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Auction archive: Lot number 206

Marcel PROUST (1871-1922). L.A.S. « Marcel »,…

Estimate
€8,000 - €10,000
ca. US$8,578 - US$10,722
Price realised:
n. a.
Auction archive: Lot number 206

Marcel PROUST (1871-1922). L.A.S. « Marcel »,…

Estimate
€8,000 - €10,000
ca. US$8,578 - US$10,722
Price realised:
n. a.
Beschreibung:

Marcel PROUST (1871-1922). L.A.S. « Marcel », Jeudi soir [1er août 1907], à Reynaldo Hahn ; 8 pages in-8 (petit deuil). Très belle lettre à Reynaldo Hahn, qui est comme un poème en prose symboliste autour de la créature de songe qui a inspiré son esquisse Cydalise, Marie de Reszké. [La jolie étude ou esquisse de Cydalise avait paru en avril 1892 dans Le Banquet, avant d’être recueillie en 1896 Les Plaisirs et les Jours, première des « Cires perdues » ; Proust y avait voulu faire le portrait de la comtesse de Mailly-Nesle, née Marie de Goulaine (1856-1935), qui s’était remariée en 1896 avec le ténor Jean de Reszké.] Il regrette un peu que Reynaldo ait montré Cydalise « à Cydalise. Elle ne pourra se reconnaître dans ce miroir où ne s’est reflété qu’un aspect […] peut’être irréel et en tout cas si fragmentaire, si passager, si relatif à moi, – d’elle-même, que je suis peut’être le seul à pouvoir en le confrontant à un souvenir y trouver quelque vérité. Non, Madame de Reszké pour moi, c’est Viviane, la féerique apparition, au seuil de la Forêt de Brocéliande ou du Lac d’Amour, dont le visage adorable et les yeux de songe enchantent les légendes de Burne-Jones. Figures qui paraissent trop conventionnelles dans l’art pour être “crues” par qui les regarde dans Burne-Jones ou dans Gustave Moreau mais que la nature réalise une fois pour montrer qu’une beauté si “artistique” peut être vraie. Ainsi Madame Rezské, sans doute autrefois Sarah Bernhardt Dans une certaine mesure Me Greffulhe. Mais seule Madame de Reszké est la créature du songe, qui dépasse infiniment la beauté que nous nous sommes faite avec la Bretagne, mais qui doit être la vraie beauté de Cornouailles, celle que ses poètes seuls ont vue, celle de Viviane encore une fois, celle d’Iseult, d’Iseult qui errait mélancolique et dédaigneuse d’une destinée princière, jusqu’au jour où elle entendit la voix. de Tristan. Je suis sûr que c’est cela la vraie beauté de Bretagne et j’irai jusqu’à Pontaven, jusqu’au Helgoat voir si les lacs n’y ont pas la couleur des yeux de Made de Rezké. Naturellement toutes les personnes qui la connaissent et les faux gens d’esprit diront que ce n’est pas elle du tout, qu’elle est gaie, parisienne, mondaine, qu’elle s’ennuierait dans la lande et la Brocéliande et n’a rien d’une fleur d’ajonc. C’est possible. Mais cela n’enlève rien à la vérité de mon point de vue, que d’ailleurs Madame de Rezké trouverait peut’être très faux. Que ses yeux, son visage, aient un mystère qu’elle ne connaisse pas elle-même, cela n’empêche pas que ce mystère est ce qu’un poète doit s’efforcer de saisir et d’exprimer – et nullement de faire double emploi avec M. de Turenne ou M. Bourdeau pour l’idée qu’ils peuvent se faire d’elle, qu’elle peut’être se fait d’elle-même. Cette idée-là fût-elle vraie m’est indifférente ». Et Proust cite deux vers de Baudelaire sur les yeux, et ajoute : « Peut’être les yeux seuls reflètent ces secrets mais du moins ils le révèlent bien à qui sait y lire. Du reste tout ce que vous me dites de son chant, d’elle-même, de ce qu’hier vous appeliez “son génie” ne conspire-t-il pas avec ma rêverie ? Et puisque nous n’avons pas de fausse modestie à faire entre nous, ne pourrons-nous pas être certains qu’une idée partagée par nous deux a beaucoup de chances de contenir plus de vérité que toutes les idées réunies des personnes citées plus haut, quand on y ajouterait tous ceux que vous pouvez imaginer. Cydalise a été écrit en revenant de chez la Pcesse Mathilde où Me de Reszké (alors de M[aill]y Nesle) était ce soir-là en rouge et parlait à Porto-Riche »... Il évoque malicieusement en post-scriptum le mariage, le matin même, de Maria Ruspoli, « jeune fille de 19 ans », avec « Votre nom Monsieur, mais pas de pensée » [le duc Agénor de Gramont, âgé de 55 ans, dont c’était le troisième mariage]... Correspondance, t. VII, p. 239-240.

Auction archive: Lot number 206
Auction:
Datum:
26 Apr 2017
Auction house:
La Maison de Vente Ader
3, rue Favart
75002 Paris
France
contact@ader-paris.fr
+33 (0)1 53407710
+33 (0)1 53407720
Beschreibung:

Marcel PROUST (1871-1922). L.A.S. « Marcel », Jeudi soir [1er août 1907], à Reynaldo Hahn ; 8 pages in-8 (petit deuil). Très belle lettre à Reynaldo Hahn, qui est comme un poème en prose symboliste autour de la créature de songe qui a inspiré son esquisse Cydalise, Marie de Reszké. [La jolie étude ou esquisse de Cydalise avait paru en avril 1892 dans Le Banquet, avant d’être recueillie en 1896 Les Plaisirs et les Jours, première des « Cires perdues » ; Proust y avait voulu faire le portrait de la comtesse de Mailly-Nesle, née Marie de Goulaine (1856-1935), qui s’était remariée en 1896 avec le ténor Jean de Reszké.] Il regrette un peu que Reynaldo ait montré Cydalise « à Cydalise. Elle ne pourra se reconnaître dans ce miroir où ne s’est reflété qu’un aspect […] peut’être irréel et en tout cas si fragmentaire, si passager, si relatif à moi, – d’elle-même, que je suis peut’être le seul à pouvoir en le confrontant à un souvenir y trouver quelque vérité. Non, Madame de Reszké pour moi, c’est Viviane, la féerique apparition, au seuil de la Forêt de Brocéliande ou du Lac d’Amour, dont le visage adorable et les yeux de songe enchantent les légendes de Burne-Jones. Figures qui paraissent trop conventionnelles dans l’art pour être “crues” par qui les regarde dans Burne-Jones ou dans Gustave Moreau mais que la nature réalise une fois pour montrer qu’une beauté si “artistique” peut être vraie. Ainsi Madame Rezské, sans doute autrefois Sarah Bernhardt Dans une certaine mesure Me Greffulhe. Mais seule Madame de Reszké est la créature du songe, qui dépasse infiniment la beauté que nous nous sommes faite avec la Bretagne, mais qui doit être la vraie beauté de Cornouailles, celle que ses poètes seuls ont vue, celle de Viviane encore une fois, celle d’Iseult, d’Iseult qui errait mélancolique et dédaigneuse d’une destinée princière, jusqu’au jour où elle entendit la voix. de Tristan. Je suis sûr que c’est cela la vraie beauté de Bretagne et j’irai jusqu’à Pontaven, jusqu’au Helgoat voir si les lacs n’y ont pas la couleur des yeux de Made de Rezké. Naturellement toutes les personnes qui la connaissent et les faux gens d’esprit diront que ce n’est pas elle du tout, qu’elle est gaie, parisienne, mondaine, qu’elle s’ennuierait dans la lande et la Brocéliande et n’a rien d’une fleur d’ajonc. C’est possible. Mais cela n’enlève rien à la vérité de mon point de vue, que d’ailleurs Madame de Rezké trouverait peut’être très faux. Que ses yeux, son visage, aient un mystère qu’elle ne connaisse pas elle-même, cela n’empêche pas que ce mystère est ce qu’un poète doit s’efforcer de saisir et d’exprimer – et nullement de faire double emploi avec M. de Turenne ou M. Bourdeau pour l’idée qu’ils peuvent se faire d’elle, qu’elle peut’être se fait d’elle-même. Cette idée-là fût-elle vraie m’est indifférente ». Et Proust cite deux vers de Baudelaire sur les yeux, et ajoute : « Peut’être les yeux seuls reflètent ces secrets mais du moins ils le révèlent bien à qui sait y lire. Du reste tout ce que vous me dites de son chant, d’elle-même, de ce qu’hier vous appeliez “son génie” ne conspire-t-il pas avec ma rêverie ? Et puisque nous n’avons pas de fausse modestie à faire entre nous, ne pourrons-nous pas être certains qu’une idée partagée par nous deux a beaucoup de chances de contenir plus de vérité que toutes les idées réunies des personnes citées plus haut, quand on y ajouterait tous ceux que vous pouvez imaginer. Cydalise a été écrit en revenant de chez la Pcesse Mathilde où Me de Reszké (alors de M[aill]y Nesle) était ce soir-là en rouge et parlait à Porto-Riche »... Il évoque malicieusement en post-scriptum le mariage, le matin même, de Maria Ruspoli, « jeune fille de 19 ans », avec « Votre nom Monsieur, mais pas de pensée » [le duc Agénor de Gramont, âgé de 55 ans, dont c’était le troisième mariage]... Correspondance, t. VII, p. 239-240.

Auction archive: Lot number 206
Auction:
Datum:
26 Apr 2017
Auction house:
La Maison de Vente Ader
3, rue Favart
75002 Paris
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