Beschreibung:

MÉRIMÉE, Prosper La Supplication Dessin original, signé et daté en bas à droite, " 1846. P. Mérimée ". Aquarelle avec traits préparatoires à la mine de plomb, 20 x 13, 7 cm, encadrement sous verre. Superbe aquarelle dans le style troubadour représentant une scène médiévale. Sous un ciel nocturne, dans une cour, un groupe violemment éclairé par une torche ou lanterne : accompagné de deux sbires, un seigneur tire par le bras une femme agenouillée vers la porte ouverte d'un bâtiment. Bel exemple de relecture du Moyen Âge à travers les prismes du roman noir et du drame historique hugolien. Mérimée, émule de Walter Scott et amateur de barbarie et de monstruosités, réussit à installer ici une atmosphère à la fois sadique et châtoyante, " où se réunissent les compétences d'un connaisseur d'architecture, d'un amateur d'histoire médiévale et d'un narrateur de passions pittoresques " (Serge Linares). Prosper Mérimée historien des cruautés de l'histoire fasciné par l'Espagne. Inspecteur général des monuments historiques à partir de 1834, il consacra plusieurs études à des épisodes sanglants de l'histoire européenne : la jacquerie au XIVe siècle (1828), les violences des guerres de Religion sous Charles IX (1829), les révoltes des Cosaques en Russie au XVIIe siècle (1861 et 1865), etc. Il effectua par ailleurs un voyage en Espagne en 1830 et publia dans Le Constitutionnel du 17 février 1846 un article sur l'Histoire de la poésie provençale de Claude-Charles-Fauriel (Paris, Jules Labitte, 1846), dont plusieurs passages concernent les guerres contre les Maures en Espagne. L'illustration probable d'un épisode du règne sanglant de Pierre Ier de Castille. Surtout, il travailla à partir de 1843 à la rédaction d'une Histoire de don Pèdre Ier, publiée chez Charpentier en 1848. Ce Pierre Ier de Castille, qui vécut au XIVe siècle et fut mêlé de près aux événements de la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre, gagna le surnom de " Pierre le Cruel " au cours d'un règne marqué par les querelles dynastiques, la violence, les emprisonnements et les exécutions arbitraires... La présente aquarelle pourrait ainsi représenter une des femmes menées en prison au cours de ce règne, la comtesse de Trastamare, Juana de Lara, Isabel de Lara, la reine Blanche de Bourbon, ou encore Léonor de Guzman, maîtresse du roi Alphonse XI de Castille et mère du futur roi Henri II de Castille (qui détrôna Pierre Ier avec l'aide de Du Guesclin...) : " Albuquerque, méprisant la jeunesse de don Henri et de don Fadrique, affectait de ne voir en eux que des étourdis qu'une réprimande suffisait à châtier ; il réserva ses rigueurs contre leur mère, doña Léonor. Au mépris du sauf-conduit qu'elle avait obtenu, elle fut renfermée dans l'Alcazar de Séville et traité en prisonnière d'État " (p. 59). " Par l'ordre d'Albuquerque, elle fut conduite au château de Talavera, appartenant à la reine-mère [...]. Léonor n'y languit pas longtemps. Peu de jours après son arrivée, un clerc de la reine remit au gouverneur un ordre de mort. L'exécution eut lieu avec mystère, et il est certain que don Pèdre y fut complètement étranger. Sans doute la reine avait exigé d'Albuquerque le sacrifice de sa rivale " (p. 67). Exposition - DESSINS D'ECRIVAINS FRANÇAIS DU XIXe SIECLE ". Paris, Maison de Balzac, 25 novembre 1983-26 février 1984. N° 107 du catalogue, avec reproduction en couleurs planche VII. - L'UN POUR L'AUTRE, LES ECRIVAINS DESSINENT. Caen, IMEC, Lisbonne, Musée Berardo, Ixelles, Musée communal, janvier 2008-janvier 2009. Reproduction en couleurs dans la notice n° 6 du catalogue. Bibliographie - FAUCHEREAU (Serge). Peintures et dessins d'écrivains. Paris, Éditions Belfond, 1991. Reproduction en couleurs p. 51. - LINARES (Serge). Écrivains artistes. Paris, Citadelles et Mazenod, 2011. Reproduction n° 40 p. 60.