Beschreibung:

BAUDELAIRE (Charles). Lettre autographe signée à sa mère Caroline Dufaÿs, madame Aupick. [Paris], 11 juin 1858. 2 pp. in-8. BELLE LETTRE EVOQUANT LES PARADIS ARTIFICIELS, alors intitulés Opium, qui paraîtraient en 1860 chez Auguste Poulet-Malassis. « MON DIEU ! TU N’AS PAS COMPRIS MA LETTRE : je t’ai priée de dire «que je n’étais pas encore domicilié à Honfleur. Je t’ai priée de donner mon adresse, 19, quai Voltaire) ce qui est bien la preuve que je veux être seul responsable de ce que j’ai fait. Je t’ai prié de t’informer si je devais et A QUI je devais envoyer cet argent à Honfleur, ou si on me le réclamait à Paris ! Rien de plus. Si j’osais seulement compter sur ton adresse, je te prierais, après que tu sauras le nom de la personne à qui cet argent doit être transmis, de lui faire dire que dans un délai de 20 jours je serai à Honfleur, et que CETTE SOMME SERA PAYEE PAR MOI (C’EST LE MANUSCRIT DE L’OPIUM QUI EST DESTINE A LA PAYER). Au lieu de comprendre une chose si simple, tu cherches pendant trois pages à me persuader que j’ai compté sur toi. J’ai commis une étourderie ; maintenant, j’y regarderai de plus près, mais tu veux absolument que je sois indiscret, bête, égoïste et ingrat. JE T’EN SUPPLIE, FAIS JUSTE CE QUE JE TE DEMANDE, ET RIEN DE PLUS. CE QUE TU ME DIS DE M. EMON [Louis Emon, qui avait été l’ami du beau-père de Baudelaire, le général Aupick, et qui fut membre du conseil de tutelle du poète] EST FORT ALARMANT, sans que tu t’en doutes. JE SERAI EVIDEMMENT OBLIGE, QUAND NOUS VIVRONS ENSEMBLE, D’ETRE TOUJOURS SUR MES GARDES POUR L’EMPECHER DE TOMBER DANS DES FAMILIARITES DANGEREUSES. Je suis bien désolé, chère mère, de t'avoir inquiétée. Je ne crois pas t'avoir compromise. En tout cas, sache bien que je n'ai jamais eu l'idée de te faire payer une de mes dettes. La complaisance que je te demande est extrêmement minime. II s'agit uniquement pour moi d'esquiver les frais d'une poursuite et de trouver le temps de finir un manuscrit et de résoudre la question de mon traité. Je t'embrasse et je te renouvelle mes excuses. Mais tu t'es trompée. Vite un mot... » Provenance : ancienne collection Armand Godoy.