Beschreibung:

STENDHAL (1783-1842, Henri Beyle, dit). Lettre autographe signée à sa sœur Pauline, datée le 26 mars 1808. 3 pp. ½ (247 x 200 mm), à l'encre brune, sur un double feuillet. La moitié inférieure de la dernière page présente l’adresse “ A Monsieur Beyle, pour Mademoiselle sa fille aînée. Rue de Bonne, Grenoble, Isère ”. On y trouve également un cachet de cire rouge aux armes de Stendhal. Longue lettre de Stendhal à sa sœur où, plein de passion romantique, il se confie sur ses histoires sentimentales. Nostalgique de ses années en Italie, Stendhal évoque d’abord sa cousine Adèle dont il avait longtemps été amoureux : “ voilà mes rêveries, ma chère amie ; j’en ai presque honte ; mais, enfin, tu es la seule personne à qui j’ose les dire. Je m’aperçois d’une chose assez triste ; en perdant une passion, on y perd peu à peu le souvenir des plaisirs qu’elle a donnés. Je t’ai conté qu’étant à Frascati, à un joli feu d’artifice, au moment de l’explosion, Adèle s’appuya un instant sur mon épaule ; je ne puis t’exprimer combien je fus heureux. Pendant deux ans, quand j’étais accablé de chagrin, cette image me redonnait du courage et me faisait oublier tous les malheurs. Je l’avais oubliée depuis longtemps ; j’ai voulu y repenser aujourd’hui. Je vois malgré moi Adèle telle qu’elle est ; mais, tel que je suis, il n’y a plus le moindre bonheur dans ce souvenir ”. Il évoque ensuite sa passion brûlante pour Angelina Pietragrua, qu’il avait rencontrée en 1800 et qui incarnait depuis son idéal absolu de sensualité : “ Madame Pietra Grua [sic] c’est différent : son souvenir est lié à celui de la langue italienne ; dès que, dans un rôle de femme, quelque chose me plait dans un ouvrage, je le mets involontairement dans sa bouche ”. Il ajoute: “ Je l’entends, tout mon sentiment aujourd’hui a commencé par là ; je lisais un auteur que je ne connaissais et n’estimais guère : les œuvres du comte Carlo Gozzi ; c’était la punizione vel precipizio… A ce qui vient après la description de la grotte, je me suis senti pleurer comme un enfant… Depuis lors, j’ai vérifié une comptabilité de 9,007,661 fr. 07, disséminée dans cent quarante pages d’un registre in-folio, j’ai fait un procès-verbal de huit pages : rien n’a pas effacé cette douce impression… Notre froide et bonne compagnie appelle ça une farce ; mais quel ouvrage que celui qui, en deux mots, sans y être aucunement préparé, émeut à ce point ? ”. Lettre notamment publiée dans Stendhal. Correspondance – nouvelle édition augmentée, 2015, pp. 431-432 – D. Fernandez. Dictionnaire amoureux de Stendhal , 2013, « Angela ». A long letter, evoking love affairs of the past and present.