Beschreibung:

Guillaume APOLLINAIRE]. Madeleine PAGES. Lettre autographe signée de Madeleine Pages à Guillaume Apollinaire datée 22 octobre 1915. Cinq pages et demi sur 3 feuillets in-4 (260 x 217 mm). Magnifique lettre, pleine de passion et d'érotisme, dans laquelle Madeleine Pages décrit son corps et son désir pour Apollinaire, alors sur le front : " Je te dirai d'abord mon corps droit et élancé un corps électrique que la plus légère de tes carresses affole je veux te le décrire minutieusement pour que tu saches où poser ta bouche et comment me terrasser. Le corps de ton amour est blanc blancheur colorée seulement au visage à la bouche aux pointes des seins au nombril et dans la grenade ouverte du parvis J'enroule mes bras frais autour de toi J'ai trois grains bruns sur l'avant bras on les appelle communément grains de beauté mais je veux que ce soient les traces voluptueuses de tes incisives dans ma chair. Mon amour je te donne le parfum subtil de mes aiselles que tu gouttes avec tous les sens aiguisés par notre amour. Les seins de ton amour sont petits et ronds la pointe en est légèrement relevée J'aime mes seins qui palpitent et se tendent pour toi. Autour de la pointe de mon sein droit deux poils bruns s'enroulent bizarrement - pourquoi sont-ils là ? je ne sais - c'est un des mystères de mon corps Mon ventre la partie de moi la plus secrète je ne puis t'en parler sans un émoi délicieux Le parvis de ton amour c'est le coquillage que tu devines Les cuisses de ton amour tu en as deviné le dessin sous les vêtements et tu les écarteras passionnément comme il est dit dans l'Hérésiarque Prends moi mon amour prends moi bien toute - récompense moi d'avoir combattu ma pudeur dis moi mon amour dis moi que tu sens mon corps contre le tien - que jamais je n'ai été aussi proche et que cette nuit est notre nuit de noces Sais tu combien je m'abandonne ce soir et combien je suis à toi. Tu peux fourrager ma chair si tu veux si cela doit augmenter ton plaisir - Laisse-moi pleurer de volupté mon amour Je veux te bouleverser comme je le suis et jouir de ta volupté inouie dont je suis maitresse même de loin Amour laisse moi de tout près te dire que je t'aime, je m'enroule à toi, mon ventre touche le tien et le brûle, tu me pénètres dans la joie la plus grande et nos bouches liées passionnément par les langues et les yeux liés par les regards affolés ne se quittent Je suis lasse mon amour trop de volupté m'a secoué ce soir en t'écrivant Mon amour je baise ta bouche profondement et je te dis dans ta bouche que je t'aime et que je suis à toi. Ta Madeleine. ; [est joint :] Guillaume APOLLINAIRE Tendre comme le souvenir. Paris : Gallimard, 1952. In-12 (182 x 120 mm). Reliure demi-maroquin saumon à coins, dos à 5 nerfs titré or, tête dorée, couverture et dos conservés (Semet et Plumelle). EDITION ORIGINALE de ce recueil de lettres d'Apollinaire à Madeleine Pages. Tirage à 1560 exemplaires, celui-ci un des 60 sur papier vergé de Hollande. (2)