non un seul. L’un étant le second état de l’autre :- du premier état, il n'y aurait que deux exemplaires, dont l'un est conservé au Musée de Tante Léonie ;- les exemplaires du second état, comme le nôtre, sont un peu plus nombreux, mais restent très rares ─ moins d'une dizaine d'exemplaires sont répertoriés. Après avoir tiré les exemplaires du premier état, espérant peut-être améliorer un ouvrage qui ne lui donnait pas satisfaction, l’artiste en modifia les traits pour obtenir ce second état. Voir lot 168 pour un autre portrait de Proust, par Emmanuel Sougez souvent confondu avec celui de Man Ray. Pour un autre portrait par Helleu, provenant de Robert Proust, cf. https://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2016/livres-manuscrits-pf1603/lot.231.html PROVENANCE:Paul Helleu, Twenty-Eight Drypoints, Londres, Lumley Cazalet Ltd, 20 mai-18 juin 1999, n° 28 (étiquette de la galerie au verso). EXHIBITED:Cette épreuve, reconnaissable grâce à l'emplacement atypique de la signature, est probablement celle qui a figuré à l'exposition : Paul Helleu 1859-1927, Honfleur, Musée Eugène Boudin 1993, n° 135, pl. 20. LITERATURE:Benoît Puttemans, "Mort à jamais ? Les derniers portraits de Proust : Helleu, Man Ray et quelques autres", Bulletin Marcel Proust n° 72 (à paraître en novembre 2022).