Beschreibung:

Orléans, Henri d', duc d'Aumale LETTRE SUR L'HISTOIRE DE FRANCE. MANUSCRIT AUTOGRAPHE SIGNÉ. [TWICKENHAM, ORLEANS HOUSE], 1861. 13 pages sur 8 feuillets petit in-folio (341 x 222 mm), broché. En haut à gauche l'adresse de l'imprimeur Dumineray. Traces de pliures en quatre, avec minimes déchirures dont une usure centrale, sans manques. Salissures au verso du dernier feuillet, blanc. Manuscrit autographe de la splendide défense orléaniste du duc d'Aumale contre la dynastie des Bonaparte. Un magnifique plaidoyer en faveur de l'oeuvre accomplie par les rois de France, doublé d'une très élégante critique contre le Second Empire. La "lettre" fut censurée 24 heures après sa mise en vente. 20 000 exemplaires en avaient déjà été vendus en une seule journée... Le 1er mars 1861, le prince Napoléon (fils de Jérôme Bonaparte et cousin de Napoléon III), sénateur, et ministre éphémère de l'Algérie et des colonies (un échec cuisant), lance au Sénat une très violente diatribe contre la politique coloniale de Louis-Philippe. Il s'exprime en réalité surtout sur la lignée royale française, l'accusant d’avoir trahi "leur drapeau, leur cause et leur prince pour se faire une fallacieuse popularité personnelle". Le discours fait sensation ; il est affiché dans toutes les mairies de France. Le texte du prince Napoléon est transmis au duc d'Aumale, exilé depuis treize ans en Angleterre, dont la place au sein de la famille d'Orléans n'a cessé de grandir en autorité. Il est pressé par ses amis de répondre à l'injure. En quelques jours, le duc rédige une étonnante défense de la royauté française ("Si votre famille avait pendant dix siècles occupé le premier trône du monde [...] si elle comptait autant de grands rois, autant de capitaines, autant de guerriers morts sur le champ de bataille [...] alors, peut-être auriez-vous le droit de vous montrer si sévère"), et une plaidoierie percutante pour la politique humaniste et libérale de son père, Louis-Philippe ("Il parlait moins que vous des principes de 1789, mais il les pratiquait d'avantage"). Le texte est étayé de nombreux exemples mettant en lumière l'élégance et la clémence des rois face à l'autoritarisme de Napoléon III. Une large place est consacrée aux politiques modernes respectives de leurs clans : l'unité italienne, la naissance de la Belgique... "Vous n'aimez pas louis xiv, dites-vous, à cause du mal qu'il a fait à la France : quel sentiment avez-vous donc pour votre oncle ?" Le duc d'Aumale trace un passionnant parallèle entre Louis XIV et Napoléon, leurs ancêtres héroïques respectifs, offre quelques récits et anecdotes encore inconnus sur Louis-Philippe, et décrit un Napoléon inhabituel, sans jamais s'abaisser à en nier l'oeuvre, au travers d'une vision royaliste modérée de l'Empire. La conclusion du duc d'Aumale est terrible : "Je m'arrête [...] vous qui traitez avec l'arrogance de la bonne fortune, et avec l'injustice inhérente aux succès immérités, ces races antiques qui ont régné longtemps sur une nation généreuse [...] sachez bien que si vous ne sortez pas des mauvaises voies où vous êtes si profondément engagé, ce n'est pas aux Bourbons, ni aux d'Orléans [...] c'est à vous et aux vôtres qu'on pourrait alors renvoyer les paroles de votre oncle au Directoire : Qu'avez-vous fait de la France ?" Ce manuscrit, entièrement de la main de l'auteur, fut certainement destiné à franchir secrètement la Manche. Il n'atteignit pas l'imprimeur, et fut conservé en mains privées jusqu'aujourd'hui. "L’impression de ce document fut réalisée dans l’urgence et le secret, sans qu’il fut possible d’utiliser la poste, contrôlée par le "cabinet noir" de l’Empereur, dont les espions étaient présents dans l’entourage des Orléans jusqu’en Angleterre. Seuls quelques proches, dans la confidence, se déplaçaient personnellement à Twickenham pour mettre au point ce projet ou pour porter les épreuves à corriger au prince." (Catalogue du Musée Condé, Chantilly) Les brouillon autographe et épreuves corrigées de la Lettre su