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Auction archive: Lot number 75

CHAZAL (Malcolm...

Estimate
€800 - €1,000
ca. US$850 - US$1,063
Price realised:
n. a.
Auction archive: Lot number 75

CHAZAL (Malcolm...

Estimate
€800 - €1,000
ca. US$850 - US$1,063
Price realised:
n. a.
Beschreibung:

CHAZAL (Malcolm de). Manuscrit autographe signé d'un article intitulé « Lettre à W. H. Auden ». Curepipe (île Maurice), 8 décembre 1964. 24 pp. in-folio sur papier réglé bleu. MEDITATION SUR LA POÉSIE SOUS FORME DE LETTRE OUVERTE AU POÈTE ANGLO-AMERICAIN WYSTAN HUGH AUDEN : « ... Le drame du poète a toujours été son incapacité de se déplacer dans l'autre, chose que fait naturellement l'enfant, qui "devient" fleur pour connaître la fleur, qui "devient" chrysalide pour connaître la chrysalide. Et celui qui ne sort pas de lui, même par l'acte gratuit, ne connaîtra rien. Tout le reste est prométhéisme et littérature [...]. Tous les poètes - je parle de ceux dignes de ce nom, et pour qui la poésie est moyen de connaissance, - ont compris que pour arriver à la réalité essentielle il fallait se mettre au-delà des antinomies, abolir les contraires. Car on ne saurait retrouver Dieu dans un jeu d'oppositions. Ainsi le poète a toujours voulu se porter au-delà des antinomies du bien et du mal... Nous avons Baudelaire, Edgar Poe, Rimbaud, les surréalistes qui pèsent sur le plateau "mal" de la balance morale, afin de faire échec au Dieu. William Blake lui, dans sa démarche au-delà de la morale, a prôné le mariage du Ciel et de l'Enfer, ce qui était renforcer l'équivoque, car le bien et le mal, au sein de leurs oppositions magiques, se rejoignent dans l'équivoque. C'est Frédéric Nietzsche enfin qui, cherchant à se porter au-delà du bien et du mal, se porte au mythe du surhomme et à la volonté de puissance et exalte aussi la contrainte. Le drame de Nietzsche c'est que, après avoir dit que "Dieu est mort" c'est de n'avoir pu désigner le lieu où Dieu est enterré. Car Dieu a pour tombe toutes les églises de la terre. Le poète, comme l'enfant, voit Dieu au-delà des églises : l'univers est son temple. Le drame de Nietzsche c'est qu'il n'était pas assez poète. S'il était comme un petit enfant, il aurait connu Dieu au-delà du bien et du mal, car le Dieu de l'enfant n'est pas le Dieu moral, mais le Dieu de l'innocence... Le drame d'Arthur Rimbaud a été les mots. Rimbaud n'a pu se porter au-delà des mots. Et lorsque les mots l'ont enfermé, Rimbaud aurait dû prendre le pinceau... Le poète est le seul aujourd'hui qui cherche à délivrer l'humanité. Tous l'enferrent dans son malheur. Mais attention, il y a le faux poète comme le faux prophète, le poète ensorceleur et le poète libérateur. L'un tient du serpent et l'autre tient de l'enfant. Cette distinction faite, je clos cette lettre en vous disant, mon cher Auden, la joie que j'ai eue d'être si bien compris par vous. Les poètes se reconnaissent. Ils sont d'une même race. Les destinées ne les séparent pas. Car l'Esprit n'a pas de bornes. "Le vent souffle où il veut" [citation de l'Évangile de Jean] ... » Wystan Hugh Auden (1907-1973) préfacerait élogieusement en 1971 la traduction américaine de Sens-Plastique, ouvrage de Malcolm de Chazal originellement paru en 1948. Apostille autographe en marge de la première page, destinée à une traductrice : « Ma chère Marie-Paul, je ne me relis pas. J'espère que ce écrit te plaira et que tu pourras le traduire facilement. Cet article est réussi s'il... »

Auction archive: Lot number 75
Auction:
Datum:
14 Dec 2022
Auction house:
Beaussant Lefèvre
32 rue Drouot
75009 Paris
France
contact@beaussant-lefevre.com
+33 (0)1 47704000
+33 (0)1 47706240
Beschreibung:

CHAZAL (Malcolm de). Manuscrit autographe signé d'un article intitulé « Lettre à W. H. Auden ». Curepipe (île Maurice), 8 décembre 1964. 24 pp. in-folio sur papier réglé bleu. MEDITATION SUR LA POÉSIE SOUS FORME DE LETTRE OUVERTE AU POÈTE ANGLO-AMERICAIN WYSTAN HUGH AUDEN : « ... Le drame du poète a toujours été son incapacité de se déplacer dans l'autre, chose que fait naturellement l'enfant, qui "devient" fleur pour connaître la fleur, qui "devient" chrysalide pour connaître la chrysalide. Et celui qui ne sort pas de lui, même par l'acte gratuit, ne connaîtra rien. Tout le reste est prométhéisme et littérature [...]. Tous les poètes - je parle de ceux dignes de ce nom, et pour qui la poésie est moyen de connaissance, - ont compris que pour arriver à la réalité essentielle il fallait se mettre au-delà des antinomies, abolir les contraires. Car on ne saurait retrouver Dieu dans un jeu d'oppositions. Ainsi le poète a toujours voulu se porter au-delà des antinomies du bien et du mal... Nous avons Baudelaire, Edgar Poe, Rimbaud, les surréalistes qui pèsent sur le plateau "mal" de la balance morale, afin de faire échec au Dieu. William Blake lui, dans sa démarche au-delà de la morale, a prôné le mariage du Ciel et de l'Enfer, ce qui était renforcer l'équivoque, car le bien et le mal, au sein de leurs oppositions magiques, se rejoignent dans l'équivoque. C'est Frédéric Nietzsche enfin qui, cherchant à se porter au-delà du bien et du mal, se porte au mythe du surhomme et à la volonté de puissance et exalte aussi la contrainte. Le drame de Nietzsche c'est que, après avoir dit que "Dieu est mort" c'est de n'avoir pu désigner le lieu où Dieu est enterré. Car Dieu a pour tombe toutes les églises de la terre. Le poète, comme l'enfant, voit Dieu au-delà des églises : l'univers est son temple. Le drame de Nietzsche c'est qu'il n'était pas assez poète. S'il était comme un petit enfant, il aurait connu Dieu au-delà du bien et du mal, car le Dieu de l'enfant n'est pas le Dieu moral, mais le Dieu de l'innocence... Le drame d'Arthur Rimbaud a été les mots. Rimbaud n'a pu se porter au-delà des mots. Et lorsque les mots l'ont enfermé, Rimbaud aurait dû prendre le pinceau... Le poète est le seul aujourd'hui qui cherche à délivrer l'humanité. Tous l'enferrent dans son malheur. Mais attention, il y a le faux poète comme le faux prophète, le poète ensorceleur et le poète libérateur. L'un tient du serpent et l'autre tient de l'enfant. Cette distinction faite, je clos cette lettre en vous disant, mon cher Auden, la joie que j'ai eue d'être si bien compris par vous. Les poètes se reconnaissent. Ils sont d'une même race. Les destinées ne les séparent pas. Car l'Esprit n'a pas de bornes. "Le vent souffle où il veut" [citation de l'Évangile de Jean] ... » Wystan Hugh Auden (1907-1973) préfacerait élogieusement en 1971 la traduction américaine de Sens-Plastique, ouvrage de Malcolm de Chazal originellement paru en 1948. Apostille autographe en marge de la première page, destinée à une traductrice : « Ma chère Marie-Paul, je ne me relis pas. J'espère que ce écrit te plaira et que tu pourras le traduire facilement. Cet article est réussi s'il... »

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Datum:
14 Dec 2022
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32 rue Drouot
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