Beschreibung:

SANGRO (Raimondo di). Supplica umiliata alla Santità di Benedetto XIV, in difesa e rischiaramento della sua Lettera apologetica sul proposito de’ Quipu de’ Peruani. Naples, Salzano & Castaldo, 1753. Petit in-folio, veau fauve, riche décor à compartiments dessiné au filet et aux petits fers de fleurs et de volutes dorés et argentés au palladium (oxydé) comprenant un triple encadrement de filets et un double cartouche quadrilobé contenant un grand fleuron central, dos orné, roulette sur les coupes, tranches dorées (Reliure de l'époque). Édition originale de cet ouvrage rare et curieux sur le quipu précolombien. Le titre, imprimé en rouge et noir, est orné d'une vignette gravée en sanguine par Antonio Baldi représentant un sphynx. Le CCFr n'en recense que deux exemplaires dans nos collections publiques (à la BSG et à l'Arsenal). Fasciné par la cryptologie d'une part et fortement inspiré par les Lettres d'une Péruvienne de Françoise de Graffigny, qui venaient de paraître à Paris, en 1747, Raimondo di Sangro publia en 1750 une Lettera apologetica dans lequel il expose une méthode pour décrypter le quipu péruvien – système de notation basé sur des cordes à nœuds de couleurs variées, utilisé par l'administration inca pour pallier l'absence d'écriture. Son analyse de ce système d'écriture dépassait toutefois les bornes de la cryptologie, pour traiter de questions métaphysiques et religieuses, évoquant l'exégèse de la Genèse, l'ancienneté du langage, les origines de l'homme et le panthéisme, ce qui valut à sa Lettera apologetica d'être condamnée par la Congrégation de l'Index comme « scandalosa, temeraria, offensiva alle pie orecchie che favorisce l'eresia ed il materialismo ». C'est de cette accusation d'hérésie dont Raimondo di Sangro se défend, tout en retraçant l'histoire du quipu, dans la présente Supplica umiliata adressée au pape Benoît XIV en 1753. Inventeur et anatomiste réputé, membre de la Sacra Accademia Fiorentina et de l'Accademia della Crusca, Raimondo di Sangro (1710-1771), prince de San Severo, fut aussi un occultiste versé dans l'alchimie et la franc-maçonnerie, connu pour ses machines anatomiques humaines conservées dans les souterrains de la chapelle Santa Maria della Pietà, à Naples. Umberto Eco dans N'espérez pas vous débarrasser des livres, brossait de lui ce portrait : « Ce prince de Sansevero est un personnage extraordinaire. Probablement franc-maçon, occultiste, il est connu pour avoir fait réaliser dans sa chapelle, à Naples, des sculptures de corps humains décortiqués avec le système veineux mis à nu, d'un réalisme tel qu'on a toujours imaginé qu'il avait travaillé à partir de corps humains vivants, peut-être d'esclaves à qui il avait inoculé certaines substances pour les pétrifier de cette façon. Si vous visitez Naples, vous devez absolument vous rendre dans la crypte de la Chapelle Sansevero pour les admirer. Ces corps sont des espèces de Vésale en pierre ». Très bel exemplaire dans une somptueuse reliure napolitaine de l'époque, d'un exceptionnel état de fraîcheur. Des bibliothèques du roi Louis-Philippe au Palais-Royal (1852, II, n°1265), avec cachet ex-libris au titre, et Arthur Dinaux (1864, II, n°584), l'auteur d'un ouvrage des plus érudits sur les sociétés bachiques, avec une note autographe signée sur une garde, datée Montataire, 1858 : « Exemplaire de choix, revêtu d'une riche reliure napolitaine, dont les ornements en argent sont noircis par le temps, rapporté de Sicile par Louis Philippe d'Orléans, ou Marie Amélie sa femme... » Palau, n°297275.