Sappho (buste, d'après la Sappho assise) Vers 1852 Bronze à patine noire Signé à la terrasse : J.Pradier Titré : ????? Hauteur : 57 cm. avec le piédouche. Œuvres en rapport : • LAPAIRE, Claude. James Pradier catalogue raisonné. Milan, 2010, n° 368 et n°368.3. En 1848, au Salon, Pradier, alors considéré comme le «roi» de la sculpture française (le mot est de Baudelaire, dans son Salon de 1846) expose une Sappho debout (Île de Wight, Collection de S.M. la Reine à Osborne House). C'est la première fois qu'il interprète le sujet, sensuel et dramatique, de cette poétesse antique, désespérée d'amour, songeant au suicide. Théophile Gauthier commente alors avec enthousiasme : «La tête s'incline pensive et douloureuse, courbée sous l'amer chagrin d'un amour méconnu. (...) Jamais Pradier qui, à l'exemple des Anciens, n'aime pas à troubler la beauté des traits par l'expression de la joie ou de la douleur, n'a fait une physionomie aussi significative (...). La prédominance de la tête sur le reste du corps est un sentiment spiritualiste et chrétien ignoré de l'antiquité, et Pradier est un payen pur, adorateur de Zeus, d'Héré, de Poséidon et surtout d'Aphrodite. (...) Cette statue (...), si elle était convenablement oxydée et vertdegrisée par un séjour prolongé sous la terre ou dans la mer, qui lui donnerait la patine antique, pourrait passer pour une des œuvres du beau temps de l'art grec ou romain, et se paierait des prix incalculables». Peu après, le 1er avril 1852, au Salon, la Sappho assise, en marbre (Paris, Musée d'Orsay, RF2990), au visage très proche, fait l'admiration du public et offre à Pradier sa dernière gloire avant son trépas, le 4 juin suivant. L'émotion est grande et l'on recouvre l'œuvre d'un crêpe pour le restant de l'exposition, à l'issue de laquelle le sculpteur reçut une médaille d'honneur posthume. Aujourd'hui, la Sappho assise est la première œuvre qui accueille le visiteur dans la grande nef du Musée d'Orsay. Notre Sappho, inédite, est une belle addition à la petite liste des versions en buste dont l'artiste, qui n'oubliait aucun moyen de faire connaître son œuvre et de la commercialiser, avait certainement prévu l'édition. Dans sa vente d'atelier (19 juillet 1855) figure une «tête de Sappho, dernier ouvrage de M. Pradier» prisée 210 francs, qui figure, en 1860, dans le catalogue de l'éditeur Susse, dans la section des bustes : «Sapho de Pradier, 2e, 3e et 4e grandeur». Nous connaissons aussi un plâtre, de dimensions identiques au nôtre, qui était présenté à la galerie André Lemaire, en 1987, portant l'estampille «Salvatore Marchi fondeur et ed. de Mr Pradier», tandis qu'une version en bronze argenté et partiellement doré est mentionné dans une collection privée parisienne en 2005. Notre buste témoigne, avec cette belle patine noire et son piédouche en marbre de Portoro, noir veiné de jaune, du goût prononcé, en ce début de Second Empire, non seulement pour la sculpture littéraire, mais aussi pour le style néo-grec, dont une des illustrations majeures fut la «maison pompéienne» du Prince Napoléon (18, avenue Montaigne, commencée en 1856, achevée en 1860, détruite en 1891). Illustrations comparatives : Fig.1. James Pradier Etudes pour Sappho, 1848, mine de plomb sur papier, Paris, ENSBA, inv. EBA 1476. Fig.2. James Pradier Sappho debout, 1848, bronze argenté, collection privée, localisation actuelle inconnue. Fig.3. James Pradier Sappho assise, 1852, marbre, Paris, Musée d'Orsay, inv. RF2990. Fig.4. James Pradier Sappho assise, en buste, 1852, plâtre, localisation actuelle inconnue.
Sappho (buste, d'après la Sappho assise) Vers 1852 Bronze à patine noire Signé à la terrasse : J.Pradier Titré : ????? Hauteur : 57 cm. avec le piédouche. Œuvres en rapport : • LAPAIRE, Claude. James Pradier catalogue raisonné. Milan, 2010, n° 368 et n°368.3. En 1848, au Salon, Pradier, alors considéré comme le «roi» de la sculpture française (le mot est de Baudelaire, dans son Salon de 1846) expose une Sappho debout (Île de Wight, Collection de S.M. la Reine à Osborne House). C'est la première fois qu'il interprète le sujet, sensuel et dramatique, de cette poétesse antique, désespérée d'amour, songeant au suicide. Théophile Gauthier commente alors avec enthousiasme : «La tête s'incline pensive et douloureuse, courbée sous l'amer chagrin d'un amour méconnu. (...) Jamais Pradier qui, à l'exemple des Anciens, n'aime pas à troubler la beauté des traits par l'expression de la joie ou de la douleur, n'a fait une physionomie aussi significative (...). La prédominance de la tête sur le reste du corps est un sentiment spiritualiste et chrétien ignoré de l'antiquité, et Pradier est un payen pur, adorateur de Zeus, d'Héré, de Poséidon et surtout d'Aphrodite. (...) Cette statue (...), si elle était convenablement oxydée et vertdegrisée par un séjour prolongé sous la terre ou dans la mer, qui lui donnerait la patine antique, pourrait passer pour une des œuvres du beau temps de l'art grec ou romain, et se paierait des prix incalculables». Peu après, le 1er avril 1852, au Salon, la Sappho assise, en marbre (Paris, Musée d'Orsay, RF2990), au visage très proche, fait l'admiration du public et offre à Pradier sa dernière gloire avant son trépas, le 4 juin suivant. L'émotion est grande et l'on recouvre l'œuvre d'un crêpe pour le restant de l'exposition, à l'issue de laquelle le sculpteur reçut une médaille d'honneur posthume. Aujourd'hui, la Sappho assise est la première œuvre qui accueille le visiteur dans la grande nef du Musée d'Orsay. Notre Sappho, inédite, est une belle addition à la petite liste des versions en buste dont l'artiste, qui n'oubliait aucun moyen de faire connaître son œuvre et de la commercialiser, avait certainement prévu l'édition. Dans sa vente d'atelier (19 juillet 1855) figure une «tête de Sappho, dernier ouvrage de M. Pradier» prisée 210 francs, qui figure, en 1860, dans le catalogue de l'éditeur Susse, dans la section des bustes : «Sapho de Pradier, 2e, 3e et 4e grandeur». Nous connaissons aussi un plâtre, de dimensions identiques au nôtre, qui était présenté à la galerie André Lemaire, en 1987, portant l'estampille «Salvatore Marchi fondeur et ed. de Mr Pradier», tandis qu'une version en bronze argenté et partiellement doré est mentionné dans une collection privée parisienne en 2005. Notre buste témoigne, avec cette belle patine noire et son piédouche en marbre de Portoro, noir veiné de jaune, du goût prononcé, en ce début de Second Empire, non seulement pour la sculpture littéraire, mais aussi pour le style néo-grec, dont une des illustrations majeures fut la «maison pompéienne» du Prince Napoléon (18, avenue Montaigne, commencée en 1856, achevée en 1860, détruite en 1891). Illustrations comparatives : Fig.1. James Pradier Etudes pour Sappho, 1848, mine de plomb sur papier, Paris, ENSBA, inv. EBA 1476. Fig.2. James Pradier Sappho debout, 1848, bronze argenté, collection privée, localisation actuelle inconnue. Fig.3. James Pradier Sappho assise, 1852, marbre, Paris, Musée d'Orsay, inv. RF2990. Fig.4. James Pradier Sappho assise, en buste, 1852, plâtre, localisation actuelle inconnue.
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